Algérie

L'ONU, pour dialoguer avec des groupes terroristes au Sahel



Depuis un an, la question du dialogue avec des groupes terroristes au Mali et dans les autres pays du Sahel revient avec insistance, l'option militaire ayant montré ses limites face à l'aggravation de la situation sécuritaire dans cette région.Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, penche pour l'ouverture du dialogue avec certains groupes terroristes agissant dans la région du Sahel, excluant toutefois la nouvelle nébuleuse de l'autoproclamé Etat islamique (Daech), dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde.
"Il y aura des groupes avec lesquels on pourra parler et qui auront intérêt à s'engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques dans le futur", a-t-il déclaré. "Mais il reste ceux dont le radicalisme terroriste est tel qu'il n'y aura rien à faire avec eux", a-t-il ajouté, citant l'exemple du dialogue engagé entre les talibans et le gouvernement en Afghanistan, sous médiation internationale. "En Afghanistan, il y a un groupe terroriste avec lequel le dialogue est impossible, c'est l'Etat islamique.
Sa vision est tellement radicale qu'elle ne comporte aucune perspective de discussion possible", a-t-il souligné, appelant encore une fois à la solidarité internationale dans la lutte contre le terrorisme dans cette vaste région du Sahel, où l'autoproclamé Etat islamique dans le Grand Sahara (EISG) se dispute le terrain à Al-Qaïda au Maghreb islamique, notamment au Mali. "La réponse internationale doit être plus forte", a martelé le secrétaire général. "Il faut bien plus de solidarité de la communauté internationale" mais aussi "changer le cadre dans lequel les forces africaines opèrent", a-t-il insisté, faisant référence à la force internationale conjointe du G5 Sahel, qui "manque de moyens et de capacités pour répondre au défi gigantesque de sécurité".
Pour rappel, les Etats-Unis ont opposé leur veto au Conseil de sécurité de l'ONU à un mandat onusien du G5 Sahel qui sous-entend un financement onusien de cette force régionale. La présence au Mali de la force de maintien de la paix de l'ONU (Minusma), de l'opération française Barkhane et d'une nouvelle force de l'Union européenne n'a pas réussi à venir à bout des violences terroristes qui endeuillent depuis 2012 le Mali et dont la menace s'est étendue aujourd'hui aux autres pays de la région.
La création par les cinq pays de la région de la force du G5 Sahel était censée apporter plus d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Mais la réponse militaire a montré ses limites, comme le montre la situation sur le terrain. La sortie du SG de l'ONU intervient quelques jours seulement après la tribune publiée dans le journal suisse Le Temps par le haut-commissaire à la paix et la sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, qui prône lui aussi un changement de stratégie dans la lutte contre le terrorisme.
"Le moment est venu de revisiter et d'adapter les stratégies de stabilisation de la région du Sahel pour les unifier. De s'attaquer au miel qui attire les abeilles. Une approche multidimensionnelle est requise. Elle combine réponses militaire et sécuritaire, actions de développement, primat de la justice et inclusion des communautés locales, des femmes et des jeunes dans la définition et la mise en ?uvre des politiques", a estimé le diplomate algérien.
Quelques mois avant sa démission forcée le 18 août, l'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta a engagé des tractations indirectes avec des chefs terroristes maliens, à leur tête l'ancien chef rebelle targui Iyad Ag Ghali et son lieutenant le prédicateur peul Amadou Kouffa. Mais ces discussions se sont soldées par un échec, ces deux derniers ayant continué à ordonner des attaques contre l'armée malienne et les forces étrangères.

Lyès Menacer


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