Algérie

L'opposition se déclare inintéressée



L'offre renouvelée du chef de l'Etat n'a pas convaincu grand monde parmi les partis de l'opposition.Le nouvel appel au "dialogue inclusif", lancé par le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, pour la résolution de la crise politique, est loin de susciter une large adhésion, notamment parmi les partis politiques de l'opposition. Le rejet est total et unanime. Des représentants des partis de l'alternative démocratique, rencontrés hier dans les rues d'Alger à l'occasion du 20e vendredi de contestation populaire, ont réitéré leur principale revendication, à savoir l'engagement d'une véritable transition démocratique. Ils ont tous rejeté l'offre du dialogue d'Abdelkader Bensalah. Ils demeurent aussi attachés à leurs préalables, à savoir la libération des détenus et l'arrêt total de la répression des manifestants.
"Personne ne peut être contre le dialogue pour faire aboutir pacifiquement les revendications du soulèvement populaire. En revanche, le dialogue doit être précédé par des mesures de détente comme la libération des détenus d'opinion, la fin de l'abus de la mise en détention provisoire, l'arrêt de la répression, l'ouverture des médias publics... Sur le fond, les revendications du soulèvement populaire ont trait au départ des figures du système et au pilotage d'une transition par des organes indépendants qui préparent un autre environnement institutionnel", a estimé Ouamar Saoudi, député et membre de la direction du RCD, ajoutant que "le dialogue que prônent Bensalah et Gaïd Salah se réduit à une sous-traitance de l'organisation technique d'une présidentielle sous la surveillance du pouvoir de fait pour une nouvelle alternance dans le système dans la mesure où le nouveau président se retrouvera avec la même Constitution qu'il pourra réformer comme il veut ou la laisser en l'état. En vérité, cette option est destinée à valider la victoire d'un clan pour parachever les règlements de comptes opérés par l'instrumentalisation en cours de l'appareil judiciaire. Elle porte en elle les germes des conflits futurs". Pour le FFS, "cette nouvelle déclaration au dialogue s'inspire de la feuille de route préétablie par l'état-major de l'armée". "Si l'on veut résoudre la crise politique, l'on doit impérativement remettre au peuple le droit de contrôler tout le processus du changement", expliquera Ali Laskri, coordinateur de l'instance présidentielle du FFS.
Le Parti des travailleurs, par la voix de Ramdane Taâzibt, réitère le refus du parti d'engager un quelconque processus de dialogue dans un environnement général "semé d'entraves". "Notre position se résume en un mot : le rejet général de cette nouvelle proposition de Bensalah. Cette nouvelle offre ignore et nie l'existence même d'une révolution populaire dans la rue. Les tenants du pouvoir actuel ne cherchent rien d'autre qu'à organiser dans les meilleurs délais une élection présidentielle, et ce, pour persévérer, et permettre au même régime de se régénérer. Pour nous, il est hors de question d'entamer un quelconque processus sans la libération au préalable des détenus politiques." Cependant, le représentant du PST, Mahmoud Rachedi, estime que la nouvelle sortie du chef de l'Etat par intérim "est un non-événement". "La déclaration de Bensalah ne constitue nullement une offre de dialogue, puisqu'on a décelé dans la déclaration elle-même des contradictions. D'une part, il affirme que l'Etat et l'état-major de l'armée se retirent du processus. Alors, avec qui allons-nous dialoguer ' D'autre part, ce même chef de l'Etat par intérim impose l'agenda de cette conférence inclusive, la présidentielle. Alors qu'il s'agit bien de négociations et non pas de dialogue." Pour sa part, Mustapha Hadibi du PLD a rappelé que le dernier discours de Bensalah "est un non-événement". "Parler aujourd'hui de dialogue ne veut rien dire, puisque le peuple, qui manifeste depuis le 22 février, ne demande rien d'autre qu'une transition démocratique."

Hanafi H.


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