L'islamisme comme fatalité

Après avoir misé sur la coalition présidentielle comme la favorite des législatives du 10 mai, voilà que l'organisme français d'assurance-crédit, la Coface en l'occurrence, vient de revoir ses pronostics. Cette fois-ci, ce sont les islamistes qui sont donnés gagnants. Qu'est-ce qui a changé en quelques semaines ' La Coface cherche-t-elle à s'adapter à une éventuelle victoire des fondamentalistes pour protéger son business '
Il y a dans la lecture de la Coface quelque chose de malsain. Pourquoi ' D'abord, il y a lieu de noter cette appréciation quasi partagée dans les milieux politiques à l'étranger, en général, et en France, en particulier, à savoir que le duel du pouvoir dans les pays arabes se résume comme suit. La dictature, la monarchie ou l'islamisme. Est-ce alors une manière d'imposer un cadre réducteur des réalités politiques et sociales des pays concernés afin de pouvoir négocier au nom de la realpolitik un bel échange des libertés démocratiques en contrepartie de marchés juteux qui pourraient servir à panser les blessures profondes de la crise financière qui est en train de ravager le Vieux Continent '
Ensuite, on peut légitimement s'interroger sur les arguments avancés par cet organisme pour établir tel ou tel score. Si la Coface table sa lecture sur la base de la stabilité des Etats, ce qui est tout à fait logique pour pouvoir orienter les exportateurs français et les assurer dans leurs démarches, il n'est pas, en revanche, normal qu'elle mette les pieds dans un terrain qui ne la concerne pas, en l'occurrence les résultats de telle ou telle élection. Mais, en même temps, la Coface souligne que le changement ne viendrait pas de ces élections tant que le président de la République continuera de détenir de larges prérogatives décisionnelles. Alors suggère-t-elle que le partage du pouvoir avec les islamistes sera consacré dans le futur paysage politique algérien ou est-ce simplement un appui à cette probabilité afin de sauvegarder ses intérêts ' Sans doute que le jeu de la Coface cache d'autres enjeux bien au-delà d'une simple évaluation du 'risque Algérie'.
S. T.