Algérie

L'oeuf à plus de 10 dinars: Les professionnels s'inquiètent



Chez les producteurs d'oeufs, dont l'écrasante majorité est basée dans l'Algérois, la palette de 30 unités est passée en l'espace de deux mois de 180 dinars à 245 dinars. Arrivée à Oran et avec les frais de transport évalués à 10 DA par palette, celle-ci est écoulée chez les grossistes à 245, voire 250 DA, suivant le calibre du produit, aux dépositaires. Ces derniers la revendent aux détaillants entre 260 et 270 DA la palette et ces derniers cèdent un oeuf à raison de 10 DA.

Un grossiste approché remet en cause cette hausse qui peut encore perdurer et se voit déjà dans l'obligation de mettre la clé sous le paillasson dans la mesure où son chiffre d'affaires a été grandement affecté. Il dira que «notre réelle marge bénéficiaire baisse au fur et à mesure que le prix de vente augmente et, de par notre position d'intermédiaire par lequel nous sommes censés réguler le marché, nous endurons énormément en raison des charges locatives et des déperditions, appelées dans notre jargon «casse». Même son de cloche chez l'épicier, qui affirme que si auparavant ils prenaient jusqu'à 2 DA par unité, de nos jours ils en prennent moins et que si cette tendance se poursuivait, ils seraient dans l'obligation de la taxer plus.

Mais pour mieux comprendre la réalité, nous avons pris attache avec deux professionnels installés à la sortie sud d'Oran qui, de par leur parcours, maîtrisent parfaitement les rouages de cette filière. L'un d'eux a commencé en faisant un round up pour dire « qu'à la fin des années 80, des performances ont été atteintes en matière de consommation d'oeufs et la consommation annuelle moyenne par habitant était de 125 unités, une quantité qui se rapproche de la norme universelle arrêtée à 150, contre seulement 85 actuellement. Il en est de même pour la viande blanche et, durant cette époque, chaque Algérien consommait une moyenne de 12 kg par an. Ce boom constaté dans la filière ponte a fait, qu'en 1992, l'importation de l'oeuf de consommation s'est arrêtée totalement et une année après, la production nationale couvrait largement les besoins du pays.

Que s'est-il passé depuis ? En 1996, l'introduction de la TVA a quelque part provoqué des remous avant que le marché soit totalement perturbé entre 2001 et 2004. Et sans conteste, c'est en 2007 que suite à la hausse des prix de l'aliment de volaille qu'une panique générale a été enregistrée ». L'autre interlocuteur abonde dans le même sens pour préciser qu'en plus « du problème de hausse du prix de l'aliment, aujourd'hui la menace vient de la désorganisation totale du secteur, dont la gestion des producteurs dépend à 100 % de l'importation. Il s'agit là de poussins reproducteurs de chair dont la finalité est la production de viande blanche et les poussins reproducteurs ponte, par la production d'oeufs de consommation ». Notre interlocuteur aiguise son argumentaire : «si nous tenons compte des normes de consommation estimées au niveau du marché national de 9 à 10 kg de viande blanche par habitant, l'importation se situe entre 2,5 à 3 millions de reproducteurs chair. En réalité, on ne se conforme pas à ce chiffre. Pis encore, parfois on se retrouve avec le double des besoins et cette inondation du marché met en danger le producteur qui, menacé de faillite, cède sa production au prix nettement inférieur au coût de production. Pour la filière ponte dont l'objet est la production d'oeufs de consommation, la satisfaction des besoins du marché national nécessite 400.000 reproducteurs, soit une production de 4 à 4,4 milliards d'oeufs. Cependant, l'importation de poussins reproducteurs ponte est parfois doublée, provoquant une production double ».

Est-il normal, poursuit-il, que la viande blanche source de protéines des citoyens soit taxée à 14 % au même titre que les produits de luxe tels que le kiwi ou l'or ? N'est-il pas temps de la supprimer totalement ou au pire la réduire à 7 % comme les autres produits alimentaires »? Qu'en est-il de cette hausse du prix de l'aliment ? A toutes ces interrogations, nos deux spécialistes ont des réponses et même des solutions. Concernant les intrants et notamment l'aliment avicole fabriqué à partir du maïs et du soja, ils reconnaissent que certes, « ces deux matières ont augmenté dans le sillage de celui du prix de pétrole, du fait que le soja et le maïs sont demandés encore plus pour la fabrication de biocarburant, mais force est de reconnaître que si nous réglons les problèmes d'organisation et de fiscalité, nous pourrons surmonter l'augmentation du prix de l'aliment tout en investissant dans la production du maïs et du soja localement, notamment au sud où les conditions climatiques s'y prêtent et des réserves hydrauliques contenue dans une nappe de 40 milliards de mètres cubes ».




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