Algérie

L'ONU ausculte le processus politique



Le Conseil de sécurité s'est penché hier sur la LibyeLes membres du Conseil de sécurité ont entendu un exposé sur les développements survenus au cours des derniers mois, notamment en ce qui concerne l'organisation d'un référendum sur une nouvelle Constitution et les préparatifs pour la tenue d'élections législatives et présidentielle.
Alors qu'à Alger s'est tenue la réunion ministérielle tripartite regroupant les pays voisins que sont l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte, le Conseil de sécurité de l'ONU a consacré hier une séance à l'examen de la situation en Libye, à travers l'exposé de l'émissaire Ghassan Salamé sur les progrès enregistrés dans la mise en oeuvre de la feuille de route de l'ONU, pour sortir le pays de la crise politique et sécuritaire qui perdure depuis sept ans.
D'emblée, il a été fortement question des affrontement armés qui se poursuivent à l'Est et au Sud. Mais il a été aussi fait cas, lors de cette séance, des développements politiques survenus, notamment en ce qui concerne la préparation d'un référendum sur une nouvelle Constitution et la tenue d'élections législatives et présidentielle que l'ONU espère organiser avant la fin de l'année.
Ghassan salamé a présenté un bilan de l'opération mise à jour des listes électorales, achevée en mars 2018, et au cours de laquelle on a enregistré l'inscription d'un million de nouveaux électeurs, venus s'ajouter au fichier de 2014 qui comptait 1,48 million d'électeurs inscrits. Faisant preuve d'un optimisme à toute épreuve, il a mis l'accent sur la nécessité de «réunir les conditions propices à la tenue de ces élections» dont il pense qu'elles auront bien lieu, malgré une conjoncture particulièrement inquiétante.
Car l'autre volet de l'ordre du jour de cette réunion avait trait à la situation sécuritaire et là, l'émissaire ne pouvait éluder les problèmes qui se posent aussi bien à l'est que dans la capitale récemment frappée par un attentat qui a visé le siège de la commission électorale. Surtout, la violence qui a atteint ces derniers mois un niveau alarmant à Derna aura cristallisé les préoccupations du Conseil de sécurité. Les violents affrontements armés entre les milices de cette région et l'ANL du maréchal Haftar qui entend s'imposer à Derna ont fait de nombreuses victimes, y compris parmi les civils.
Sept ans après la chute de Maammar el Gueddafi, la Libye est toujours la proie d' une instabilité chronique tandis que la situation sécuritaire, à l'est et au sud du pays, semble connaître une détérioration au point d'inquiéter les autorités libyennes et la mission de l'ONU. Le bras de fer s'est durci entre les forces de Khalifa Haftar et celles du Conseil «consultatif des moudjahidine de Derna et sa périphérie», des missiles ayant été lancés sur plusieurs sites, comme le quartier Sayda Khadija à l'ouest de Derna. La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a observé, depuis l'intensification du conflit le 15 mai dernier, la mort de six civils et 14 blessés auxquels s'ajoutent des dizaines de morts parmi les combattants et entre 300 à 500 familles déplacées de la région El Fataih à l'est de la ville.
La Manul déplore en outre que, depuis le début du conflit armé, à la mi-avril, les craintes libyennes et onusiennes augmentent quant aux conséquences néfastes sur les populations, sans protection et privées de l'acheminement des aides nécessaires, notamment médicales. Des informations évoquent même la destruction par les Forces de protection de Derna du pont de la cascade de Oued Derna, au sud de la ville, l'un des principaux accès.
A Tripoli, des organisations de la société civile à Tripoli ont manifesté devant le siège de la Manul pour dénoncer l'escalade militaire à Derna et demader une zone d'exclusion aérienne pour Derna et le sud de la Libye. Face à cette escalade à Derna mais aussi à Sabha, le GNA a ordonné aux régions militaires (Ouest-Tripoli-Centre) une mobilisation pour la protection et la sécurité du Sud. Sabha a été le théâtre, en février, de violents affrontements qui ont fait plus de 45 morts et blessés, selon la mission des Nations unies, entre les tribus des Ouled Slimane (arabe) et des Toubous (non arabe), poussant à la fuite plus de 200 familles.
Ces violences, disent le GNA et la Manul, risquent de s'étendre à d'autres villes, à l'est comme au sud du pays, avec le risque d'un nouveau cycle de crise aiguë pouvant gommer les acquis politiques arrachés jusque-là. C'est pourquoi Fayez al-Sarraj a mis en garde contre «les dangers des opérations militaires, le bombardement aérien et les dommages causés parmi les civils et les infrastructures publiques», appelant à «une intervention rapide des sages, des cheikhs et des notables de la ville de Derna et de sa périphérie pour trouver une solution pacifique et mettre fin à l'effusion de sang». «Nous sommes contre le terrorisme, sous toutes ses formes et nous avons appelé, maintes fois, à l'unification des rangs pour y faire face, mais nous sommes aussi contre les atteintes aux civils, interdites par le droit international «, a-t-il affirmé. Telles sont les questions libyennes actuelles qui interpellent à la fois la communauté internationale et le comité des trois pays voisins réunis à Alger, illustrant la difficulté de la tâche et la nécessité d'un large consensus pour rendre la démarche de la paix efficace et crédible.


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