L'Occident interpellé

Notre pays connaît toujours un afflux de migrants venant principalement des pays frontaliers, fuyant la famine ou la guerre, souvent les deux. Le déferlement de réfugiés vers nos frontières est sans précédent ces dernières années avec l'enlisement de la Syrie dans des combats meurtriers et celui du Nigeria confronté à une guerre entre son armée et Boko Haram. L'Algérie est devenue une terre d'asile à ces milliers de civils qui quittent leurs pays respectifs et qui, souvent, se retrouvent refoulés aux frontières par d'autres pays. Des réfugiés syriens ont trouvé accès et solidarité dans notre pays, quand le Maroc leur a fermé ses frontières, tout comme le Cameroun a refoulé des civils fuyant le Nigeria en proie à des violences meurtrières. Tout en offrant l'asile à ces populations en détresse, l'Algérie continue à fédérer les pays voisins afin de conjuguer tous les efforts pour mener ensemble la lutte contre le terrorisme. Pas toujours avec le succès escompté, alors que le danger terroriste est aux portes de tous ces pays dont les dirigeants semblent mettre des ?illères pour ne pas le voir. Comment peuvent-ils ne pas savoir que la situation au Mali et au Nigeria ne peut pas être sans conséquence sur les pays frontaliers ' De rencontre en rencontre, on débat sur le pourquoi et le comment et avec l'aide de qui, reportant aux calendes grecques l'éveil des consciences et le passage à l'acte pour réduire la nuisance du terrorisme et du banditisme et, pourquoi pas, les réduire à néant. Notre pays a mené seul une lutte de longue haleine alors que nos voisins maghrébins lui ont tourné le dos, armés d'une fausse certitude qu'ils ne seraient pas ébranlés par cette hydre à sept têtes qu'est le terrorisme. Pour avoir connu l'amertume de l'isolement durant la décennie sanglante que le peuple algérien a vécu dans sa chair, l'Algérie, forte de son expérience sur le terrain de la lutte antiterroriste, ne cesse d'interpeller les pays frontaliers (maghrébins et africains) sur la nécessité absolue de combattre ensemble cette hydre afin de la décapiter. Certains pays en font l'amère expérience aujourd'hui. Si le Nigeria ne se remet pas debout, ce sont tous ses voisins alentours qui subiront l'effet domino. Mais on voit bien comment le terrorisme s'exporte vers l'Occident, et combien il a un effet de contagion, ce qui signifie que ce n'est pas seulement l'Afrique qui doit se mobiliser, mais tout le monde. Les Etats-Unis et l'Europe doivent s'impliquer sérieusement dans la lutte antiterroriste, il y va de la survie de l'humanité. Il va sans dire que le malheur des populations déplacées interpelle l'Occident qui ne doit pas livrer l'Afrique à la destruction.R. M.