Initialement prévu il y a un an, le sommet a longtemps été considéré comme annulé de facto en raison, notamment, des bouleversements entraînés par le «Printemps arabe». Sa tenue constitue «une réussite majeure pour l'Irak», estime Reidar Visser, spécialiste de l'Irak et auteur du site www.historiae.org consacré à ce pays. «La principale réussite a été de tenir ce sommet de manière assez bien organisée et d'y attirer 10 chefs d'Etat (sur 21 ndlr), démontrant que la notion de marginalisation de l'Irak dans le monde arabe n'est plus d'actualité», souligne-t-il. Le plus grand point d'interrogation concernait la sécurité des chefs d'Etat et de délégation : le pays s'est certes pacifié depuis les années noires de 2005-2007, mais les violences y demeurent quotidiennes et la nébuleuse extrémiste Al Qaîda avait promis de s'attaquer à «la réunion des tyrans arabes à Baghdad». Neuf jours avant le sommet, les insurgés avaient réussi une spectaculaire série d'attentats dans une quinzaine de villes, dont Baghdad, tuant au moins 50 personnes.
Les autorités ont mobilisé plus de 100 000 soldats et policiers dans la capitale, qui s'est trouvée paralysée pendant une semaine. Alors qu'une grande partie du réseau de téléphonie mobile a été bloqué sans préavis mercredi et jeudi, le ministère de l'Intérieur a publié jeudi soir un communiqué remerciant les Baghdadis pour leur «patience». Le jour J, le principal incident a été la chute d'un obus de mortier à proximité de la zone verte où se déroulait la rencontre. Il n'a pas fait de victimes et n'a pas perturbé le sommet, selon les autorités. L'Irak était aussi très attendu sur le niveau de participation en raison des mauvaises relations qu'il a longtemps entretenues avec ses pairs arabes, des fortes tensions autour de la Syrie et du fossé croissant entre chiites et sunnites dans la région. «Certains pays arabes, surtout du Golfe, observent l'Irak avec soupçon, surtout en raison de l'influence supposée de l'Iran sur ce pays majoritairement chiite», souligne Ihsan al-Chamari, professeur de sciences politiques à l'université de Baghdad. Sans compter que le dernier sommet à Baghdad, qui remonte à 1990, avait été présidé par un Saddam Hussein plein d'arrogance envers ses hôtes, et qui envahira le Koweït à peine deux mois plus tard. Le sommet de jeudi s'est d'ailleurs déroulé dans l'un de ses palais.
Le Premier ministre, Nouri al-Maliki, n'a pas ménagé ses efforts ces derniers mois pour renouer les liens avec ses voisins et a obtenu un vrai succès avec la visite historique à Baghdad de l'émir koweïtien, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah. Mais deux poids lourds du Golfe, l'Arabie saoudite et le Qatar, n'y ont malgré tout dépêché que des représentants subalternes. Interrogé, le ministre irakien des Affaires étrangères, Hoshyar Zebari, a balayé la question, se disant «très satisfait» du niveau de participation. «Vu dans la perspective de l'après-2003, le sommet marque une amélioration historique dans les relations entre l'Irak et le monde arabe, et en particulier  dans celles entre l'Irak les pays arabes hors Golfe et le Koweït», souligne M. Visser. Quant à la résolution finale adoptée à l'issue du sommet, elle a surtout exposé au grand jour les divisions du monde arabe sur la Syrie. Le sommet s'est contenté d'enjoindre régime et opposition à un dialogue «sérieux» et de rejeter toute intervention militaire. Mais pour M. Chamari, «les décisions du sommet ne sont pas aussi importantes que sa tenue. Nous devons nous souvenir que les 22 sommets (arabes) précédents n'ont rien donné de concret non plus».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 31/03/2012
Posté par : sofiane
Ecrit par : A. Herenstein de l'AFP
Source : www.elwatan.com