Algérie

L'opposition sénégalaise ne décolère pas


Hier, elle a appelé à  manifester jusqu'à la fin de la campagne électorale vendredi, a annoncé hier un de ses porte-parole. «Nous appelons à  manifester les 22, 23 et 24 février sur la place de l'Indépendance (à Dakar) pour respecter un droit constitutionnel et pour que le président Wade ne soit pas candidat», a déclaré au cours d'un point de presse, Thierno Boucoum, un responsable des jeunes du Mouvement du 23 juin, une coalition regroupant l'opposition et la société civile. «Nous viendrons massivement pour une manifestation pacifique. Nous savons que le pouvoir a prévu d'infiltrer les manifestants», a averti M. Bocoum. «Aucune élection ne se tiendra avec la participation de Abdoulaye Wade», a indiqué un autre représentant du M23, Dialo Diop, sans préciser ce que le mouvement prévoit de faire.   Malgré la mobilisation de la rue sénégalaise, Abdoulaye Wade, 85 ans, refuse de renoncer à  son projet de se faire réélire après 12 ans passés au pouvoir. Pour étouffer ses opposants, il a fait interdire les manifestations sur la place de l'Indépendance, près du palais présidentiel. Selon des sources concordantes, six personnes sont déjà mortes à  Dakar et en province dans des violences liées à  la contestation, depuis fin janvier, de la candidature de M. Wade. Amnesty International Sénégal (AIS) et la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH) ont évoqué «neuf morts et des dizaine de blessés» pendant cette période. Quelque 5,3 millions d'électeurs sont appelés à  voter dimanche au premier tour de la présidentielle la plus tourmentée de l'histoire du Sénégal. Opposant historique pendant un quart de siècle, qui a été élu une première fois en 2000, puis réélu en 2007, Abdoulaye Wade avait pourtant annoncé cette année-là qu'il ne se représenterait pas, car la Constitution ne le lui permettait pas. Mais dès 2009, il annonçait qu'il serait bel et bien à  nouveau candidat en 2012.   La colère noire des fidèles de la confrérie des Tidianes Cette nouvelle candidature est jugée «illégale» par l'opposition pour laquelle il a épuisé ses deux mandats légaux, ce que contestent ses partisans en soulignant que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter. Elle empoisonne la vie politique depuis des mois et a pris une tournure dramatique depuis sa validation le 27 janvier par le Conseil constitutionnel.   En dépit de la répression, le Mouvement du 23 juin (M23), coalition de partis d'opposition et d'organisations de la société civile, a continué à  appeler à  descendre dans les rues pour exiger le retrait de la candidature de M. Wade. Le M23 est né au lendemain d'émeutes à  Dakar, le 23 juin 2011, pour dénoncer un projet de loi visant à  faire élire le président et un vice-président dès le premier tour avec un minimum de 25% des voix, projet retiré sous la pression de la rue et de pays étrangers. Aujourd'hui, même des fidèles de l'influente confrérie musulmane des Tidianes (Tidjania) ont exprimé leur colère après la «profanation» le 18 février d'une de leurs mosquées à  Dakar par un policier qui y a lancé des grenades lacrymogènes. Un geste jugé «révoltant» et «inadmissible» dans un pays à  95% musulman.   A signaler que la plupart des 13 candidats qui affronteront Abdoulaye Wade dimanche sont des leaders du Mouvement du 23 juin, les quatre principaux étant trois de ses ex-Premiers ministres, Moustapha Niasse, Idrissa Seck et Macky Sall, ainsi qu'Ousmane Tanor Dieng, chef du Parti socialiste (PS), formation qui a dirigé le pays de 1960 à  2000.
Les deux jours ayant suivi la validation de la candidature du chef de l'Etat sénégalais, ils ont tenu des meetings communs pour dénoncer une «forfaiture» et un «coup d'Etat constitutionnel». Le célèbre chanteur Youssou N'dour, farouche opposant de Wade et dont la candidature a été rejetée par le Conseil constitutionnel, a également été très visible lors des mouvements de colère de ces derniers jours.
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