Nous savons ce de quoi les gens d'El Azhar sont capables depuis qu'ils ont légalisé la «riba»Antigonos II, le roi de Macédoine, avait dit un jour «Dieu, gardez-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m'en charge». Cette phrase est aujourd'hui plus d'actualité que jamais pour les musulmans et pour l'Islam.Depuis longtemps, certains milieux n'ont eu de cesse d'essayer de nuire à notre religion. Ayant rapidement compris que l'on ne porte pas atteinte à l'Islam en l'attaquant du dehors, ils ont dépêché, dans une première étape, quelques-uns des leurs pour une véritable immersion dans nos différentes sociétés, dans notre culture, parmi nous. Ils ont parlé notre langue, appris notre Coran, récité les Hadiths et prié dans nos mosquées avant d'essayer d'utiliser ce qu'ils ont pu recueillir contre nous pour montrer nos faiblesses, désigner nos failles et aider à notre destruction.C'était la période des fameux «Moustachrikine» que feu Mohamed El Ghazali avait passé sa vie entière à combattre sans jamais être entendu. Certains d'entre eux avaient entrepris, sous les applaudissements naïfs de la Oumma, la traduction du Coran et cela a donné ce que cela a donné et que beaucoup d'entre nous savent, ce sont des traductions erronées qui ont essayé de dépouiller le texte de son essence. Je ne dis pas que tous ont été ainsi, mais dans la grande majorité ils ont été, chacun, un Sir Lawrence à sa manière et à son échelle.De bon sens et de sagesseMais ils se sont rendu compte finalement que pour semer la «belbala» il faut des musulmans d'origine, pas des convertis car ces derniers demeurent toujours objet de doute et de suspicion parce que «si les intellectuels convertis à l'Islam appellent (...) à un aggiornamento, ils ne peuvent que l'accompagner car ils ne sont pas présentés comme légitimes pour réaliser eux-mêmes une réforme qui doit se faire de l'intérieur; leur statut de converti les refoulant dans une posture éternellement extérieure en partie à la tradition islamique. A l'heure où la pression médiatique exige de l'Islam une réforme concrète, ils ne sont donc plus des interlocuteurs indispensables». (1)Ce fut alors qu'ils passèrent à la seconde phase. Celle-ci consiste à engager de vrais ou de pseudo-musulmans dits modérés, progressistes et qu'il faut présenter comme des êtres doués d'intelligence, de bon sens et de sagesse. Jetés dans des costumes de circonstance, bardés de titres d'imams, de conseillers, de philosophe, de penseur musulman... etc., ils ont été tous ou presque décorés par leurs employeurs pour services rendus. Ils ont eu des plateaux de télévisions «rahn el ichara» c'est selon leur bon vouloir, des passages à la radio à loisir, des émissions sans compter, des colonnes de journaux sans restriction aucune et un audimat confectionné dans les labos les plus sérieux. L'objectif était double: d'abord, montrer clairement que le Coran est dépassé dans certaines de ses «ayat» (versets), qu'il a un aspect archaïque, qu'il est nécessaire de réformer pour pouvoir progresser dans un monde fait par la démocratie et pour la démocratie et, ensuite, souligner l'inaptitude des musulmans à progresser parmi les autres nations tant qu'ils bafouent les droits de l'homme. Là, les élus choisis par leurs maîtres, se devaient d'insister sur la condition de la femme chez les musulmans, la polygamie, le hidjab, l'héritage de la femme, sa soumission... et toutes choses qu'il est aisé de mettre en relief dès qu'on veut tirer sur les musulmans. Les auditeurs et les spectateurs musulmans feront le lien tous seuls comme des grands: ils comprendront que c'est à cause de leur Coran qu'ils sont sous-développés, arriérés, bannis par tous. De quoi créer un sentiment de révolte contre la religion Islam.Mais cela non plus n'a pas fonctionné comme prévu. Les ennemis de l'Islam ont compris, une seconde fois, l'inefficacité de leur stratagème et leurs émissaires se sont finalement rendu compte qu'ils prêchaient dans le vide et que, au plus, ils avaient gagné le mépris de leurs propres employeurs qui, du jour au lendemain, les avaient abandonnés seuls face à une conscience détériorée. Ils y reviennent de temps en temps pour leur faire dire des bêtises comme on l'a vu à l'occasion du Charlie Hebdo ou du 13 novembre. Plus anti-musulman que tous les autres parce que plus aplatis que jamais devant leurs chefs.Durant cette phase il y eut, malheureusement, quelques dégâts collatéraux, inattendus. Certains de nos «penseurs» se trouvèrent séduits par le nouveau discours et y ont pris part croyant sincèrement servir l'Islam et les musulmans. Au nom d'un meilleur avenir des musulmans, ils prônèrent un nouvel Islam, sans le dire bien sûr, celui qui convient à la modernité et qui ne soit pas incompatible avec la démocratie.La troisième phase marqua un changement total de stratégie. Il ne faut plus s'adresser à tous les musulmans du monde, mais uniquement à ceux vivants sur certains territoires comme la France par exemple, la Belgique et ailleurs. Le raisonnement est simple. Travailler sur le temps en éloignant lentement les jeunes générations de musulmans, vivant dans ces pays, de leur religion par leur enseignement de faux préceptes et d'un faux islam. On assista alors à une poussée de faux imams. Des gens choisis selon leur ignorance de l'Islam bien sûr, mais aussi selon leur ignorance tout court, leur prétention, leur audace, leur suffisance et leur folie.Tout ce que ces «imams» enseignaient dans des cours non seulement tolérés au nom d'une prétendue liberté de culte, mais plutôt encouragés au nom d'un dessein caché. «Tu apprends la musique' disait l'un d'eux à un enfant, la terre va s'ouvrir sous tes pieds et t'engloutir. C'est haram!!!». «Lorsque la femme refuse l'appel de son mari, disait un autre dans une autre vidéo, les anges passent la nuit à la maudire.» «Une femme qui sort sans hidjab, déclarait un troisième dans une autre vidéo, est une impie et brûlera en enfer!»... etc. etc.La ToileEn gros, ces gens apprenaient aux enfants et aux moins jeunes à être fanatiques et bornés. Ils le comprirent des années plus tard. En 2015, ils se rendirent compte que ce jeu risqué s'est avérée beaucoup plus dangereux tant pour les musulmans que pour les ordonnateurs eux-mêmes.L'attaque de Charlie Hebdo et celle de Paris leur ont beaucoup donné à réfléchir.Et encore une fois, voilà qu'ils viennent de changer de stratégie. Il y a à peine quelques jours, sur les plateaux de France 24, de bon matin, un invité était prié de s'exprimer sur... le caractère licite ou pas du vin en Islam. L'invité venait d'Australie et était présenté en tant qu'imam. Cette question tourne en fait depuis deux mois environ sur la Toile et dans certains endroits. La venue de cet invité entrait donc dans le cadre d'un travail déjà entamé. L'homme était un pur «made in... El Azhar». Imam, sorti d'El Azhar, quoi donc de mieux pour faire autorité et avoir un impact certain chez les spectateurs' «Non, répondit-il, le vin n'est pas interdit en Islam, dit-il tout calmement. C'est l'ivresse qui l'est.».L'homme n'est pas un autodidacte en affaires religieuses. Il ne sort pas de l'université de Bab Ezzouar ou de Montpellier. Il est sorti d'El Azhar. Ceci signifie qu'il sait de quoi il parle. Certes, il rappela les versets en relation avec l'alcool puis insista sur une chose: «Evitez-le» ne signifie pas interdit, conclut-il. Et voilà, en deux mots, tout est dit. Vous pouvez boire, ne faites pas de prière si vous êtes saouls et puis c'est tout!!!Les pseudo-musulmansCela aurait pu passer inaperçu d'autant plus que nous savons ce de quoi les gens d'El Azhar sont capables depuis qu'ils ont légalisé la «riba» il y a de cela quelques années, seulement voilà, la chose se répète. Cette fois c'est une association, l'association des musulmans «coranistes» (el kor'aniyyin) qui, selon certains journaux aurait fait une déclaration pour légaliser l'alcool en s'appuyant sur le même argument, à savoir qu'il n'est pas interdit de boire l'alcool, mais juste de prier ivre.Bien sûr, ces fetwas ne sont pas nouvelles. Il y en a qui les ont faites depuis longtemps comme ce fameux Mohamed Talbi, le libre penseur tunisien, qui, depuis des années n'a eu de cesse de légaliser l'alcool. Mais c'est le fait d'être reprises avec violence cette fois car sorties de la bouche de gens d'autorité comme cet imam d'El Azhar par exemple.On l'a compris, la troisième phase consiste à compter sur des imams plus sérieux et plus «lourds» pour semer la zizanie dans les rangs et, surtout frapper là où c'est possible de faire mouche. L'alcool et la femme car ils ne se contentent plus de dénigrer l'Islam, ils veulent aussi que l'on prenne leurs valeurs. Et ça a fait mouche! Hier, un ex-député posait déjà la question si l'alcool était réellement interdit en Islam' Déjà!'Finalement, ce que ni les «moustachrikine» ni les pseudo-musulmans n'ont pu faire comme torts à l'Islam, les imams d'El Azhar pourraient-ils le faire'1. Tristan Waleckx, Naissance médiatique de l'intellectuel musulman en France (1989-2005), université de Montpellier
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Posté Le : 24/01/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Aissa HIRECHE
Source : www.lexpressiondz.com