Algérie

L' invité du mois - Yamina Bachir Chouikh : Au nirvana du cinéma



L' invité du mois - Yamina Bachir Chouikh : Au nirvana du cinéma
Photo : Slimene S.A. Yamina Bachir Chouikh réussit cet exploit singulier : être couverte de distinctions dans les festivals les plus glamours du monde du cinéma tout en cultivant une image d'indépendante. Yamina Bachir Chouikh, réalisatrice virtuose, s'impose désormais comme l'une des meilleurs cinéastes algériens actuels. Réputation non usurpée, talent certifié. Portrait d'une réalisatrice à part. Elle est réalisatrice du film «Rachida». Elle a été primée dans plusieurs festivals à  l'étranger en 2001. Elle a produit le long métrage de son époux, Mohamed Chouikh, «Douar N'ssa». Elle a collaboré avec plusieurs cinéastes dont Merzak Allouache pour «Omar Gatlato» et Mohamed Lakhdar Hamina pour «Vent de sable». Elle a également collaboré avec Okacha Touita. Avec plusieurs titres, cette grande dame au regard pénétrant derrière ses lunettes fines qu'encadre un visage volontaire, à  la silhouette frêle, la cinquantaine alerte, fait souffler un vent nouveau dans la créativité. Dans son domaine, s'entend. Le parti pris esthétique de Yamina Chouikh est de faire entendre la création par le biais d'une langue simple mais non dénuée de sens. Le regard que Yamina Chouikh porte sur celle-ci est sans condescendance. Cette langue, même si elle n'est pas d'une pureté académique, est créative avec un sens certain du rythme et du joli verbe. Le point de vue peut surprendre. Dans l'oralité de la déclaration de Yamina Chouikh, les sous-entendus, les zones d'ombre et autres détails interviennent dans un discours qui offre des digressions sur notre existence, et ses relations avec autrui. Quand elle évoque les moments passés avec ses collègues, Mme Chouikh les relate avec une émotion mal dissimulée. Elle donne l'impression de parler de ses propres frères ou de ses enfants. Ce qu'elle a apporté à  son entourage qui excellera par la suite dans le 7e Art, n'est, pour elle, qu'une modeste contribution. Elle est très heureuse de les voir réussir. Valeurs, qualités et travail ont beaucoup fleuri après la formation. Elle bifurque sur le sujet qui lui tient à  cœur et qui l'habite : le cinéma. Car, dit-elle, il s'agit d'un précieux savoir-faire qu'il faut partager. Seulement, il convient de savoir qu'il faut exercer son métier par vocation et non pour des objectifs matériels ou à  des fins personnelles.  Elle, qui s'accroche à  ce métier malgré sa précarité, connaît tout bonnement sa valeur et le porte comme un sacerdoce, nourrissant l'espoir de trouver un jour une industrie cinématographique pour sauvegarder ce précieux patrimoine dont la préservation demande des moyens conséquents qui ne peuvent àªtre acquis ou réhabilités, soutient-elle, qu'avec l'appui de l'Etat et une politique judicieuse en ce sens.   APPRENDRE à TOUT à‚GEUn métier loin d'être une sinécure. Il ne peut s'apprendre en un temps et trois mouvements. Il requiert une patience à  toute épreuve et un apprentissage au long cours que seuls les passionnés peuvent endurer. Certes, les jeunes d'aujourd'hui veulent pour la plupart sexceller dans la facilité, et seuls quelques irréductibles qui portent le métier «dans la peau»Â  continuent bon an mal an à  l'exercer. Yamina Chouikh s'escrime depuis plusieurs années à  se «débrouiller» pour perpétuer un tant soit peu cet héritage familial qui coule dans ses veines, à  telle enseigne qu'elle n'a pu y renoncer malgré des moments de découragement et d'envie d'agiter le drapeau blanc et de tout laisser choir. Le secret de sa vitalité ' Yamina est pleine d'humour, de loufoquerie, de sagesse, d'intelligence curieuse. Cette combinaison de dévouement et de talent l'a conduite à  suivre cette voie. Même si la perfection est l'apanage de Dieu, Yamina Bachir Chouikh en est éprise. Preuve à  l'appui, elle veille à  parfaire son travail. Elle arrive avec peine à  se faire à  l'idée que ce métier, jadis porté en haute estime, soit «Â enterré » dans l'indifférence des siens, en même temps que la mémoire des maîtres qui l'ont transmis. Comme ses propres aînés qui lui ont enseigné après l'avoir eux-mêmes appris auprès de leurs maîtres. Une chaîne de transmission constituée de noms de cinéastes connus et jouissant de la  plus haute estime des anciens d'Alger.  Yamina Chouikh continue vaillamment de résister et d'œuvrer au développement de l'art du cinéma. Générosité et humilité semblent constituer les deux principales vertus de cette illustre réalisatrice. Généreuse, elle continue de transmettre à  son tour un précieux savoir-faire, porté à  bout de bras des décennies durant. Humble, elle fait part de son souhait d'étudier et d'approfondir ses connaissances en la matière. Car, dit-elle, on apprend à  tout âge. C'est un peu comme la mer. On a beau l'observer mais on est loin d'avoir percé tous ses secrets. Sa carrière ne se résume pas à  deux trois films grand public mais à  une longue traversée semée d'embûches avec des films fascinants et bien faits. Des films complexes, subtils, d'une grande richesse émotionnelle qui montrent que Yamina Bachir Chouikh a une double face professionnelle : celle qui célèbre l'amour mais aussi l'autre, plus sombre, qui fait grincer des dents.                                 APRÈS LE SUCCÈS CRITIQUE, LE SUCCÈS PUBLICLe public viendra définitivement vers Yamina Bachir Chouikh avec «Â Rachida », un film sélectionné à  Cannes. Ce long métrage a eu ensuite un succès planétaire. Puis elle produit «Â Douar N'ssa » qui, faut-il le rappeler, a eu un bon parcours avec des prix à  Rotterdam (Pays-Bas) et à  Montréal (Canada). Sur la lancée, elle a dernièrement produit le court métrage de Yasmine Chouikh, «El Djinn», qui a eu des échos favorables auprès des spécialistes. Il a d'ailleurs été projeté au short coner du festival de Cannes.Cette manifestation se propose d'être un espace international de rencontres et d'échanges entre professionnels, producteurs, distributeurs, sélectionneurs, acheteurs, institutions cinématographiques et réalisateurs. Il est frappant de constater que l'ensemble des films de Yamina Bachir Chouikh est d'une qualité et d'une maîtrise qui forcent le respect. Non seulement son œuvre fait passer avec succès des idées engagées, elle porte également un regard singulier, parfois critique et cependant plein de convictions.Le succès de Yamina Bachir Chouikh n'est pas fortuit. Sa passion pour le cinéma remonte à  une enfance bercée au sein d'une famille cultivée. Elle revendique un style propre, des repères, des influences, une manière de jouer toute différente…Bref, tout pour mériter comme il se doit le prestigieux titre de professionnelle. Yamina Bachir Chouikh cherche constamment à  répondre aux goûts multiples de ses aficionados et multiplient les thèmes reflétant le vécu et inspirés de la réalité sociale et parfois du terroir, introduisant des scènes expressives en interaction avec le public, sans exclure la rigueur et l'assiduité. Profitablement, encore bon pied bon œil, elle se sent plus que jamais disposée à  poursuivre sa production altruiste et désintéressée jusqu'à la fin de sa longue et utile existence. Exercer ses responsabilités professionnelles tout en affirmant son attachement viscéral à  la création est une prouesse qui exige du talent et de l'abnégation. Durant toutes ses années de carrière, Yamina Bachir Chouikh n'en finit pas de cumuler les éloges. Sous l'impulsion de ses admirateurs, elle se plaît à  multiplier les idées de création et développe son penchant. L'essentiel pour Yamina Bachir Chouikh est de partager des moments de plaisir, d'échanger librement ses idées. Enfin, àªtre soi-même. Tout un message que cette artiste veut extérioriser et communiquer d'humain à  humain par le biais des discours librement exprimés, comme elle se plaît à  l'affirmer.


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