Comment interpréter l'appel lancé par la Compagnie libyenne nationale de pétrole (NOC) aux sociétés étrangères opérant dans le secteur des hydrocarbures pour reprendre leurs activités d'exploration et de production ' Selon le communiqué de la NOC, la situation sécuritaire a enregistré une» amélioration spectaculaire» sur certains sites où il était difficile d'opérer. A travers le même communiqué, la NOC a invité les compagnies internationales à «reprendre leurs opérations» d'exploration et d'extraction, leur assurant qu'elle leur fournirait» tout l'appui nécessaire» afin qu'elles puissent travailler» dans un environnement sûr», en»coopération avec les autorités civiles et militaires» sur place. Immédiatement, les esprits sont tournés vers la situation politique intérieure en Libye, pour sonder l'impact que pourrait avoir un tel appel sur le développement de la crise qui secoue ce pays depuis 11 ans, et qui dispose de réserves des plus abondantes en Afrique.Peut-on croire dans ce contexte, en parlant d'un «environnement sûr», que le pays se dirige vers une solution à la crise politique, d'où découlent en vérité tous les problèmes sécuritaires, avec les affrontements violents entre factions rivales de l'Est et de l'Ouest, et le détournement du pétrole par les voies informelles, qui ont affaibli l'exploitation des gisements, le transport des hydrocarbures et les terminaux pétroliers ' Il est possible que l'un n'ait aucun lien avec l'autre, le domaine politique reste encore soumis aux tensions entre les factions rivales, alors que le pétrole et le gaz c'est une tout autre histoire, à caractère purement commercial. La NOC a des contrats à honorer avec les compagnies internationales activant dans le secteur des hydrocarbures. Et puis, il semble que la scène politique est rongée par de profondes divisions entre les factions rivales, mais ces mêmes factions sont d'accord sur un point, en l'occurrence les revenus de l'or noir, qui ne doivent pas être bloqués. Si la discorde déchire les parties qui cherchent à prendre le contrôle de Tripoli, le pétrole, lui, calme les ardeurs des uns et des autres, qui trouvent ensemble, par miracle, un terrain d'entente pour sauvegarder cette source de revenus, essentielle à la survie de tous.
Bien sûr, si la Libye retrouve sa stabilité politique, elle pourrait doubler sa production pour atteindre les 2 millions barils/jour, contre un peu plus d'un million barils/jour actuellement, mais toutes les parties sont d'accord sur le principe qu'il faut avant cela régler le crucial problème politique à travers des élections libres, recommandées par la communauté internationale.
En tout cas, force est de constater que le pétrole n'a pas d'odeur politique, pas seulement pour les Libyens, mais également pour les acheteurs. La NOC a levé «l'état de force majeure», qui a été déclaré au mois de mars 2022, après la fermeture des vannes acheminant le brut par un groupe armé, sur les sites d'al-Charara et al-Fil, ayant permis une exonération de sa responsabilité en cas de non-respect des contrats de livraison. Et elle invite «les entreprises internationales opérant dans le secteur du pétrole et du gaz, avec lesquelles des accords d'exploration et de production de pétrole et de gaz ont été signés, à lever la force majeure invoquée de leur côté». Certainement que ces entreprises vont rappliquer, mais seule la stabilité politique serait gage d'assurance durable.
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Posté Le : 08/12/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com