Algérie

L'iode, dernier essai



L'iode, dernier essai
C'est un mérou, venu à la rédaction d'El Watan déposer une lettre mouillée retrouvée sur le cadavre d'un homme noyé dans l'Atlantique, entre la Guinée et l'Antarctique, son GPS, mouillé, étant hors d'usage : «Bonjour. D'abord, tu es venu alors qu'on était déjà là. A cette occasion, on s'est rappelé que quand tu étais parti, il y a longtemps, on est restés ici.Ensuite, tu nous as flattés tout en nous rabaissant, puis une fois installé tu ne nous as jamais plus adressé la parole. C'est vrai, tu nous as donné du lait, du sucre et de l'huile, là où on cherchait du sens, de l'amour et de la grandeur. Puis tu as amené tes amis, tes cousins, tes frères et les enfants de ton village. Nous n'avons rien dit, je suis moi-même le fils d'un village.Mais tes amis ont pillé, volé et détourné et tu n'as jamais rien dit. Au contraire, tu leur as pardonné, tout comme tu as pardonné à ceux des GIA qui ont tué ma famille. J'ai pardonné ton pardon, tu n'as jamais compris ce que je faisais.Ensuite, tu nous as envoyé la police, les impôts, la gendarmerie, la daïra et les voyous. Mais maintenant que tu nous envoies les mêmes islamistes qui ont semé la mort chez moi quand tu n'étais pas là, ça devient difficile.Tu n'as jamais su quoi faire de nous et je ne sais pas quoi faire de toi, occupé, je sais, à gérer tes ennemis et payer tes amis. J'ai un petit jardin et un puits, je peux comprendre. Le pétrole n'est plus et tu veux le remplacer par le gaz de schiste, moi qui ne vis que d'agriculture et donc d'eau, je n'ai pas d'avis sur la question mais je sais, parce que je suis là, que bientôt, il n'y aura plus d'argent et tes amis vont vouloir nous tuer, tout comme peut-être on va vouloir tuer nos frères.Tu n'as rien laissé, tout dépensé et tu nous demandes de prier, nous qui avons longtemps prié pour que Dieu nous donne des dirigeants éclairés. Je ne sais quoi faire de tes ministres et walis milliardaires et incapables, mais tu es chez toi.Sauf que je suis aussi chez moi, mais j'ai décidé de partir. Je ne sais pas nager, mais je vais apprendre car on apprend à tout âge, tu devrais t'y mettre. Merci.»Une fois la lettre mouillée déposée, le mérou n'a pu retourner chez lui, dans la mer. Il a été mangé par l'agent de sécurité. Grillé, avec des herbes. D'après lui, pas le mérou, c'était très bon.




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