Algérie

L'ONU met le Maroc et le Polisario face à face



Le Conseil de sécurité a appelé lundi le Maroc et le Front Polisario à négocier sans conditions l'avenir du Sahara Occidental sous l'égide de l'ONU, en vue de parvenir à l'autodétermination du peuple sahraoui. La résolution 1754, adoptée à l'unanimité par les 15 membres du Conseil, «appelle les parties à engager des négociations sans conditions préalables et de bonne foi, en prenant en compte les évènements des derniers mois, afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Le Conseil suit ainsi les recommandations du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et lui demande «d'organiser ces négociations sous ses auspices». Le Conseil proroge de six mois le mandat de la Mission de l'ONU pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso). En adoptant cette résolution, le Conseil ne prend pas position pour l'un ou l'autre des plans concurrents présentés par le Maroc et le Polisario sur l'avenir du territoire, se contentant d'en prendre note. Toutefois, il «se félicite des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour faire avancer le processus vers une solution». La résolution a été aussitôt saluée par les deux parties, ainsi que par l'Algérie, avec toutefois des lectures différentes. Le Conseil «consacre de manière solennelle le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui comme étant le socle sur lequel doit se fonder la solution» du conflit, a affirmé M'hamed Khadad, négociateur du Polisario, dans un communiqué. Le Maroc, ajoute le texte, «a échoué une fois de plus dans la tentative de légitimer son fait colonial au Sahara Occidental». De son côté, le Maroc a accueilli «très favorablement» la résolution du Conseil, selon le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères, Tayeb Fassi Fihri, cité par l'AFP. Il s'agit, a-t-il dit, d'une «résolution de fond et de substance par laquelle le Maroc voit ses efforts récompensés et salués et voit aussi son initiative sur l'autonomie nettement mise en exergue par le Conseil de sécurité». L'Algérie a accueilli avec «satisfaction» la résolution qui «réaffirme que la solution à la question du Sahara Occidental réside dans la satisfaction du droit à l'autodétermination», a dit le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «L'Algérie se félicite du sens élevé des responsabilités démontré, une fois de plus, par l'organe principal des Nations Unies chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et salue la constance remarquable ainsi manifestée par l'Organisation des Nations Unies au regard des exigences de la décolonisation. Par ailleurs, l'Algérie réaffirme son appui au rapport du secrétaire général des Nations Unies, et plus particulièrement à son paragraphe 47 qui reprend la recommandation avisée tendant à la tenue, sous l'égide des Nations Unies, de négociations directes entre les deux parties au conflit, le Royaume du Maroc et le Front Polisario, afin de parvenir à la solution politique qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Dimanche, le Front Polisario s'était déclaré prêt à des «négociations directes» avec le Maroc, sous l'égide de l'ONU, sur l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental. «Nous sommes prêts à des négociations directes avec le royaume du Maroc sous l'égide du secrétaire général de l'ONU pour permettre au peuple sahraoui d'exercer pleinement son droit à l'autodétermination», a déclaré Mohamed Yeslem Beïssat, représentant à Alger du Front Polisario, lors d'une conférence de presse. Beïssat répondait à un rapport soumis la semaine dernière par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon au Conseil de sécurité invitant Rabat et le Polisario à «engager des négociations sans conditions préalables, afin de parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette d'assurer l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental». Le Maroc et le Polisario ont présenté à l'ONU mi-avril deux projets de solution opposés pour mettre fin au conflit. Rabat a soumis le 12 avril au Conseil de sécurité un plan visant à accorder l'autonomie et de larges prérogatives, sous souveraineté marocaine, aux habitants de ce territoire. Il propose des négociations avec les parties et un référendum sur ce projet d'autonomie. Son plan a été rejeté par le Polisario, qui a réaffirmé son attachement au «droit du peuple sahraoui à l'autodétermination», en soumettant à l'ONU un contre-projet prévoyant d'accorder la nationalité sahraoui aux résidents marocains de ce territoire, l'exploitation en commun de ses richesses naturelles et des garanties de sécurité au Maroc, dans le cas où le référendum qu'il réclame déboucherait sur l'indépendance. Un projet de résolution du Conseil de sécurité a été mis au point au sein d'un groupe formé par les Etats-Unis, la France, l'Espagne, la Russie et la Grande-Bretagne. Selon le Polisario, ce projet a fait l'objet de «négociations très serrées» entre d'un côté la France, l'Espagne et les Etats-Unis, privilégiant le projet marocain d'autonomie comme base de négociations éventuelles entre le Maroc et le Polisario, et de l'autre la Grande-Bretagne et la Russie, qui seraient selon lui plus favorables au droit à l'autodétermination des Sahraouis.


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