Algérie

"L'opposition fait ce qu'elle peut"


img src="http://www.lexpressiondz.com/img/article_medium/photos/P180221-06.jpg" alt=""L'opposition fait ce qu'elle peut"" /Venu de loin à l'action politique, le président du FNA a pu, grâce à son style oratoire et à sa franchise atypique, se faire rapidement une place au sein du paysage politique national. En 2007, alors qu'il était très difficile pour les partis d'avoir des échos auprès de la société, le FNA a pu gagner des communes au fin fond du pays. Il est arrivé premier dans beaucoup de communes des wilayas de l'Algérie profonde à l'occasion des élections locales. Le parti s'est imposé comme troisième force politique du pays, devant les islamistes. Nous ayant reçus, avant-hier, au niveau du siège de son parti à Alger, l'homme très posé, dégage une impression de quelqu'un qui ne croit pas à l'éternité de la réussite ou du bonheur. «Je ne crois pas à l'éternité, je vis au jour le jour. Etre ou ne pas être chef du parti ça m'est égal. Je suis venu de très loin tout seul et je n'ai pas peur de m'égarer.» Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il revient sur la situation au FNA et l'actualité du moment.
L'Expression: Vous avez dénoncé il y a quelques mois une démobilisation dans les rangs du FNA. Les choses ont-elles changé depuis'
Moussa Touati: Effectivement, nous avons eu à gérer une situation inédite au sein du FNA. Des militants qui ont choisi de leur propre gré de rejoindre le FNA pour militer politiquement en son sein, ont décidé de ne plus le faire. Un changement de conception pour le militantisme s'est opéré dans leurs têtes. Au lieu de travailler à longueur d'année pour l'intérêt du parti, ils ont opté pour l'opportunisme. Pis encore, ils ont renoncé même au payement des cotisations qui sont très symboliques. Constatant cette défaillance de leur part, j'ai décidé en tant que président du parti de dénoncer cela publiquement, afin de les rappeler à l'ordre. J'ai agi ainsi afin de rappeler à tout le monde qu'au FNA, nous refusons des opportunistes. Pour répondre à votre question, je dirai que les choses se sont améliorées depuis. En effet, de nombreux militants ont corrigé leur démarche.
Le congrès du FNA est prévu pour cette année. Pouvez-vous nous parler de ses préparatifs et du maintien ou pas de votre projet de décision de démission'
Pour ce qui est des préparatifs, les choses vont à merveille. En effet, nous avons d'ores et déjà arrêté les dates de la tenue des congrès régionaux. Ces derniers vont avoir lieu comme suit:
le 3 mars prochain pour les wilayas du Sud, le 10 mars pour ceux de l'Est, les 17 et 26 mars pour respectivement des régions de l'Ouest et du Centre. Pour la date de la tenue du congrès national, je peux vous affirmer dès maintenant qu'elle aura lieu de façon sûre au cours du mois d'avril prochain. Concernant ma décision de démissionner du parti, je tiens à vous informer que j'y tiens toujours. Je vais réitérer en effet une nouvelle fois ma condition devant le congrès, à savoir le respect scrupuleux des statuts du parti par l'ensemble des militants et la réconciliation de ces derniers avec le sens authentique du militantisme. En cas de refus, je claquerai la porte.
En cas de démission, vous allez rentrer chez vous ou créer un nouveau parti politique'
Rentrer chez-moi, je ne sais pas ce que ça signifie. J'ai toujours milité dans ma vie et je ne peux pas m'imaginer autrement. Ça va de soi donc que je vais créer un nouveau parti ou une association pour continuer le militantisme. Au sujet de la démission de la présidence du parti, j'aimerais vous dire que contrairement à certains chefs de partis politiques qui tiennent par tous les moyens à rester à leurs postes, la démission de la chefferie d'un parti est un fait tout à fait ordinaire pour moi.
Abordons, si vous permettez, les sujets d'actualité. Plusieurs syndicats autonomes, particulièrement ceux de l'éducation et de la santé, se font entendre pour revendiquer des droits d'ordre socioprofessionnel. Quelle est la lecture du FNA et que proposez- vous pour y remédier'
Les grèves et les actions de rue que sont en train d'observer ces syndicats et d'autres sont pour moi une expression d'un malaise général et un refus de l'injustice sociale. Les mouvements de protestation des syndicats n'ont pas été déclenchées uniquement pour revendiquer une amélioration du pouvoir d'achat ou des conditions de travail, ils l'ont été aussi pour refuser et dénoncer la dévalorisation des études en Algérie et la place de l'élite par les pouvoirs publics. Le FNA soutient franchement ces syndicats dans leurs plate-formes de revendications et propose à ce que la répartition des richesses du pays se fasse de façon plus équitable.
Justement, le gouvernement avance l'argument de recul des capacités financières du Trésor public qui ne peut supporter de nouvelles dépenses. Ne voyez-vous pas que c'est irrationnel de la part des syndicats de réclamer de telles revendications par ces-temps- là'
D' abord, je tiens à démentir le fait que l'Algérie n'a plus de ressources financières. Les recettes du Trésor public ont certes diminué, ces dernières années, mais elles n'ont pas disparu. Le Trésor public a encore de quoi répondre favorablement à toutes ces revendications. Et puis, même s'il y a recul des richesses du pays, le gouvernement reste responsable de cette situation. Car, c'est le résultat de ses choix économiques, basés sur le prix du baril. Il doit s'assumer.
Vous dénoncez, à chaque fois, les choix économiques adoptés par le gouvernement. Quelles sont les solutions du FNA pour booster ce secteur'
Les solutions ne sont pas magiques. Elles sont connues et valables pour toutes les économies dans le monde. L'investissement dans les secteurs de l'agriculture, de l'industrie, du tourisme et des services sont le gage du succès de toute économie forte. Les exemples sont légion. Or, en Algérie, les quatre secteurs sont encore à l'état primitif. La moindre pièce, le moindre intrant sont introuvables en Algérie et il faut encore recourir à l'importation pour se les permettre.
Par ailleurs, l'autre solution du FNA pour développer l'économie nationale, est l'investissement dans le savoir et la formation professionnelle. La négligence du savoir et de la formation a fait que les jeunes aujourd'hui refusent de s'inscrire dans les centres de formation. Les jeunes sont innocents dans tout cela. Car ils sont convaincus que la formation et les études ne sont pas les voies idéales qui mènent à la réussite en Algérie. Le FNA dispose aussi d'une autre arme pour relancer l'économie et encourager la production nationale. Il s'agit de l'interdiction des importations. L'Algérien ne va pas mourir s'il ne mange pas de la banane.
Le FNA, qui fait partie de l'opposition, peine à l'instar des autres partis, pour vendre ses idées auprès des citoyens. Les résultats des élections le confirment à chaque fois. Ne voyez-vous pas que les partis de l'opposition sont devenus non-crédibles aux yeux de la société'
Bien au contraire, les partis de l'opposition en Algérie ne cessent de gagner du terrain et de l'estime de la société. Le score lors des échéances électorales n'est pas un baromètre fiable pour mesurer la représentativité ou l'ancrage politique des partis en Algérie. La raison est connue de tous. Les élections ne se sont jamais déroulées de façon transparente en Algérie. On a toujours fait en sorte à ce que les partis proches du pouvoir raflent la mise. Je tiens à féliciter les militants du FNA et toute l'opposition en Algérie qui, malgré la répression et la restriction du champ d'activité, ont toujours pu et tenir bon. L'opposition en Algérie n'est pas, comme vous le sous-entendez, passive. Elle a, en plus du fait qu'elle s'est battue pour continuer à exister, pris part aux débats et donné son avis concernant toutes les questions.
Le problème de leadership et l'égocentrisme rongent encore les partis de l'opposition et donnent d'elle une mauvaise image. Ne partagez-vous pas cet avis'
Pas du tout. L'opposition a pu se réunir autour d'une même table à plusieurs reprises et discuter de toutes les questions dans un esprit de fraternité et de convivialité. Mieux encore, l'opposition s'est mise d'accord même sur une feuille de route pour trouver des solutions à la crise sur tous les plans en Algérie. Maintenant, pourquoi elle n'a pas pu faire durer cette entente, je pense que la raison se trouve dans le fait que cette dernière est lasse de faire face à l'administration qui use de toutes les entraves possibles pour empêcher son épanouissement. Les 22 militants qui ont déclenché la révolution algérienne en 1954 n'étaient pas tous du même avis et malgré cela ils ont pu réussir dans leur projet. Nous tirons à l'échelle de l'opposition les enseignements nécessaires de cet exemple.
En attendant, les partis proches du gouvernement marquent leur terrain et font entendre leurs voix'
Les deux partis auxquels vous faites allusion ne sont pas entendus par les masses. Ces dernières savent pertinemment que le changement ne viendra pas de leur côté, pour la simple raison qu'ils représentent l'administration. Pour confirmer mes propos, sachez que les masses ont toujours sanctionné ces deux partis par l'abstention lors des rendez-vous électoraux. Les deux partis en question ont perdu même la confiance des instances internationales, en l'occurrence (UA, UE, et les instances onusiennes). Ces dernières n'acceptent plus de signer les PV des résultats des élections lors des scrutins.
La généralisation de l'enseignement de la langue amazighe semble faire consensus sur la scène nationale. Qu'en pense le FNA et comment voit-il l'avenir de tamazight en Algérie'
Le FNA est l'un des premiers partis à s'être battu pour la reconnaissance de tamazight en tant que langue nationale et officielle. Tamazight est une composante à part entière de l'identité nationale au même titre que l'arabe et l'islam. Ceux qui appellent à boycotter son enseignement sont des ignorants. Au FNA, nous pensons intimement que la promotion de tamazight et la généralisation de son enseignement contribueront sans aucun doute au renforcement de l'unité nationale. Le peuple algérien, comme ceux des pays du Maghreb, voire de l'Afrique du Nord, est essentiellement amazigh. Ce ne sont pas les Arabes qui ont conduit les ouvertures islamiques qui les ont arabisés, mais c'est l'islam. Ainsi, qu'on le veuille ou pas, le peuple algérien tout comme les peuples des autres pays sont foncièrement amazighs.
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