Boumerdès est la wilaya
d'Algérie qui souffre le plus en 2011 de l'insécurité terroriste. Zemmouri, Legata, Sidi Daoud, Baghlia, jalonnent
la chronique des
«rubriques» «attentats et faux barrages». La wilaya recèle pourtant un vrai
potentiel de développement. Qui reste à quai. Enquête sur la crise de ce
territoire paradoxal où cohabitent un investissement
public fossilisé par la bureaucratie et des promoteurs privés échaudés.
Tous les
septuagénaires sont nostalgiques de quelque chose. Ahmed réside à Baghlia sur les bords du oued Sebaou,
une localité toujours pas sortie vraiment des mauvaises années de l'Algérie. Son
regard s'évade lorsqu'il parle du littoral de Dellys
d'avant la guerre civile. «Un paradis touristique aussi bien pour les Algériens
que pour les étrangers. Tout le littoral allant jusqu'à Figuier était animé. Même
la nuit. L'usine de fabrication de vannerie de Dellys
fonctionnait très bien. L'artisanat était prisé par les touristes. Maintenant, même
les abribus sont divisés entre ceux des femmes et ceux des hommes. Il n'y a
plus de place pour le tourisme. Les investisseurs renoncent. Le chômage a pris
une ampleur effrayante. C'est triste.» Ce constat, M. Djenati
Hadj, élu à l'APW de Boumerdès,
le partage amplement. «Depuis 2003, il n'y a pas grand-chose en matière de
développement, voire, c'est la stagnation.». La succession de trois walis à la
tête de Boumerdès est une première raison souvent
évoquée pour expliquer le surplace du développement dans l'arrière-pays de Boumerdès. «A chaque fois qu'un nouveau wali vient, une
année est perdue dans l'étude et l'exploration des dossiers. On a ainsi perdu
au moins trois années» déplore Djenait Hadj. Autre
source de blocage, plus surprenante celle-là, la qualité des terres dans la
wilaya. Elles sont presque toutes arables, difficiles à déclasser au profit des
projets industriels. «Cela a, par exemple, retardé la réalisation de la zone
industrielle de Khemis el Khechna.».
Il y a aussi un gros déficit de coordination dans la gouvernance locale. Pas de
la faute du pouvoir central, cette fois. «Les faits sont là : Le budget dont a
bénéficié la wilaya de Boumerdès depuis 2003 à ce
jour n'a peut-être été alloué à aucune autre wilaya. On aurait pu faire de Boumerdès un immense pôle urbain. Cependant, d'énorme
problèmes, relatifs au manque de coordination entre les élus et
l'administration bloquent la mise en marche des projets, notamment dans
certains daïras comme Bordj Menaïel.» Cette faiblesse
du management des projets paralyse l'investissement public. «Il y a, par
exemple, des projets qui végètent depuis 2004».
L'INVESTISSEMENT
PRIVE AU COMPTE-GOUTTES
Les
investissements privés n'arrivent pas à faire la soudure avec l'effort du
public. Toujours présents, certes. Mais en trop petit nombre. L'insécurité, le
racket, les enlèvements, font réfléchir bien plus qu'ailleurs les porteurs de
projets. Mais en dépit de ce tableau : les nouvelles entreprises privées créées
dans la wilaya progressent. Selon les statistiques livrées par la directrice
l'antenne CNRC de Boumerdès, le nombre de sociétés
suit une augmentation permanente dans la wilaya. «En terme de nombre, Boumerdès n'occupe pas la place qui lui revient dans
l'échiquier économique. Pour une wilaya qui compte 757 575 d'habitants, 3229
sociétés est un chiffre très minime, il représente à peine 0.4 du nombre global
de la population, soit même pas une seule société pour 200 habitants». Signe du
retard, toute la wilaya de Boumerdès ne recèle que 82
sociétés par action en 2011. Le niveau de l'activité informelle y est réputé
plus élevé qu'ailleurs. Autre tare nationale qui devient caricaturale à Boumerdès le penchant pour le commerce. «Sur les 3229
sociétés que compte la wilaya de Boumerdès seules 1671
interviennent dans la production» déplore la directrice régionale du CNRC. Bonne
surprise, il existe des investisseurs étrangers dans la wilaya de Boumerdès. 96 sociétés sont recensées. Pour leur majorité
dans les zones industrielles de la Mitidja-est ou dans la
ville de Boumerdès intra-muros. Pour l'archipel
mouvant des Baghlia, Sidi Daoud,
Dellys, Cap Djinet, Zemmouri, Legata, le capital
étranger est invisible. Et la vie locale immobile.
UN ESPOIR POUR LA PARTIE OUEST DE LA WILAYA
Tout n'est pas
pour autant à désespérer. Au moins, dans un premier temps, pour la partie ouest
de la wilaya. Le chef-lieu est à une cinquantaine de kilomètres à peine d'Alger
: la modernisation du train, l'ouverture de l'autoroute Est-Ouest
dans le massif du Zbarbar, vont accélérer le
désenclavement de cette wilaya tampon entre Alger et la Kabylie. L'agriculture,
avec 60% de terres arables, et le tourisme et les 70 km de littoral, peuvent
tirer Boumerdès vers le haut. Et réduire le retard
avec des wilayas au profil similaire comme Blida, Chlef
ou Tizi-Ouzou. Avec l'arrivée du nouveau wali, «Boumerdès
commence à retrouver sa dynamique d'antan». Signe encourageant, la fluidité
dans la gestion des projets locaux est peut être de retour : exemple : «la
commune de Oueld Hedadj a
consommé tous les budgets qui lui ont été alloués. La réalisation d'une zone
industrielle à Khemis El Khechna,
longtemps retardée, a pris son élan, de même que celle de la zone d'activités à
Larbatache. Ces deux zones vont certainement attirer
des investisseurs qui vont redonner un souffle au développement dans la région»,
pronostique l'élu à l'APW. L'archipel «dangereux» de
la partie Est et Sud de la wilaya de Boumerdès devra,
lui, attendre un peu plus. Tout le monde pense cependant que le projet d'un
grand port du centre à Cap Djinet est la réponse
stratégique pour faire changer de rubrique à Dellys, Zemmouri et Legata. !
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Posté Le : 01/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Amar Ingrachen
Source : www.lequotidien-oran.com