L'appui moral et politique qu'apporte l'Occident officiel à l'Etat fasciste d'Israël se résume en quelques mots : « Israël est victime de l'acte terroriste de Hamas » du 7 octobre 2023 où 1.163 Israéliens ont été tués ; l'Etat d'Israël a le droit de se défendre, quitte à bombarder des milliers de civils palestiniens composés en majorité d'enfants, de femmes et de vieillards, et à ensevelir des centaines d'autres sous les cendres des habitations rasées... Comprendre le droit d'Israël à se défendre, s'apitoyer sur le sort de ses 1.163 tués et de ses 130 otages en oubliant les 34.535 morts et 77.704 blessés au 207ème jour de bombardement consécutif de Gaza, voilà qui ragaillardit cet Etat fasciste et lui donne une caution morale et politique pour poursuivre son Å“uvre génocidaire contre le peuple palestinien. Les charniers découverts à Gaza sont le témoignage irréfutable d'un carnage indicible.
Les armes les plus sophistiquées livrées par les Etats-Unis, l'Allemagne, la France et par d'autres pays européens à Israël constituent le second volet de cet appui moral et politique...
Compte tenu de l'usage massif, brutal et aveugle de ces armes contre les populations civiles, il n'est point exagéré de dire que le colonialisme israélien en Palestine a surpassé en actes barbares les bourreaux d'antan du peuple juif. Il n'y a, en fait, que les Etats-Unis et certains de leurs affidés Européens (Allemagne en tête) qui osent nier cette réalité en qualifiant tout ce qui s'oppose, stigmate ou dénonce le fascisme israélien d' « antisémite ». Même les étudiants de l'université Columbia (New York) qui manifestent pacifiquement contre le génocide dont est victime le peuple de Gaza sont accusés d'antisémitisme par les plus hauts responsables des Etats-Unis. Ainsi, à la veille de la Pâque juive (Pessah) qui a débuté le 22 avril 2024, le président américain, Joe Biden, affolé par les manifestations estudiantines qui secouent depuis plusieurs semaines les universités américaines en signe de solidarité avec Gaza, s'est empressé de dénoncer comme acte d' « antisémitisme dangereux » les appels de boycott lancés par les étudiants new-yorkais de toute activité en rapport avec Israël1.
Le 21 avril, le président américain s'est alarmé de cette pseudo-vague antisémite en déclarant que « Ces derniers jours, nous avons été témoins de harcèlement et d'appels à la violence contre des Juifs. Cet antisémitisme flagrant est répréhensible et dangereux, et il n'a absolument pas sa place sur les campus universitaires, ni nulle part dans notre pays2.»
L'antisémitisme, voilà l'épée de Damoclès que tous les sionistes et leurs partisans agitent contre tous ceux qui réprouvent les actes inhumains que commettent les Israéliens en Palestine occupée. Ce terme d'antisémitisme3 sert et depuis bien longtemps d'arme d'intimidation et de culpabilisation contre tous ceux qui seraient tentés d'élever la moindre objection contre les pratiques discriminatoires et fascistes de l'Etat israélien. En Occident même, les femmes et les hommes épris d'équité et de justice n'échappent pas aux critiques virulentes de l'antisémitisme. Les centaines d'arrestations d'étudiants ce mois d'avril par la police nord-américaine et accusés d'antisémitisme en témoignent si besoin est.
LES HERITIERS DU NAZISME ET DU FACSISME
Inventions de l'Europe, le nazisme et le fascisme sont repris et adoptés aujourd'hui comme philosophie politique et morale par l'Etat juif.4 Victimes expiatoires de ces deux idéologies mortifères, les juifs sionistes d'Israël et d'ailleurs sont devenus paradoxalement les enfants putatifs de ces doctrines néfastes dont ils continuent et perpétuent la tradition.
Ce qui se passe à Gaza depuis le mois d'octobre 2023 témoigne de manière éclatante de cette réédition lugubre de l'histoire de l'Europe.
Le fascisme peut prendre des formes diverses, voire des couleurs nationales. Il ne se prête donc pas à une définition univoque. Pourtant, il existe des traits communs aux différents types du fascisme qu'a connus l'histoire de l'Europe contemporaine. En effet, l'un des traits caractéristiques, entre autres, du fascisme « c'est le culte de l'énergie et de la pureté nationales, de l'héroïsme et de la guerre ». Ce culte de la pureté nationale et ethnique, Israël en a fait depuis sa naissance un principe sacré, une profession de foi. La force brutale, le Moi contre tous, associée au sentiment fortement intériorisé de la supériorité raciale et religieuse du « peuple élu », tels sont les traits constitutifs du sionisme politique dont Israël est la figure incarnée par excellence. Le caractère fascisant de cet Etat créé de toutes pièces et imposé par les Grandes Puissances colonisatrices est un fait incontestable et le génocide en cours à GAZA en est la preuve éclatante.
Comme l'écrit l'historien américain Robert O. Paxton dans un article pertinent publié dans Le Monde en 1994 « en hommage à Marc Bloch5 », le fascisme s'avère être à l'examen critique « un système d'autorité et d'encadrement qui, dans la représentation qu'il fait de lui-même, promet de renforcer l'unité, l'énergie et la pureté d'une communauté moderne, c'est-à-dire déjà consciente d'elle-même en face d'autres communautés et déjà capable d'exprimer une opinion publique. Pour parvenir à ces fins, le fascisme cherche non pas à éclairer des citoyens libres par un système cohérent de principes intellectuels, mais plutôt à entrainer une foule par des sentiments passionnés. Marc Bloch a trouvé cette phrase limpide, l'été 1943, pour décrire les deux systèmes politiques qui étaient alors engagés dans une lutte à mort : ‘‘La tribu qu'une passion collective soude à son chef est ici- c'est-à-dire une république- remplacée par la cité que gouvernent les lois''.
Plus loin, Robert O. Paxton ajoute en précisant le sens de ces passions mobilisatrices « qui soudent une tribu fasciste à son chef ». Ces passions sont les suivantes : « la primauté de la communauté envers laquelle les devoirs sont supérieurs à tout droit, soit universel, soit individuel ; un sentiment que la communauté est victime, qui justifie tout recours contre ses ennemis, intérieurs autant qu'extérieurs ; un pressentiment de décadence de la communauté, minée par la gauche individualiste et cosmopolite ; comme remède à cette décadence, l'encadrement de la population en un fascio, ou faisceau, où l'unité des âmes est forgée par une conviction commune si c'est possible et par la force si c'est nécessaire ; un sens de l'identité où la grandeur de la communauté vient renforcer l'identité individuelle ; l'autorité du chef, seule structure politique capable d'incarner le destin de la communauté ; la beauté de la violence et de la volonté, quand elles sont dévouées au succès de la communauté dans une lutte darwinienne. »
Ces propos de Paxton s'appliquent, selon moi, de manière adéquate au régime sioniste en Palestine occupée. Imbu de sa supériorité religieuse et nationale, épris d'une volonté de domination absolue, et habité d'un désir de revanche tenace contre son imbécile destin historique, ce régime sioniste n'a rien à envier aux systèmes de domination connus dans l'histoire contemporaine : nazisme et fascisme. Il est le continuateur, mais sous d'autres noms trompeurs (démocratie et humanisme juif...), de ces deux systèmes politiques exécrables. En dépit de lui, et malgré que ses ancêtres fussent victimes d'un holocauste indéniable de la part du nazisme et du fascisme européens, ce régime sioniste n'en est pas moins l'héritier inconscient. Mais c'est quoi au juste le fascisme ? La réponse, la voici :
« Le fascisme est donc un système d'autorité et d'encadrement attelé à un style d'appartenance et à une communauté. Il forme un tout qui se comprend mal à la seule lecture de ses paroles. Il faut l'observer dans la vie quotidienne en faisant appel à toutes les sciences sociales et, puisqu'il n'est pas immuable, il faut le comprendre dans son développement. »
S'il faut faire appel à toutes les sciences sociales pour comprendre ce régime, je dirai que celui-ci tire son modèle de pensée et d'action du nazisme dont une grande partie du peuple juif a été la victime désignée. Enfin, la question brûlante du moment et à laquelle on ne saurait se dérober est celle-ci : « le fascisme existe-t-il encore aujourd'hui, malgré l'échec humiliant de Hitler et de Mussolini ? Après les incidents du nettoyage ethnique dans les Balkans après la montée de nationalismes exclusivistes dans l'Europe orientale post-communiste ; après l'essor du néonazisme en Allemagne et en Italie, et après l'élection à la présidence de la commission des affaires étrangères de la chambre d'un ancien de la république de Salo, Mirko Tremaglia, il serait difficile de répondre non à cette question. Mais les cas actuels les plus intéressants ne sont pas ceux où de vieilles chemises ressortent des placards. Il faut se souvenir avec George Orwell que les fascismes authentiques viennent vêtus des symboles patriotiques de leurs propre pays. Un fascisme authentique aux Etats-Unis serait pieux et anti-Noirs ; en Europe occidentale laïque et antisémite, voire antimusulman, et en Europe de l'Est clérical et slavophile. Le décor dépend de la culture locale6. »
UN FASCISME QUI NE DIT PAS SON NOM
En l'occurrence, la culture israélienne se révèle être à l'observation pratique une synthèse de tous ces fascismes « vêtus des symboles patriotiques », et qui se traduisent en acte par le meurtre en grands, par le mépris de la vie humaine et par la soif insatiable de vengeance. Si les fascismes qu'ont connus certaines nations européennes ont été dénoncés et reconnus comme forme perverse de l'esprit humain, tel n'a pas été le cas jusqu'à présent du sionisme d'Israël que ses bourreaux d'hier, l'Allemagne nazie, la France de Vichy et l'Italie fasciste de Mussolini tentent vainement aujourd'hui encore de laver de tous les péchés de la terre. La culpabilité qui pèse lourdement sur la conscience européenne, jointe à la massue de l'antisémitisme suspendue, telle l'épée de Damoclès, sur la tête de toute l'humanité, voilà qui interdit de parler du fascisme israélien. Qualifier cet Etat de fasciste relève d'un sacrilège. Dire qu'il y a un certain « fascisme made in France7 », un fascisme made in USA ou allemand, ça passe ; mais l'appliquer à l'Etat sioniste, ça ressort d'un acte antisémite passible de condamnation pénale ! En témoigne le nombre d'étudiants européens en grève de solidarité avec Gaza qui se trouvent accusés pour ce simple fait ! Manifester sa solidarité avec Gaza, victime d'une barbarie sans nom, c'est encourir le risque d'être accusé de pro-terroriste. Hamas qui est un mouvement de résistance nationale contre l'occupation est assimilé à une organisation terroriste, ce qui permet de disqualifier d'une part tous ceux qui soutiennent la résistance palestinienne, et de dédouaner, d'autre part, les actes criminels d'Israël contre les populations civiles.
LE HAMAS ET CEUX QUI LE SOUTIENNENT, TERRORISTES ?
Même certains leaders politiques en Europe qui affichent publiquement leur solidarité active avec Gaza, n'échappent pas à l'accusation d'être soit antisémite, soit pro-Hamas... Ainsi, en France, Mathilde Panot et Rima Hassan, sont-elles accusées de faire « l'apologie du terrorisme », entendre : Hamas ! Toutes les deux ont été convoquées par la police parisienne et interrogées sur certaines de leurs déclarations publiques à propos de la Palestine.
Que reproche-t-on au juste à Mathilde Panot, la cheffe des députés de la France Insoumise ? On lui reproche un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, le jour où le Hamas a mené sa fameuse attaque contre Israël. Ce communiqué qui mettait en parallèle cette attaque, décrite alors comme « une offensive armée de forces palestiniennes », et « l'intensification de la politique d'occupation israélienne » dans les territoires palestiniens occupés, a été considéré comme une apologie du terrorisme. L'audition de ces deux militantes par la police judiciaire a été qualifiée par Mathilde Pinot d'une « fuite en avant sans précédent », avant de s'interroger en ces termes : « Dans quelle démocratie les méthodes de l'antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes ? ». Quant à la militante franco-palestinienne, Rima Hassan, septième sur la liste LFI de Manon Aubry aux élections européennes du 9 juin, il lui est reproché d'avoir tenu des propos peu orthodoxes, entre le 5 novembre et le 1er décembre, à savoir : « Je veux dire, disait-elle, aux organisations de lobbyistes pro-israéliens derrière ces plaintes qu'ils ne nous feront pas taire ». Puis reprenant à son compte un propos de Gisèle Halimi : « Le monde n'a-t-il pas espéré que la Shoah marquerait la fin définitive de la barbarie ? » Juriste elle-même,
Rima Hassan, avait auparavant, lors d'une interview accordée fin novembre au média Le Crayon, qu'il était »vrai» que le Hamas mène une action légitime. L'intéressée dénonce un montage trompeur de sa réponse. Dans un communiqué commun publié avec elle lundi soir, Le Crayon indique avoir remis »l'intégralité de cet entretien» à la candidate »afin qu'elle puisse s'en prévaloir dans le cadre exclusif des actions judiciaires qu'elle aura à mener ».
« Les Insoumis, qui qualifient de »génocide» la situation à Gaza et ont fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, dénoncent une »dérive autoritaire», » des actes d'intimidation» et une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix propalestiniennes. Dans leur viseur également, la double annulation il y a une dizaine de jours d'une conférence que Rima Hassan et Jean-Luc Mélenchon devaient donner à Lille sur la situation au Proche-Orient. Ils fustigent aussi la plainte pour »injure publique» annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau contre leur ancien candidat à la présidentielle, qui avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann après l'annulation de sa conférence. »Une candidate est convoquée à la police pour ses idées.
La démocratie française est gravement fracturée. Le monde nous regarde sidéré», a réagi mardi sur X Jean-Luc Mélenchon.
« Depuis le 7 octobre, le nombre de signalements et plaintes pour «apologie du terrorisme» a explosé : au parquet de Paris, qui gère la majorité de ces affaires, on compte 386 saisines à ce jour en lien avec ce conflit. Sur le sujet «très sensible» de la guerre opposant Israël au mouvement islamiste palestinien, objet de polémiques à répétition en France, une enquête est quasiment systématiquement ouverte, et les personnes visées auditionnées par la police, explique à l'AFP une source judiciaire. Elle insiste sur le fait qu'une convocation ne présume en rien de la culpabilité8. »
Antisémitisme et apologie du terrorisme sont deux termes qui servent à intimider et à faire taire tous ceux qui osent soutenir les résistants palestiniens, et notamment ceux de Hamas, qualifiés à tort de terroristes alors qu'ils n'ont jamais commis d'attentats ni contre la France, ni contre l'Allemagne, ni contre les Etats-Unis. Qualifier Israël d'Etat terroriste, c'est de l'antisémitisme, et ce terme devient un vrai chantage politique. Le pire serait de qualifier cet Etat de fasciste... Cela entrainerait un tollé d'indignations vertueuses de la part de nombreux pays... On pourrait qualifier l'Allemagne ou la France ou un autre pays de « fasciste » sans encourir le risque de condamnation ou de critique véhémente. Mais pas Israël, car ce pays serait le plus démocratique et dont l'armée serait la plus « morale » de toutes les armées du monde...
Les ouvrages qualifiant la France de « fasciste » n'ont jamais soulevé de tempête politique ou de contestation. Ainsi en est-il, entre autres, de l'ouvrage de Robert Soucy, intitulé French Fascism, The Second Wave, 1933-19399. Ouvrage dont l'auteur n'a jamais été sommé par les Français de s'expliquer ou de se dédire. Au contraire, si jamais un livre portait le titre d'Israël Fascism, il provoquerait un tsunami mondial. C'est que le diktat sioniste interdit aux langues de se délier...
*Chercheur et professeur des Universités - M'Sila Université (Algérie)
Notes
1- https://www.lefigaro.fr/international/l-antisemitisme-n-a-pas-sa-place-sur-les-campus-affirme-joe-biden-apres-des-appels-au-boycott-d-israel-20240422
2-https://www.courrierinternational.com/article/verbatim-joe-biden-condamne-les-manifestations-propalestiniennes-dans-les-universites
3-Cf. Ahmed ROUADJIA «De l'antisémitisme et de la double allégeance des juifs de France » in
https://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5201680&archive_date=2008-08-17
4-C'est ainsi qu'il est nommé dans les textes fondamentaux d'Israël. Ces textes qui tiennent lieu de « Constitution », définissent cet Etat comme étant « juif. »
CF. Ahmed ROUADJIA « La sacralisation des espaces politiques et du droit au Maghreb. Suivie d'une analyse comparative avec l'Europe et Israël », In LE DROIT ENTRE LAÏCISATION ET NEO-SACRALISATION. (sous la dir. de Jean Louis THIREAU), Paris, P.U.F., 1997.
5-Robert O. Paxton « Fascisme d'hier et d'aujourd'hui » InLe Monde, 17 juin 1994,p.2
6- Robert O. Paxton, ibid.
7-Nicolas Weill : « Fascisme made in France » In Le Monde, 2 juin1995.
8-https://www.lindependant.fr/2024/04/30/apologie-du-terrorisme-les-insoumises-mathilde-panot-et-rima-hassan-entendues-par-la-police-11922857.php
9-Publié aux éditions Yale University Press. La première partie de cette étude a été traduite et publiée aux PUF, en 1989, sous l'intitulé Le Fascisme français, la première vague, 1924-1933.
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Posté Le : 12/05/2024
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ahmed Rouadjia*
Source : www.lequotidien-oran.com