Algérie

L'irrésistible attrait de la mangeoire



Les présidents d'association fantoches, conviés à  un débat sur la société civile hier au forum d'El Moudjahid, veulent s'inviter au simulacre de consultations politiques qui se déroulent dans l'ancien siège des Affaires étrangères annexé par la Présidence. A la tête d'une fantomatique association censée promouvoir la femme rurale, qui se mêle tantôt de la question des disparus tantôt des victimes du terrorisme, Saïda Benhabyles, autrefois ministre de la Solidarité nationale, tente de sortir du bois en exprimant toute l'étendue de son regret de ne pas àªtre invitée à  discuter «des choses sérieuses». Sous l'émotion et dans un discours totalement décousu, elle se plaint de ne pas figurer parmi les «chanceuses» dont le président Bouteflika s'entoure lors des kermesses traditionnelles du 8 mars, Journée internationale de la femme. «J'ai tout fait pour me procurer trois invitations, mais impossible !» lâche l'ancienne ministre de la Solidarité nationale dans une ultime déclaration d'allégeance. Elle demande encore une fois que son activisme au sein de la société civile ne soit pas qu'un faire-valoir. Rompue qu'elle est aux coulisses du mouvement associatif, Saïda Benhabyles s'est trahie en affirmant que le siège national de son association se trouvait à  800 km d'Alger. Mais allez comprendre comment peut-on gérer à  partir de la capitale une association basée à  Ouargla ' C'est toute la distance qui la sépare en fait de la société civile.
L'ancienne ministre qui jure par tous les saints avoir investi le terrain, en allant dans les villages et les bourgades les plus reculés de la planète Algérie, ne croit pas cependant à  la volonté des peuples et leurs capacités à  s'affranchir d'eux-mêmes des jougs des dictatures qui les oppriment. Pour elle, les révolutions dans le monde arabe ont été tout simplement inspirées. Faisant tout le temps le parallèle avec l'analphabétisme quand elle évoque la femme rurale, Mme Benhabyles qui fait étalage d'un parcours que beaucoup d'associations, celles qui ont affûté leurs luttes sur le terrain, lui dénient, ne cache pas par ailleurs sa colère envers ceux qui l'ont exclue des consultations sur «les réformes politiques». Elle n'est pas la seule à  demander sa part de… participation.
Un président d'association, encore un qui se distingue beaucoup plus par des coups d'éclat médiatiques, un ou deux livres sur Abdelaziz Bouteflika, une action de promotion furtive pour s'éclipser le reste du temps, est Abdelkrim Abidet qui met tout de go les pieds dans le plat en déniant tout rôle aux partis politiques. Lui aussi cherche une place au soleil et veut s'inviter aux consultations en cours.
Mais il ne perd pas espoir, il se prépare pour fédérer le mouvement associatif, 58 000 associations locales, 1500 nationales en prévision de la prochaine rencontre de la société civile préparée par le Conseil national économique et social de Mohamed Seghir Babes. D'autres associations agitées en de pareilles occasions pour faire le plein ou qui s'agitent pour se faire une place dans la «ripoublique» ont été bien évidemment présentes hier au forum d'El Moudjahid. Pour faire la part des choses, Kheireddine Boukhrissa, de l'association du 8 Mais 1945, a fait une brève déclaration avant de se taire en tenant sa tête tout le reste des débats, l'on ne peut pas douter aussi de la sincérité des associations des cancéreux et des handicapés qui visiblement ont profité de la tribune du forum pour exposer leurs problèmes.  


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