L'Office de promotion et de gestion immobilière de Béjaïa n'a pas fini d'essuyer des accusations de malversations. Dossier à charge, c'est un directeur financier et comptable (DFC) mis à la porte, Medjber Hakim en l'occurrence, qui s'est remis à la justice pour se plaindre de « licenciement abusif », en ne s'empêchant pas d'enfoncer son employeur dans l'image d'une « boîte à copains ».
De lourdes accusations qui remettent la justice, qui vient de prononcer la relaxe dans un premier procès, sur le dossier OPGI. Cette nouvelle affaire enfle au point où le wali a dû donner instruction pour faire la lumière sur ces accusations d'irrégularités. Alors, de deux choses l'une ou on cherche noise à l'OPGI, ou des règles d'une bonne gestion, l'Office n'en a cure. Les faits. Tout a commencé lorsque, en novembre 2007, le compte bancaire de l'OPGI de Béjaïa a été alimenté par des versements de la part de personnes identifiées. Pour le payement de quoi ' Le département des finances et comptabilité n'en sait rien en l'absence des justificatifs qu'il avait vainement réclamés. Ce qui donne au DFC le « droit de douter purement et simplement de la régularité de telles opérations », comme il l'écrit dans sa requête, quelque temps avant d'être remercié, fin octobre dernier, par le directeur général par intérim. Un poste assuré par le chef du département gestion de patrimoine (DGP), un des responsables que M. Medjbar accuse sans ambages. Le DG par intérim a donné suite à un avis défavorable pour la nomination du DFC en qualité de cadre dirigeant. Un avis qu'avait signifié deux mois plus tôt la tutelle, la direction des ressources humaines et des moyens. Pour l'ex-DFC, cela a une odeur de représailles. Mais à l'OPGI, on s'en tient à une « simple fin de contrat » explique un cadre de l'Office qui garde l'anonymat par « obligation de réserve ». Cela étant, on n'en a pas fini avec les sommes « douteuses ».Vente de gré à gréLes deux premiers versements « injustifiés » se sont avérés par la suite être le produit de la vente de deux locaux à usage commercial en DEFP (droit au bail). Celui d'Ihedadden, cité des 200 Logements, a été cédé à un certain M. A., qui n'est autre que le responsable de la société de gardiennage, un sous-traitant de longue date de l'OPGI. Un 68 m2, à l'étage, pour 1 236 600 DA. Trois fois moins cher qu'un local de la même superficie vendu aux enchères, mais au rez-de-chaussée du même bloc. La vente a eu lieu de gré à gré, « sans passer par un deuxième avis de vente aux enchères », accuse l'ex-DFC. Des mots griffonnés en 2006 sur l'ordre de versement même par le DG d'alors, Riad Benraïs, l'illustrent : « Il faut respecter la procédure 2e avis. » La décision de vente, qui a précédé cet ordre de versement a fait, en effet, référence à un seul avis publié. A-t-on fini par se conformer à un deuxième avis par la suite ' « Non », répond, convaincu, M. Medjbar, en sa qualité d'ex-membre de la commission des offres. « Il y a eu même un troisième avis », rétorque notre source à l'OPGI qui a une tout autre version des faits. « Il y avait une désorganisation totale et on n'arrivait pas à retrouver les avis des ventes antérieures. On devait faire de l'ordre », nous explique ce cadre. « Sur le plan administratif, le local n'a jamais appartenu à A. M. parce que une semaine après la décision de vente, on l'a informé de son annulation », ajoute-t-il.Mais la décision d'annulation que brandit le DFC est signée en décembre 2007. « Il ne s'agit là que d'une décision établie pour les seuls besoins du remboursement du concerné », soutient le cadre qui a requis l'anonymat et selon lequel l'annulation a été faite bien avant cela. C'est parce que A. M., bien qu'informé de l'annulation de la vente 18 mois plus tôt, a fait quand même le versement. Pourquoi ' « Parce que je me suis aperçu que le local est resté invendu », nous répond-il. Pendant tout ce temps, ce bien, objet de péripéties, a été compté dans « l'état des locaux commerciaux restant à vendre de gré à gré et par adjudication » de février 2007. M. Menasria a fini en tout cas par être remboursé l'été dernier. La transaction a donc avorté et une deuxième prend forme, lorsque le compte bancaire de l'OPGI « récupère » la même somme.Le local vient d'avoir un nouvel acquéreur. C'est un ex-joueur du club local, le MOB, un virevoltant attaquant qui est passé depuis 2006 aux couleurs de la JSK. L'ex-DFC se plaindra encore de l'absence de l'ordre de versement qui aurait pu dire le pourquoi du virement bancaire du joueur. « Le DFC n'a pas à avoir les décisions de vente », estime notre source à l'OPGI qui défend le caractère « légal » de la transaction conclue avec le joueur et aussi de celle faite pour l'ex-local de Districh, dans la cité de Sidi Ahmed que cite l'ex-DFC dans ces accusations d'irrégularités. 687 000 DA pour un 116 m2 ! Pas plus cher que les ex-locaux aménagés de la Société nationale de comptabilité, toujours à Sidi Ahmed, cédé pour 776 000 DA. Une autre vente qui, pour M. Medjbar, a fait l'économie des adjudications. « Il n'y a trace d'aucun PV d'ouverture de plis », affirme-t-il. « Tout cela, c'est du blabla », rétorque le cadre soumis à l'obligation de réserve. Chaque point dans l'escarcelle du club, c'est de gros sous dans celle des joueurs. Des soupçons d'irrégularités pèsent aussi sur le dossier des logements sociaux participatifs (LSP). Des noms ont été supprimés de la liste des souscripteurs des LSP à Tala Ouariane et Sidi Ali Lebhar (dans la ville de Béjaïa) pour être remplacés, en octobre 2008, par d'autres et pas des moindres. On puisera, entre autres, dans le gotha footballistique. Sur les 32 nouveaux noms couchés sur la liste de Sidi Ali Lebhar, en remplacement des postulants exclus, six sont ceux de joueurs émargeant, ou ayant émargé, dans les deux clubs de foot JSMB et MOB. A première vue, cela fait un peu trop pour une seule entrée. Le joueur canari y est aussi, mais sera remplacé par une parente à lui, selon les documents de l'OPGI.Un quota pour des clubsCela dit, les joueurs ne sont-ils pas avant tout des citoyens éligibles à un logement social ' Encore faut-il qu'ils remplissent les conditions exigées au commun des citoyens. Dont, essentiellement, la résidence dans la wilaya, la justification d'un revenu mensuel inférieur à 72 000 DA et les fiches de paie des 12 derniers mois. Signant pour des contrats de quelques saisons, certains parmi ces joueurs, transfuges d'autres clubs, ne portent plus les maillots bougiotes. Libérés, comme le cas d'un ex-Usmiste, ils défendent aujourd'hui d'autres couleurs. Parmi leurs coéquipiers, il y en a qui partiront à la fin de leurs contrats. Ils ont résidé un temps à Béjaïa. Soit. Et les revenus mensuels ' La rémunération d'un joueur est tributaire de la prime de signature qui dépend, à son tour, de la « pointure » du joueur. Elle est aussi tributaire des primes de matchs qui dépendent, elles, de l'évolution du club dans la compétition. Le moins que l'on puisse dire est que la saison sportive 2007-2008 a été généreuse pour la JSMB. Détentrice de la coupe d'Algérie, finaliste de la coupe nord-africaine et une place au milieu du classement de la D1. Et chaque point dans l'escarcelle du club, ce sont de gros sous dans celle des joueurs. Le tarif 2008, variant selon l'importance des rencontres, est un secret de Polichinelle. C'est un minimum de 30 000 DA de prime le match gagné à domicile en championnat, autant pour les matchs nuls et 60 000 DA pour les victoires en déplacement. Les points de la compétition nord-africaine se payent aussi.Les victoires décrochées en coupe d'Algérie également. Elles ont coûté 10 000 DA de « bonus » individuel l'unité. Le tarif de la finale remportée est, quant à lui, copieux : entre 800 000 DA et 1400 000 DA et la note monte à mesure que le joueur est aligné dans l'équipe. Et justement, l'un des six joueurs bénéficiaires de LSP a été de tous les matchs de coupe. Petit calcul : pour une moyenne de vingt rencontres gagnées pendant la saison 2007/2008, toutes compétitions confondues, avec une moyenne que nous limiterons à 15 000 DA la prime, le pécule est à 30 millions de centimes l'année. Des miettes, puisque le gros du morceau c'est la prime de signature : entre 200 et 400 millions. Et en 2007, les joueurs ont eu droit à des salaires, sur fiche de paie, variant entre 20 000 DA et 40 000 DA. Au bas mot, un joueur pourrait toucher une vingtaine de millions (en centimes) le mois, le poids de la notoriété non compris. Très loin du compte fait pour le dispositif du LSP, aidé par la CNL. Y a-t-il eu un quota de logements pour le club, à l'instar des quotas réservés aux différentes administrations, comme le permet le dispositif LSP ' « Non. La JSMB n'est pas mêlée. Nous ignorons tout de cela », nous répond le chargé de la communication des Vert et Rouge. En tout cas, les joueurs ont présenté des fiches de paie signées par leur club et variant entre 25 000 et 30 000 DA. Rien que cela. C'est ce que nous révèle le cadre de l'OPGI très au courant du dossier. Certains parmi ces joueurs sont passés par la Caisse nationale du logement (CNL) pour l'aide étatique. « Si la CNL vient à rejeter des dossiers sur la base des fiches de paie actualisées ou autres, il est clair que les concernés seront exclus de la liste », précise notre interlocuteur qui soutient que toutes les listes ont été validées par la commission ad hoc présidée par le secrétaire général de la wilaya.Le droit consomméCela dit, reste à savoir à quoi serviront des logements acquis par des personnes qui n'ont fait que transiter par Béjaïa et qui ont consommé, théoriquement, leur droit à un seul logement social sur le territoire national ' Les infortunés souscripteurs de Béjaïa éliminés des listes du LSP de Tala Ouariane et Sidi Ali Lebhar devront attendre une deuxième chance pour pouvoir consommer leur (droit). Ils ont été exclus pour le motif de non-paiement de la deuxième tranche exigée. Des « clients insolvables » selon le vocable administratif. L'un d'entre eux, dont nous avons pu retrouver la trace, l'apprendra à ses dépens. Boualem, fonctionnaire, a fait un recours auprès de l'Office pour demander qu'on lui accorde encore du temps pour pouvoir réunir l'argent nécessaire. Sa réservation sera annulée. Il en sera informé par un huissier de justice, mais son nom et ceux des autres souscripteurs supprimés continueront à figurer parmi les postulants jusqu'à novembre 2008, date de l'établissement de la liste de leurs remplaçants. La procédure est têtue. A l'OPGI, on se limite à « la conformité des dossiers » dans lesquels le fameux justificatif de résidence, ou même une simple attestation d'hébergement, peut suffire (outre le seuil des revenus) pour ouvrir grandes les portes du LSP.Comme celles qui se sont ouvertes pour les remplaçants des exclus des logements LSP de Tala Ouariane (Sidi Ahmed). Pas des footballeurs cette fois-ci, mais d'autres noms dont une parente de l'ex-DG de l'Office (venu de Constantine avant d'être muté à Skikda) et dont le fils est aussi bénéficiaire d'un logement LSP à Sidi Ali Lebhar. Des faits qui exigent des explications. A l'OPGI, on nous en donne une concernant ce dernier cas : « Il travaille ici à Béjaïa. Qu'est-ce qui les empêcherait, lui et les autres de le faire ' Ce sont des citoyens avant tout », ajoute notre source. Les autres, ce sont par exemple les noms puisés dans l'entourage ou au sein même de l'Office et que nomme l'ex-DFC, accusateur, dont le responsable du filtre, celui qui fait passer les dossiers des demandes de logement au filtre national. « C'est un employé de l'OPGI comme tous ses collègues qui en ont bénéficié légalement », nous répond notre interlocuteur. En tout, l'OPGI de Béjaïa a eu droit à un quota de 60 logements, au moins, destinés pour ses employés.
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Posté Le : 21/02/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Kamel Medjdoub
Source : www.elwatan.com