Algérie

L'opéra, mais pas seulement



Pour répondre à  cet éclair vital de la nécessité de l'ouverture, depuis quelques années le Festival d'Aix en Provence veut décloisonner, faire éclater la création aux quatre vents du monde moderne. Sans se dévoyer. Le socle sur lequel tout repose reste stable : opéras et concerts se multiplient, entre le 5 et le 25 juillet. Là, rien ne change. Pour Bernard Foccroule, directeur du festival, «L'édition 2011 propose cinq opéras qui offrent une extrême variété de styles musicaux, de vocalités, de couleurs orchestrales, de situations dramatiques. Si La Clemenza di Tito est par excellence un opéra classique, nourri de la double tradition de l'opéra seria et des Lumières, La Traviata explore avec un réalisme inédit – qui explique le scandale de la première – la vie tragique d'une demi-mondaine aux franges de la bonne société. Le caractère élégiaque de la pastorale règne sur Acis and Galatea, à  mille lieues de l'ironie mordante dont font preuve Gogol et Chostakovitch dans Le Nez. Les personnages étranges et insaisissables de Joël Pommerat trouvent pour la première fois une expression chantée dans la partition d'Oscar Bianchi». D'autre part, plusieurs concerts d'œuvres symphoniques sont au programme en plusieurs lieux de cette ville d'histoire qui garde son âme musicienne. «Le London Symphony Orchestra ne donnera pas moins de seize représentations d'opéra et deux concerts symphoniques sous la direction de Sir Colin Davis et Valery Gergiev. Musique de chambre, récitals de grands solistes et dialogue entre musiques traditionnelles et contemporaines complètent une des plus riches programmations de concert jamais proposées par le Festival d'Aix», annonce-t-on. Il sera temps, lors de notre exploration de ce rendez-vous exceptionnel, de comprendre pourquoi l'engouement pour ce type d'expression musicale ne se dément pas. A quelques kilomètres de là, à  Orange, dans le Vaucluse, les Chorégies célèbrent cette année leur 40e édition, avec un succès phénoménal. Le théâtre antique de cette ville romaine peut contenir 8000 places. Le 9 juillet, pour la première avec Aïda de Verdi, les gradins seront pleins à  l'heure prévue, malgré le prix de l'entrée qui s'échelonne entre 50 et 250 euros pour l'opéra, entre 20 et 100 euros pour les concerts. A Aix-en-Provence, comme ailleurs, on sait que le coût est aussi un facteur de rupture de l'offre populaire. Pourtant, Bernard Foccroule souhaite que le festival poursuive sa politique d'accueil de spectateurs de toutes origines. Il continue d'explorer de nouveaux canaux médiatiques et les dernières technologies numériques pour partager ses productions avec des auditoires proches et lointains.
Cette appropriation d'autres publics prend des chemins de traverse. Ainsi, en amont du festival, le 25 juin dernier, des chants composés sur des poèmes d'Ibn Al Arabi et de Mahmoud Darwich, mis en musique par Moneim Adwan, étaient à  l'honneur, pour une représentation gratuite. Ibn Zaydoun, grand poète de Cordoue au XIe siècle, est le nom donné à  une chorale créée en 2008 au Festival d'Aix-en-Provence et dirigée par Moneim Adwan, compositeur. Destiné aux amateurs de tous âges et de tous horizons, le Chœur Ibn Zaydoun travaille le chant choral tout au long de l'année avec Moneim Adwan et d'autres artistes et intervenants en poésie arabe.
Pour ouvrir l'opéra à  la rue, pour la troisième année, Parade(s) a marqué l'ouverture de la saison, le 28 juin, sous la forme d'un grand concert gratuit et ouvert à  tous, sur le cours Mirabeau, autour des célèbres airs lyriques au programme.  Enfin, il faut signaler un débat ayant pour thème «Europe-Méditerranée, la parole des artistes et la place de la création» le 13 juillet. A partir du projet «Du slam à  l'Atlas», avec la participation des artistes Andy Emler et Khalid Moukdar, ainsi que Azedine Beschaouch, ministre de la Culture de la Tunisie, portera sur les conditions du dialogue interculturel et sur les enjeux de la création artistique en démocratie. Vraiment, l'art lyrique ouvre toutes les portes.


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