Algérie

L'Irak menacé de partition



L'Irak menacé de partition
Le général américain Raymond Odierno est très à l'aise, affirmant que ses propos sur l'Irak n'engagent que sa personne.Et pour cause, il a quitté son poste et l'armée américaine pour jouir de sa retraite. Mais même dans de telles conditions, parle-t-il réellement pour lui et ne doit-on considérer ses propos, ou plutôt son point de vue sur le devenir de ce pays, que comme un avis strictement personnel, mais qui a pourtant réagir le Premier ministre irakien ' Haider Al Abadi les a tout simplement condamnés, les considérant «irresponsables». Selon son bureau, il s'agit de «propos irresponsables qui reflètent une ignorance de la réalité irakienne», mais sans en être éloignés, soutiendront nombre d'analystes, effrayés par ce qui se passe dans ce pays depuis les élections qui ont suivi la seconde guerre américaine lancée en mars 2003.Dès 2005, le pays a basculé non pas selon le schéma de la majorité politique, mais confessionnelle ou éthnique, voire même démographique, déplaçant le centre du pouvoir vers la majorité démographique et là, il s'agit des chiites, alors que pendant des décennies il était détenu et exercé par la minorité sunnite. Ce changement n'a pas été sans conséquence, avec l'adoption d'une nouvelle Constitution qui a favorisé une espèce de partage du pouvoir entre communautés (un Président kurde, un Premier ministre chiite et un président de Parlement sunnite) sans la moindre illusion sur le véritable détenteur du pouvoir.Encore que la situation liée ou découlant de cette nouvelle réalité ne s'arrête pas là, puisque le pays était devenu le théâtre d'affrontements interéthniques et confessionnels, avec au bout une recomposition démographique de l'Irak.Certains analystes n'ont alors pas hésité à parler de nettoyage ethnique, avec des déplacements de populations vers des entités considérées comme ethniquement homogènes. C'est cela la nouvelle réalité irakienne, vécue très durement ces dix dernières années.Et beaucoup ont mis en garde contre cette espèce de punition collective infligée de manière constitutionnelle à une communauté, stigmatisée et condamnée pour ce qu'elle n'a pas fait elle-même, le pays entier ayant vécue sous la dictature de Saddam Hussein. Les premiers à avoir franchi le pas sont les Kurdes qui vivent sous autonomie depuis 1992 et qui multiplent les signes de souveraineté, avec de larges complicités comme dans l'exploitation et la commercialisation du pétrole, ce qui agace les autorités centrales sans jamais chercher à y mettre le holà.Quant aux sunnites, ils crient à l'exclusion, vivant en outre essentiellement dans des territoires sans la moindre richesse, contrairement aux chiites. Mais est-ce là l'essentiel alors que l'Irak a toujours vécu et existé grâce à sa diversité ethnique et confessionnelle ' Comment, dans de telles conditions, reconstituer le puzzle ' Mais est-ce possible alors qu'il connaît une partition de fait 'Le déjà ancien chef d'état-major de l'armée américaine considère que la réconciliation entre chiites et sunnites en Irak devient de plus en plus délicate ; il assure qu'une partition du pays «pourrait être la seule solution» pour régler le conflit confessionnel, prédisant un avenir dans lequel «l'Irak ne ressemblera plus à ce qu'il était par le passé».Ce qui est déjà le cas si l'on en juge par ce qu'il vit depuis vingt années.La boîte de Pandore venait d'être ouverte disait-on alors et l'on se demandait s'il était possible de la refermer. L'on se rend compte que rien n'a été fait. Pis, considèrent de nombreux observateurs, ce pays a été aussi victime de ses dirigeants qui ont au moins cumulé les maladresses et, de ce fait, creusé davantage le fossé qui commençait à séparer les différentes communautés. Faut-il en parler comme de simples erreurs 'La question est d'autant plus sensible que, rapportée à la situation que le Proche-Orient vit dans son ensemble, elle devient source d'inquiétude. Elle fait peur, et même terriblement.




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