Algérie

L?invité surprise



Branle-bas de combat hier dans les rédactions des médias publics : la journée du 8 avril qui marque la 4e année du second mandat de Bouteflika a été l?occasion pour la presse publique de dresser un bilan de la mise en ?uvre du programme présidentiel estampillé du label de qualité du meilleur cru que l?Algérie indépendante ait eu à produire. La Radio nationale s?est distinguée du lot en offrant à ses auditeurs une journée entière « fil rouge » dédiée à l?action du président Bouteflika. Toutes les émissions habituelles du jour diffusées hier sur l?antenne se sont mises au goût de cet anniversaire pour relever, à l?unisson, les acquis réalisés dans tous les secteurs de la vie nationale au cours de ce second mandat. Des ministres invités sur le plateau de la Chaîne III outrepassant les règles les plus élémentaires de l?obligation de réserve se sont ainsi retrouvés non pas à défendre le bilan de leur propre secteur mais à faire la promotion de Bouteflika selon un procédé qui ramène l?Algérie et la pratique du pouvoir aux années du pouvoir personnel et du « zaimisme ». C?est la première fois que les médias publics se mobilisent ainsi pour marquer l?anniversaire de l?élection de Bouteflika et inscrire cette date sous le sceau de la postérité, à coup de bilans de réalisation et d?avalanche de chiffres qui plaident tous pour souligner que le second mandat présidentiel est un succès de bout en bout. Même la presse de la coalition gouvernementale s?y est mise de la partie. L?initiative en soi n?aurait suscité aucun doute et interrogation si elle répond véritablement à un besoin d?informer objectivement l?opinion publique sur le bilan de l?actuel mandat finissant de Bouteflika. Tout laisse penser dans la manière dont on s?y prend que c?est loin d?être l?objectif de la célébration bruyante de l?an IV du mandat présidentiel par les médias publics ; une célébration déclinée sur le même ton et le même mode qui conjugue le mot succès au passé, au présent et au futur, dans la perspective, suggérée, d?un troisième mandat. Le fait de dresser le bilan maintenant, alors qu?il reste encore une année de la fin du mandat de Bouteflika, n?est certainement pas l??uvre isolée de quelques flagorneurs en chef officiant dans les rédactions publiques. Le mot d?ordre pour la messe politico-médiatique qui a été célébrée hier sur nos ondes est venu, on l?aura compris, de plus haut. Le tout est de savoir quel est le but recherché du bilan avant l?heure de Bouteflika ! Pourquoi cet excès de précipitation surtout qu?il n?est pas dans les usages politiques en Algérie de dresser des bilans annuels de l?action présidentielle ? Cherche-t-on, par procuration, à défendre un bilan d?un président qui prépare sa retraite politique avec le sentiment du devoir accompli, ou à préparer l?opinion au scénario de la succession par le haut qui se dessine à grands traits, à savoir celui de la candidature de Bouteflika à un troisième mandat.


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