L'Opep revoit à la hausse la demande mondiale

Les perspectives d'une croissance mondiale plus optimistes que le laissaient présager les prévisions établies tout au long de l'année 2019 font que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) regarde, désormais, d'un bon ?il l'évolution du marché pour cette année qui commence.Requinqués par l'évolution positive des discussions sur l'accord de libre-échange engageant les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, et les bonnes intentions déclarées par Washington et Pékin, conclues par la signature d'un accord préliminaire venu adoucir le climat commercial entre les deux pays, les prix du pétrole ont repris la courbe ascendante ces trois derniers jours, le baril de Brent de la mer du Nord s'échangeant à 64,62 dollars, jeudi à la clôture, alors que le WTI s'était établi à 58,52 dollars à la fermeture du marché new-yorkais, quelques heures plus tard. Une tenue du marché dans la lignée de ce qu'elle a été depuis la première séance de cette année, qui s'annonce marquée par un tas d'incertitudes mais qui augure une stabilisation des prix, certes pas comme l'espèrent beaucoup de pays producteurs, mais dans des «eaux» qui inspirent moins de stress pour des Etats déjà sous fortes pressions en raison de l'accumulation de données économiques pas très réconfortantes.
La conjoncture tend, en tous les cas, vers le rétablissement de la confiance comme le suggère le tout dernier rapport mensuel de l'Opep, publié mercredi dernier. Se fondant sur des perspectives de croissance moins pessimistes qu'il y a quelques mois, le rapport en question fait état, pour 2020, d'une augmentation de la demande de pétrole. Le marché devra être alimenté quotidiennement de 140 000 barils supplémentaires, le portant ainsi à 1,22 million de barils/jour. Les données sur lesquelles se fondent les prévisions de l'Opep augurent une croissance relative de la demande de pétrole dans les économies développées, puisque celle-ci est située à 90 000 barils supplémentaires. Le gros de la demande, selon le cartel, proviendra des économies asiatiques en développement, en particulier de l'Inde et de la Chine. L'augmentation de la demande en pétrole de ces pays devrait atteindre 1,13 million de barils par jour. De l'analyse de l'Opep, il ressort que «le contexte de faibles taux d'intérêt devrait soutenir la croissance économique attendue à 3,1% en 2020. En outre, un soutien supplémentaire pourrait éventuellement provenir de pays disposant de larges possibilités budgétaires, et profiter ainsi de l'occasion pour emprunter à des taux très bas, parfois même négatifs, pour financer des projets d'infrastructures, ce qui devrait soutenir la demande de pétrole». Quant à l'offre hors Opep, portée par l'augmentation de la production de pays comme le Mexique, la Norvège et la Guyane, les estimations de la croissance de l'offre de pétrole atteindront 2,35 millions de barils/jour, portant ainsi à 66,68 millions de barils/jour.
Selon son rapport, l'Opep a vu sa production chuter de 161 000 barils/jour en décembre, comparée au mois de novembre, pour atteindre en moyenne 29,44 millions de barils/jour. L'Arabie Saoudite, l'Irak et les Emirats arabes unis, les trois principaux producteurs de l'Opep, ont été les pays qui ont le plus réduit leur production en décembre, les Saoudiens ayant réduit de 111 000 barils/jour supplémentaires durant ce mois, avant même l'entrée en vigueur de l'accord conclu début décembre entre l'Opep et ses alliés, pour réduire la production afin de soutenir les cours. C'est en somme une conjoncture qui conforte l'hypothèse selon laquelle le prix du pétrole, durant l'année 2020, demeurera au-dessus des 50 dollars. Une bonne nouvelle pour les pouvoirs publics algériens qui, devrait-on le rappeler, ont établi la loi de finances de cette année sur la base de ce prix du baril.
Azedine Maktour