Algérie

L'Irak miné par la corruption de son élite politique



L'Irak miné par la corruption de son élite politique
La corruption au sein du gouvernement menace-t-elle l'Irak autant que le terrorisme ' C'est ce qu'a récemment suggéré le Premier ministre Nouri al-Maliki lui-même, selon un organisme américain, qui dépeint un système inadéquat et sujet à d'intenses pressions.
L'Irak est l'un des pays du monde les moins à même de contrôler la corruption sur son sol, selon une enquête de la Banque mondiale citée dans ce rapport paru hier lundi du bureau de l'inspecteur général spécial pour la reconstruction de l'Irak (SIGIR), un observatoire public américain. Il est aussi 175e sur 183 dans le classement international 2011 du degré de perception de corruption établi par l'ONG Transparency International. M. Maliki, lors d'une visite en octobre dernier à la Commission pour l'intégrité (CPI), le principal organisme de lutte contre la corruption en Irak, avait ainsi dépeint «terrorisme et corruption» comme les deux faces d'une même pièce. En cause sont l'inadéquation du cadre juridique mis en place après l'invasion américaine de 2003 et les pressions et menaces qui pèsent sur les fonctionnaires chargés d'empêcher les détournements, en particulier au plus haut niveau, selon le SIGIR. Il détaille notamment le cas emblématique d'un ancien ministre de la Défense, Hazim al- Chaalan, poursuivi par la CPI pour avoir détourné près de 1,3 milliard de dollars via des contrats d'armement lancés en 2004-2005. L'ex-ministre et son bras droit, par la suite condamnés par contumace pour ces faits, n'ont jamais été extradés et mènent aujourd'hui «une vie confortable à l'étranger», note le rapport. Celui qui a conduit l'enquête à l'époque, et dirigé de 2004 à 2007 la Commission pour l'intégrité, Radhi Hamza al-Rhadi, vit aujourd'hui aux Etats-Unis en raison de craintes pour sa vie. Il dit avoir fait face à des obstacles titanesques au début de sa mission. «Les dirigeants ne prenaient pas notre agence anti-corruption au sérieux. L'idée même d'une agence indépendante autorisée à lutter contre la corruption était nouvelle en Irak et par conséquent mal comprise et acceptée. Le Premier ministre (de l'époque, Iyad Allawi, ndlr) ne comprenait pas pourquoi il ne pouvait pas nous donner d'ordre comme au reste du gouvernement", témoigne-t-il dans le rapport. L'un des obstacles auxquels s'est notamment heurtée la Commission est l'article de loi 136b, qui permet à un ministre de bloquer toute enquête à l'encontre d'un de ses employés. Le Premier ministre de l'époque s'était même appuyé sur cette loi, bien qu'elle ne l'y autorise pas, pour assurer l'immunité de ses ministres : il a ainsi empêché des poursuites contre son ministre des Transports, relate M. Rhadi. L'article controversé a fait l'objet l'an dernier d'une offensive du Parlement irakien, qui l'a invalidé. Mais un recours a été déposé auprès de la Cour suprême qui pourrait décider de le rétablir, déplore le SIGIR. M. Maliki, que ses détracteurs accusent d'autoritarisme rampant, a parallèlement obtenu de la Cour suprême en janvier 2011 que la CPI et d'autres institutions indépendantes comme la Banque centrale, la Commission électorale et la Commission des droits de l'homme soient placées sous l'autorité du gouvernement. Rahim al-Uqali, qui avait repris en janvier 2008 la tête de la CPI, en a démissionné en septembre 2011 en dénonçant les pressions politiques dont il faisait l'objet. «La lutte pour voler l'argent et les propriétés de l'Etat est en fait la partie cachée du combat pour le pouvoir aujourd'hui en Irak», affirmait- il dans une lettre ouverte publiée peu après. «Aucune instance luttant contre la corruption ne peut travailler de manière efficace sans un réel soutien politique», accusait-il.


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