La promesse de la tenue d'une conférence nationale après l'élection présidentielle suscite plus de scepticisme que d'enthousiasme au sein des partis de l'opposition. Etrange proposition pour les uns, inutile pour les autres. Sans surprise, les partis ayant depuis longtemps fait allégeance au Président-candidat applaudissent sans attendre d'en connaître les contours.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Après des mois d'un insoutenable statu quo, l'annonce de la candidature du Président en exercice, si elle n'a pas beaucoup surpris, elle a été porteuse de projections dans un avenir proche. Le Président-candidat propose une conférence nationale post-élections.
L'opposition accueille cette annonce avec grand scepticisme et autant d'interrogations. Les partis dont la proximité avec le régime n'est plus à démontrer applaudissent, se suffisant de l'effet d'annonce sans attendre d'en savoir davantage.
L'opposition semble pour une fois d'accord. Aussi bien dans le fond que dans la forme, la conférence nationale ne suscite aucun élan d'enthousiasme. Dans le camp des islamistes, rejet total. La formation de Abderrezak Makri ne fait pas dans le détail et rejette en bloc l'idée.
Le MSP rappelle en effet que «sur la forme, la proposition faite par le mouvement par écrit, après des consultations élargies à la présidence et à des parties influentes de l'opposition, ne prévoyait pas une annonce unilatérale, mais un accord adopté par toutes les institutions de l'Etat, avec l'opposition comme partenaire dans la concrétisation des étapes de réalisation du consensus et des réformes à travers un gouvernement d'union», ajoutant que «de telles réformes ont été annoncées, de façon unilatérale, en 2011, avant que ces réformes soient vidées de leur substance». Idem du côté de Adala.
Le parti de Abdallah Djaballah, qui ne présente pas de candidat à la prochaine élection, estime que cette proposition n'est faite que pour «justifier un cinquième mandat», soulignant que le Président-candidat avait disposé d'une vingtaine d'années pour initier des réformes mais qu'il n'avait rien fait. Au FFS, qui a appelé au boycott du rendez vous électoral, même scepticisme : les réformes promise sen 2011 n'ont jamais vu le jour.
Le vieux parti n'abandonne pas sa proposition d'aller vers une assemblée nationale constituante, unique solution pour un changement que le FFS veut radical. Louisa Hanoune, dont le parti n'a toujours pas pris de position vis-à-vis de la présidentielle, n'a pas hésité à dire que la proposition était «étrange».
Jil Jadid n'hésite pas à qualifier cette conférence de «carnaval», ajoutant que les changements constitutionnels promis ne seront, une fois de plus, qu'un ajustement à la taille du Président-candidat.
La secrétaire générale du PT assure qu'en principe, un candidat se présente avec un programme qui touche au développement et aux aspects socio-économiques, et non pas une proposition qui a été émise, en janvier dernier, par un parti du pouvoir». Pas plus tard que vendredi, Hanoune s'interrogeait sur la composante de cette conférence et ses prérogatives.
Les partis de l'allégeance, quant à eux, ne se posent même pas de question. Ils applaudissent la proposition sans attendre. Le parti de Amar Ghoul va jusqu'à installer une commission nationale de «formulation des idées et des propositions» qui seront soulevées lors de la conférence promise.
C'est au ministre de la Justice qu'a été dévolue la mission de préciser les contours de cette initiative. Tous les sujets seront abordés, assure Louh, à l'exception des constantes nationales en vue d'arriver à «un consensus patriotique et politique» autour de thématiques aussi nombreuses que celles économiques, sociales et politiques et l'indépendance de la justice. «Tous les axes sont clairs dans la lettre», dit-il, sauf qu'en matière de clarté, l'opposition et le régime n'en ont pas du tout la même perception.
N. I.
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Posté Le : 17/02/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nawal Imès
Source : www.lesoirdalgerie.com