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L'Iran joue la carte de l'Asie Pour faire face aux sanction occidentales



L'Iran joue la carte de l'Asie Pour faire face aux sanction occidentales
Soumis à un blocus de plus en plus sévère imposé par les Etats-Unis et l'Europe depuis 18 mois, l'Iran a réorienté ses échanges commerciaux vers l'Asie, en particulier la Chine qui est désormais son premier partenaire économique.
«Nos échanges avec l'Europe, qui constituaient à une époque 90% de notre commerce, ne représentent que 23 à 24 milliards de dollars sur les 200 milliards de nos échanges extérieurs», a indiqué le président iranien Mahmoud Ahmadinejad après le renforcement des sanctions financières et pétrolières par l'Union européenne (UE) en janvier. Ces sanctions, qui visent depuis l'été 2010 à accroître la pression contre le programme nucléaire de l'Iran, «n'ont pas rétréci le monde pour nous» contrairement à ce que disent les Occidentaux, a-t-il indiqué. L'Iran devrait exporter, durant l'année iranienne 2011-2012 s'achevant en mars, quelque 100 milliards de dollars de pétrole et 45 milliards de dollars d'autres produits, notamment pétrochimiques et agricoles, pour 55 milliards d'importations, selon les estimations officielles.
«Les sanctions, comme celles appliquées par le passé, vont nous permettre de couper tous les liens économiques avec l'Occident», a observé fin janvier le général Hossein Salami, un des hauts responsables des Gardiens de la révolution, la garde prétorienne du régime qui est l'une des cibles des sanctions occidentales. Alors que l'UE n'achète plus que 20% du brut iranien contre 35% en 2005, les exportations européennes vers l'Iran ont baissé de 11% au premier semestre 2011. L'Iran de son côté exporte désormais plus de 70% de son pétrole vers les pays d'Asie, en particulier la Chine, l'Inde, Le Japon, la Corée du Sud mais aussi la Turquie. La Chine et l'Inde, qui achètent à eux seuls près de 40% du brut iranien, ont refusé de se joindre aux sanctions occidentales contre Téhéran, et ont rejeté notamment l'embargo pétrolier décidé en janvier.
Les échanges commerciaux avec la Chine sont passés de 29 milliards de dollars en 2010 à 45 milliards en 2011, un bond de plus de 50%, et les deux pays prévoient de les faire passer à 100 milliards d'ici 2015. De même, les échanges avec la Corée du Sud ont augmenté de 61% en 2011 pour atteindre 18,5 milliards de dollars, tandis que le commerce avec la Turquie, qui a refusé aussi d'appliquer les sanctions occidentales, a connu une progression en passant de 10 à 16 milliards. En revanche, les échanges avec les Emirats arabes unis, longtemps principal point d'entrée des produits européens, américains ou asiatiques vers l'Iran, ont connu une chute importante après que ce pays ait pris lui aussi des sanctions bancaires contre Téhéran.
Les produits en provenance des Emirats ne représentent désormais plus qu'un tiers des importations iraniennes. Si les sanctions bancaires américaines et européennes rendent de plus en plus difficiles les importations en euros ou en dollars ainsi que le transfert des pétrodollars vers l'Iran, elles favorisent entre-temps le renforcement des liens commerciaux entre la République islamique et les pays d'Asie, la Russie et la Turquie. «En 1995, lorsque les Américains ont imposé des sanctions unilatérales contre l'Iran, ils ont favorisé le commerce entre l'Iran et l'Europe. Aujourd'hui, avec les sanctions européennes, nous allons favoriser les entreprises asiatiques», a relevé, il y a quelques mois, un diplomate européen à Téhéran.
Téhéran tient à son programme nucléaire
Par ailleurs, l'Iran, par la voix de son guide suprême l'ayatollah Ali Khamenei, a réaffirmé vendredi qu'il ne céderait pas aux sanctions et menaces occidentales contre son programme nucléaire. «Que les Américains et les autres sachent» que «face aux menaces de guerre et aux menaces pétrolières, nous avons aussi nos propres menaces qui seront mises en 'uvre le jour venu si cela est nécessaire», a déclaré le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, à l'occasion du 33e anniversaire de la révolution islamique de 1979. «Toute guerre sera dix fois plus préjudiciable aux Etats-Unis que leurs menaces», qui ne font que «montrer leur impuissance» en menaçant l'Iran, a-t-il ajouté. Les Etats-Unis et Israël ont laissé planer à plusieurs reprises, ces dernières années, l'éventualité d'une action militaire pour empêcher l'Iran d'acquérir l'arme atomique si les sanctions internationales prises contre Téhéran depuis 2007 ne suffisent pas à le faire. Téhéran est soupçonné par la communauté internationale de cacher un programme militaire derrière son programme nucléaire civil. Ce que rejette la République islamique. Le programme nucléaire iranien est condamné par six résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU dont quatre assorties de sanctions.
Ces sanctions ont été renforcées depuis 2010 par plusieurs mesures unilatérales des Occidentaux, qui ont notamment annoncé en janvier un embargo contre l'achat de pétrole iranien. Téhéran a affirmé à maintes reprises qu'il répondrait à toute agression militaire en frappant Israël et les bases américaines au Moyen-Orient. Des responsables militaires iraniens ont également évoqué la possibilité de fermer le détroit d'Ormuz, par où transite le tiers du trafic maritime pétrolier mondial, en cas de blocus empêchant l'Iran d'exporter son pétrole. L'ayatollah Khamenei a toutefois estimé que les sanctions ne faisaient que renforcer l'Iran.
De son côté, le secrétaire d'Etat à la Défense américain, Leon Panetta, a appelé vendredi à l'unité pour contraindre l'Iran à abandonner son programme nucléaire. «En ce moment, la chose la plus importante est de garder la communauté internationale unie en maintenant la pression pour convaincre l'Iran de ne pas développer d'arme nucléaire», a déclaré le secrétaire américain à la Défense lors d'une visite sur la base aérienne américaine de Ramstein à l'ouest de l'Allemagne. Propos qui interviennent au lendemain de nouvelles menaces israéliennes d'intervention militaire.
Le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, a affirmé qu'il y a «un large consensus international sur le fait que si les sanctions n'atteignaient pas leur objectif de stopper le programme nucléaire militaire iranien, il faudrait envisager une action» contre l'Iran. Washington espère convaincre Israël de laisser le temps aux sanctions décrétées contre le régime iranien de produire leur effet.


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