Algérie

L'octroi du marché du livre scolaire fait des mécontents



Important outil pédagogique, le livre scolaire suscite beaucoup d'intérêts. Dans le fond et dans la forme. L'intérêt est aussi commercial. Chaque année, des millions de livres sont confectionnés au profit des élèves des différents paliers : primaire, moyen et secondaire. Les besoins pour l'année scolaire 2009-2010 sont évalués à 29 millions de livres. Comme les précédentes années, l'Etat confie cette lourde tâche à l'Office national des publications scolaires (ONPS), une EPIC, issue de la restructuration, en 1990 de l'ex-Institut pédagogique national. Ne disposant pas de moyens techniques et matériels suffisants lui permettant de répondre à temps aux besoins grandissants de l'école, l'ONPS sollicite d'autres sociétés d'impression à travers des appels d'offres. Cette année, l'octroi du marché, estimé à plus de 2 milliards de dinars, n'a pas fait que des heureux.Des sociétés d'impression, étatiques de surcroît, n'ont pas caché leur étonnement et leur mécontentement de voir leurs offres rejetées. C'est le cas, par exemple, de la Société d'impression de l'Ouest (SIO), qui fait partie des 5 soumissionnaires non retenus. Contacté par nos soins, Adda Bendia Mohamed, directeur général de la SIO, se montre « déçu » mais aussi « surpris » de voir son entreprise perdre sa part du marché. Franchement, je me pose beaucoup de questions. Comme nous l'avons fait en 2007, l'année dernière aussi nous avons honoré dans les délais notre engagement en imprimant 350 000 exemplaires. Et nous avons fait un travail de qualité, grâce, notamment, à notre nouvelle rotative et au savoir-faire de nos employés. Nous avons même été félicités. Cette année, on nous dit que nous n'avons pas les capacités nécessaires pour ce travail. Pourquoi ' Qu'est-ce qui a pu changer depuis 2008 ' s'interroge M.Adda qui précise que le motif invoqué par l'ONPS, à savoir l'absence de moyens de finition, n'explique pas tout. « Nous leur avons fourni toutes les assurances nécessaires quant à notre partenariat avec une entreprise privée qui dispose d'un matériel performant pour réaliser ce travail. Nous leur avons proposé le prix le plus bas du marché, à savoir 0,60 DA par page. Mais voilà que nous avons été écartés », lâche-t-il, avec désolation.M. Adda rappelle l'effort supplémentaire de la société durant les précédentes années, affirmant que la SIO s'est même chargée de la distribution des livres dans les régions les plus reculées de l'Ouest. Le recours de l'entreprise n'a guère changé le cours des choses. M. Adda regrette ainsi qu'il n'y ait pas de « solidarité » entre les services publics, précisant que la perte de ce marché représente « un manque à gagner de 100 millions de dinars ». Au niveau de l'ONPS, on affirme que la sélection a été faite sur la base de critères précis et dans la « totale transparence ». « Nous avons lancé un appel d'offres restreint sur la base d'une liste technique dont nous disposons. L'appel d'offres a été géré par un comité élargi aux partenaires de l'Office. Le rejet de 5 offres est motivé par le fait que les soumissionnaires ne disposaient pas de moyens pour faire la finition du livre. Nous avons des clauses qui interdisent la sous-traitance. Les offres retenues nous ont permis d'économiser 300 millions de dinars par rapport à l'année dernière », indique Abdelkader Bouteldja, directeur commercial à l'ONPS. L'octroi du marché à plusieurs entreprises (une vingtaine) a été fait par une commission technique indépendante, rassure-t-il, affirmant que tous les rejets ont été dûment motivés. Parmi les entreprises ayant eu une part de ce marché, il cite l'ANEP, la SIA et l'ENAG.Dix millions de livres sont en train d'être confectionnés au niveau des rotatives de l'ONPS. « Nous avons donné 19 millions à d'autres entreprises afin d'être dans les délais. Car, il s'agit d'un outil pédagogique nécessaire qui doit être disponible au niveau de toutes les écoles à la prochaine rentrée scolaire », ajoute-t-il. Selon M.Bouteldja, 83% des besoins sont déjà couverts, précisant que l'Office reçoit 500 000 livres chaque jour. Le dernier délai pour la réception de la totalité des livres est fixé au 30 juin. Passé ce délai, le contrat sera résilié et l'entreprise sera rayée de la liste, avertit-il. Pour le directeur commercial de l'ONPS, il n'y a pas de différence entre les entreprises publiques et privées. La seule chose qui compte, c'est la performance.


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