Algérie

L'ONU pour un texte de résolution axé sur le règlement du conflit


Les tractations autour d'un projet de résolution sur le Sahara occidental occupé, se poursuivaient jeudi au Conseil de sécurité où des pays membres ont demandé un texte axé sur le règlement politique du conflit.Le texte présenté par les Etats-Unis, en tant que porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental, ne fait pas consensus au sein de cet organe onusien. La délégation américaine s'attèle à peaufiner une troisième mouture qui vraisemblablement sera la dernière, et dont les détails seront connus cet après-midi, confient des sources proches du dossier à l'APS. Le vote de la résolution est prévu pour vendredi. Le Conseil de sécurité pourrait être amené à prolonger le mandat de la mission de six mois au lieu d'une année, selon les mêmes sources. Toutefois, jusqu'ici cette proposition n'a pas été confirmée. La Russie, la Suède, les Pays-Bas, la Bolivie, le Kazakhstan, et la Chine ont estimé que le texte devait être focalisé sur le processus politique en vue d'apporter un soutien plus efficace à l'émissaire Horst Kohler dans sa mission de médiation.
Le texte marqué par l'empreinte de la France, qui s'est toujours opposé au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, a été en partie orienté sur El Guergarat, alors que le règlement de la crise dans cette zone tampon a été déjà pris en charge par une résolution précédente du Conseil de sécurité à laquelle le Maroc s'oppose. Rabat a refusé l'envoi d'une mission onusienne pour examiner sur le terrain la partie qui était à l'origine de la violation de l'accord de cessez-le-feu dans cette zone sous surveillance des Nations Unies, la jugeant «inopportune et inappropriée».
En outre, les Nations Unies ont apporté un démenti formel aux accusations du Maroc sur la prétendue présence du Front Polisario à El Guergarat, qui a été suivi peu de temps après d'un rappel important sur les limites géographiques de cette zone qui en aucun cas n'incluent les territoires libérés de Bir Lahlou et Tifariti. En amplifiant la crise à El Guergarat, le Maroc veut délibérément détourner l'attention du Conseil de sécurité du vrai problème qui est l'actuelle impasse dans laquelle se trouve le processus de paix.
D'ailleurs, la référence à cette impasse figurant dans le projet initial de la résolution a été contestée par la France et le Maroc qui demandent sa suppression du texte. Les Etats-Unis ont demandé mardi le report d'un vote sur un projet de résolution prorogeant le mandat de la Minurso au Sahara Occidental après des divergences importantes sur son contenu, alors que les tractations au sein du Conseil de sécurité sur une nouvelle mouture du texte se poursuivent. Mardi la mission américaine auprès de l'ONU a motivé sa demande de report par le besoin d'accorder aux Etats-Unis, en tant que porte-plume de la résolution, plus de temps afin d'examiner toutes les propositions qui ont émergé de la réunion du Conseil de sécurité lundi. La délégation américaine à l'ONU devrait rencontrer séparément quelques membres du Conseil de sécurité afin de s'assurer que les différentes positions exprimées sur ce projet ont été pleinement comprises.
Les discussions ont achoppé mardi sur une deuxième mouture du projet à laquelle les Etats-Unis ont demandé de surseoir faute de consensus. Points de discorde : El Guergarat et bien d'autres éléments contenus dans ce texte et qui sont en relation avec le processus onusien au Sahara Occidental, selon cette deuxième mouture consulté par l'APS.
La mission devrait présenter dès mercredi une troisième version de ce texte tenant compte des observations faites par les différentes parties. Les points soulignés par la mission américaine dans la deuxième mouture du projet, qui doivent encore faire l'objet de discussions concerne certains éléments de langage de la résolution.
Le projet préparé par les Etats-Unis mais marqué par l'empreinte de la France qui s'oppose à l'autodétermination du peuple sahraoui, qui rappelle l'entétement du Maroc à présenter «un plan d'autonomie», faisant fi de toutes les résolutions de la légalité internationale traitant du cas du Sahara occidental comme «territoire non autonome, donc éligible un processus d'autodétermination». Ainsi, la référence française représente un changement dans les éléments de langage du Conseil de sécurité et se trouve en contradiction avec ses différentes résolutions qui soulignent la nécessité de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable permettant d'aboutir à l'autodétermination du peuple sahraoui, précisent des sources proches du dossier à l'APS.
Ce nouveau libellé pourrait avoir des conséquences sur le mandat accordé à l'Envoyé personnel, Horst Kohler, ainsi que sur le cadre qui sous-tend le processus onusien au Sahara occidental, a-t-on ajouté de même source. L'autre élément qui fera l'objet de discussions, concerne les deux localités de Bir Lahlou et Tifariti que la France et le Maroc veulent intégrer à la zone tampon d'El Guergarat, malgré qu'elles soient situées dans les territoires sahraouis libérés. L'ONU a eu, d'ailleurs, à réaffirmer jeudi dernier que ces deux localités sahraouies ne font pas partie de la zone sous surveillance des Nations Unies, mais la France et le Maroc veulent empêcher le Front Polisario, via ce projet de résolution, de disposer de ses propres territoires.
La partie marocaine, aidée par la France, tente également de se dérober à ses responsabilités dans la crise actuelle à El Guergarat, en cherchant à empêcher le Conseil de sécurité de reconduire le paragraphe 3 de la résolution de l'année dernière qui invite le secrétaire général de l'ONU à examiner les moyens de résoudre cette crise.
Le Maroc s'est opposé à l'envoi d'une mission d'experts, proposée par le secrétaire général de l'ONU, Antonio Gueterres, la jugeant «inopportune et inappropriée». Le projet de résolution, présenté par les Etats-Unis, réaffirme, par ailleurs son plein soutien aux efforts de l'émissaire onusien Horst Kohler et appelle les deux partis au conflit de reprendre les «négociations directes sans préconditions et de bonne foi».
ONU : Bir Lahlou et Tifariti ne font pas partie de la zone tampon d'El Guergarat
L'ONU a réaffirmé jeudi à New York que les territoires sahraouis libérés, Bir Lahlou et Tifariti, ne faisaient pas partie de la zone tampon d'El Guergarat tel que faussement prétendu par le Maroc. «Nous pouvons dire que ni la localité de Bir Lahlou ni celle de Tifariti ne se trouvent dans la bande tampon», a déclaré le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stephane Dujarric, lors de son point de presse quotidien.
L'ONU a apporté un démenti cinglant aux prétentions du Maroc qui voulait faire croire que ces deux localités, administrées par le gouvernement sahraoui, font partie de cette zone, sous surveillance des Nations Unies. Le Maroc mène depuis plusieurs jours une campagne de désinformation sur la réalité existant sur le terrain, en semant la confusion sur les données géographiques de cette zone. Il s'agit du deuxième démenti apporté par l'ONU aux élucubrations de Rabat en l'espace de quelques jours. Début avril les Nations Unies ont démenti la présence d'éléments armés sahraouis dans cette zone démilitarisée.
Au cours de ce point presse, le porte-parole du SG de l'ONU a également affirmé que la Minurso et son chef, Colin Stewart, «demeuraient en contact étroit» avec le coordinateur sahraoui, en l'occurrence M. M'hamed Khedad, en indiquant qu'ils se « sont réunis de manière informelle en dehors de la zone de la Mission».
Ces allégations non fondées du Maroc sont conçues délibérément pour détourner l'attention du Conseil de sécurité du vrai problème qui est l'actuelle impasse dans laquelle se trouve le processus de paix, alors que l'émissaire onusien, Horst Kohler, s'active pour lancer un cinquième round des négociations.
Mettant le Maroc devant ses responsabilités concernant l'escalade des tensions à El Guargarat, l'ONU a enjoint ce pays d'accepter l'envoi d'une mission technique pour déterminer avec exactitude la partie qui était à l'origine de la violation des termes de cessez-le-feu dans cette zone sensible.
Mais Rabat a opposé un non catégorique à cette mission d'experts qu'elle a jugé, «inopportune et inappropriée» selon les observations du SG de l'ONU, contenues dans son nouveau rapport sur le Sahara occidental. La mission est prévue par le paragraphe 3 de la résolution 2351 (2017) du Conseil de sécurité, prorogeant le mandat de la Minurso.
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