L'ONU face au casse-tête libyen

L'ONU essaie de réunir les belligérants en Libye autour d'une plateforme de réconciliation nationale, annonçant un round de dialogue pour le 29 septembre. Les combats continuent à faire rage à Benghazi et à Ouerchefana.TunisDe notre correspondantA près des visites dans tous les coins de Libye et d'interminables réunions avec les belligérants de la scène politique, l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Bernardino Léon, a décidé de lancer une nouvelle tentative de dialogue national interlibyen sur la base d'une plateforme minimale se résumant en le respect des institutions élues, la déclaration constitutionnelle, le respect des droits de l'homme et le rejet du terrorisme.L'ordre du jour du dialogue portera sur le règlement intérieur de la Chambre des députés et sur les questions se rapportant à la gouvernance du pays.M. Léon propose que l'adoption des articles touchant à ces questions se fasse aux deux tiers pour garantir un large consensus viable. Une fois ces questions réglées, l'envoyé de l'ONU propose de passer ensuite à la problématique de la date et du lieu du transfert officiel des pouvoirs entre le Congrès national général (CGN) et la Chambre des députés, ce qui devient alors une question formelle. Entretemps, l'ONU et la communauté internationale proposent d'instaurer des concertations entre les belligérants pour résoudre conjointement des problèmes vitaux en vue de faire régner la confiance. Bernardino Léon considère que le dialogue est l'unique voie de salut pour la Libye. Cet avis a été partagé, lors de la réunion d'avant-hier à New York, par les 13 ministres des Affaires étrangères, dont l'Américain John Kerry et l'Algérien Ramtane Lamamra. Mais la situation sur le terrain n'est pas aussi certaine.Nouveau gouvernement Ces initiatives de paix interviennent au moment où la chambre des députés, réunie à Tobrouk a accordé lundi sa confiance à la formation gouvernementale proposée par Abdallah Al Thani, suite à deux revers le jour précédent. Al Thani a obtenu une majorité de 110 voix sur les 112 présents à la réunion. Son équipe est formée de 10 ministres et trois vice-chefs du gouvernement, alors que le poste de ministre de la Défense est resté vacant.La Chambre des députés a décidé que le gouvernement Al Thani siégera à Al Baydha, siège provisoire de la Chambre des députés de l'Assemblée constituante chargée de rédiger la Constitution, se trouvant à 220 km de Benghazi et 150 km de Tobrouk. Il est utile de souligner que le siège officiel du gouvernement, à Tripoli, est occupé par une équipe gouvernementale dirigée par Omar Hassi et nommée, il y a deux semaines, par le CGN dont la légitimité a expiré le 20 juillet dernier. Ce différend de légitimité entre le Congrès national général et la Chambre des députés a été traduit devant la Cour constitutionnelle qui a programmé l'examen de ce recours pour le 3 octobre prochain.Par ailleurs, le chef du gouvernement, Abdallah Al Thani, et le président de la Chambre des députés, Akila Salah Aïssa, représenteront la Libye lors de l'Assemblée générale de l'ONU qui se tiendra la semaine prochaine à New York. Akila Salah Aïssa rencontrera le président américain Barack Obama, dont le gouvernement ne cesse de proclamer son soutien à la Chambre des députés. Toutefois, la réalité du terrain et l'épreuve de force entamée par les factions rebelles risquent de mettre à mal la légitimité du scrutin du 25 juin dernier ayant permis l'élection de cette Chambre des députés.