Algérie

L'opposition ne lâche pas Wade



L'opposition ne lâche pas Wade
Bien que le calme soit revenu dans les artères de Dakar, l'opposition et la société civile sénégalaises faisaient front contre le chef de l'Etat, Abdoulaye Wade, en attendant la décision du Conseil constitutionnel sur les recours contre la validation de sa candidature.
Le M23, qui regroupe les partis d'opposition et la société civile, n'a certes rien prévu en termes de manifestations, mais tend l'oreille aux arrêts du Conseil constitutionnel sur les recours en annulation de la candidature Wade déposés par sept de ses adversaires. La candidature de Wade, 85 ans dont 12 au pouvoir, est en effet jugée «non conforme à  la Constitution du fait qu'il a été élu en 2000 et réélu en 2007, consommant ainsi ses deux mandats légaux». Les partisans du vieux Wade récusent cet argument, arguant des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 qui lui permettraient de se représenter. Signe que le président sortant reste sourd aux cris de la rue sénégalaise, il a lui aussi saisi le Conseil pour obtenir l'invalidation de la candidature de trois de ses opposants, d'anciens proches.
Il s'agit de deux de ses ex-Premier ministres, Macky Sall et Idrissa Seck, et de son ancien ministre des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, auxquels il est demandé de produire un document prouvant qu'ils sont en règle avec l'administration fiscale ! Pis, il a décidé de maintenir en détention le coordinateur du M23 Alioune Tine, reconnu et respecté pour la défense des droits de l'homme en Afrique, arrêté samedi comme des dizaines d'autres militants du mouvement.
Le chanteur Youssou N'dour, qui récuse lui aussi l'invalidation de sa candidature par le Conseil au motif qu'il n'a pas présenté un nombre suffisant de signatures valides pour le soutenir, ne lâche pas prise. C'est dans ce climat tendu que le Conseil constitutionnel devra prendre des décisions cruciales qui risquent de précipiter le pays dans le chaos.
L'avertissement de Ban Ki-moon
Une source proche du Conseil a indiqué à  l'AFP qu'il ne fallait pas s'attendre à  une décision «avant lundi ou mardi». Les cinq «sages» du Conseil – tous nommés par Wade – sont sous la pression de l'Union européenne (UE) et de la France qui leur demandent de statuer «de manière claire et impartiale sur les réclamations». C'est pourquoi les membres du Conseil «doivent motiver très précisément chacune de leurs décisions sur les recours, ce qui demande un travail d'enquête», indique la source proche du Conseil, ajoutant : «Vu la situation, il faut que chacun sache pourquoi telle ou telle candidature est validée ou invalidée.» Cette source a précisé que le travail d'enquête doit notamment porter sur «des candidats qui pourraient avoir une double nationalité, la loi stipulant que chaque candidat doit àªtre exclusivement de nationalité sénégalaise». Des ambassades doivent donc àªtre contactées, a-t-elle ajouté. «La décision du Conseil ira toujours dans le sens voulu par le pouvoir», a affirmé Abdoul Aziz Diop, et l'annonce de la confirmation de la candidature de M. Wade ou de l'invalidation de celle d'un opposant, initialement retenue, risquent de déclencher de nouvelles réactions de violence. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a lancé une pique contre Wade sans le nommer, hier, devant le sommet de l'Union africaine (UA) à  Addis Abeba : «Les révolutions arabes avaient été à  la fois une source d'inspiration, mais aussi un rappel que les dirigeants doivent écouter leur peuple.» En clair, Abdoulaye Wade est invité à  écouter son peuple au risque d'écorner l'image d'un Sénégal «modèle de démocratie en Afrique». Cette petite phrase du secrétaire général de l'ONU rejoint un peu celle d'un haut responsable américain qui a mis en garde Wade contre une fin à  la El Gueddafi. Eh oui, un homme averti en vaut deux… 


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