Algérie

L'officialisation de tamazight est une nécessité historique



L'officialisation de tamazight est une nécessité historique
La déclaration a été faite à l'occasion du 34e anniversaire du Printemps amazigh organisé par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA). La presse, qui s'est contentée de faire le compte rendu des commémorations en avril dernier, n'a pas jugé utile de s'y appesantir.Dans l'amphithéâtre Amara Rachid, anciennement amphi «B», où Mouloud Mammeri a dispensé son cours de berbère, devant un parterre d'anciens élèves de l'auteur disparu, le recteur de l'université Alger 1, Tahar Hadjar, a évoqué l'éventualité de reprendre l'enseignement de tamazight dans l'enceinte de son institution où, plus de quarante ans auparavant, le régime de Houari Boumediène avait décidé de supprimer le cours.Le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, organisateur de l'événement, et ses invités qui ne s'attendaient pas à une telle déclaration, ont fait une ovation au recteur. On ne sait pas si cette décision du recteur sera concrétisée à la rentrée prochaine, mais force est de constater qu'un tabou a été cassé, le pouvoir ayant toujours essayé, sans y parvenir, de bannir la mémoire de l'écrivain après avoir interdit son cours.En dépit des dénégations d'un ministre de l'époque, Ahmed Taleb Ibrahimi, qui signale dans le tome deux de ses Mémoires le peu d'engouement des étudiants pour ces cours pour justifier l'interdit, il est à préciser que le régime était décidé à exclure ce composant fondamental de l'identité algérienne. La résurrection de la langue amazighe ne viendra qu'au milieu des années 1990. Les militants du Printemps berbère, mais aussi les élèves qui ont observé la «grève du cartable» ont permis, par leur combat, le retour de l'enseignement de tamazight, cette fois en dehors de l'université.Le pouvoir, acculé, a créé le HCA par décret présidentiel n°95-147 le 27 mai 1995 et permettra l'enseignement de cette langue en dehors des régions kabylophones. Ne disposant pas des moyens pour fonctionner, la «structure» (art 1 d'un texte flou) dirigée par le berbéro-nationaliste Mohand Idir Aït Amrane (1995-2004) a permis d'aider à lancer ces expériences.Cependant, des années plus tard, le constat n'est pas reluisant, avec un recul des wilayas où cette langue est enseignée. L'enseignement est toujours facultatif et les responsables du ministère de l'Education, qui parle de promouvoir le tamazight et ses enseignants, ne font rien. Quelques résultats sont toutefois là : si durant les années 1990, on ne recensait que quelque 233 enseignants pour 37 690 élèves, pour l'année scolaire 2012/2013, le HCA a dénombré 1654 enseignants pour 234 690 élèves (déclarations de Si El Hachemi Assad, qui a remplacé au pied levé Youcef Merahi).La prise en charge par les pouvoirs publics de cette langue s'impose par son officialisation effective dans la Constitution, par la création d'une académie en lieu et place du commissariat de la rue Debussy qui ne dispose pas de larges prérogatives, par la promotion de toutes ses variantes locales, mais également par la valorisation du travail des chercheurs et des maisons d'édition, à l'instar de Tira Edition du sémillant Brahim Tazaghart.La balle est dans le camp du pouvoir, dont la clientèle est devenue étrangement, à la faveur des dernières consultations politiques, amazighophile. Amar Ghoul, qui dénigra la fête de Yennayer avant de se raviser, s'est prononcé pour l'officialisation. Il a contredit le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour qui cette option n'est pas pour demain. Sellal, dont on connaît l'humour, serait-il devenu un devin pour justifier l'exclusion d'une partie des Algériens '




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