Algérie

L’investissement industriel à Bejaia



Le privé en pole position Le secteur industriel de Bejaia, qui se limitait il y a quelques années à une briqueterie, une huilerie-savonnerie et quelques unités artisanales de conditionnement de câpres, olives et anchois a pris véritablement son envol au début des années 70. Dépendant à l’époque de la wilaya de Sétif, Bejaia a bénéficié de quelques retombées du plan spécial de Sétif. C’était l’époque de l’économie dirigée, calquée sur le modèle soviétique en l’occurrence, le premier plan de développement socialiste où la priorité était donnée à l’industrie industrialisante et dans une moindre mesure aux industries manufacturières. C’est aussi à cette époque que nos décideurs, rompus à l’exercice difficile de la prospective, ont accouché d’un projet, d’un site affecté à la zone industrielle qui s’est vite retrouvé entouré d’habitations.Leur vision étriquée, n’a tenu qu’une poignée d’années à la grande joie du peuple passé maître dans l’art de la dérision et de la raillerie. L’unité grue, celle du jute avec une production de plus de 850.000ml, Alcovel avec 4.500.000 ml de velours, la GMS pour la menuiserie, tout en favorisant l’emploi ont été créateurs de valeur ajoutée. La filière textile à elle seule employait plus de 5.000 ouvriers. Un deuxième complexe huilerie a vu le jour. L’embellie a été ultracourte car, bien vite, ces unités gérées comme des épiceries sont devenues les tiroirs-caisses des fossoyeurs de notre économie. L’Etat avait beau injecter chaque année des milliards, rien n’y fait. Le déficit s’est bien vite transformé en gouffre sans fond et la production déjà bien maigrelette, en chute libre est devenue nulle. De ces joyaux éphémères, aujourd’hui, il ne subsiste que quelques unités textiles dont le géant Alfaditex, Alcost, quelques unités agroalimentaires... Les années 90, les plus sombres de notre histoire, furent paradoxalement celles d’une grande vitalité économique. La relative stabilité de la région et l’ouverture du pays sur l’économie de marché furent les moteurs d’une industrialisation pilotée par le privé local. Des zones industrielles, très actives, versées surtout dans l’agroalimentaire naquirent et prospérèrent à Akbou surtout (Taharacht) et El Kseur, ravalant celle de Béjaïa l’historique au rang de zone moribonde. L’imagination des privés prit la forme de transfert de technologie de joint-venture menée à bien et de prise de participations. La plus belle des réussites s’appelle sans doute Cevital. En l’espace de quelques années, M. Rebrab qui, au départ, a osé un pari que personne ne voulait pendre : celui d’investir dans une zone maritime marécageuse. Pari fou, disait-on à l’époque! Une poignée d’années plus tard, Cevital est devenu un groupe très solide, admirablement géré et à l’ambition démesurée (dans son acception la plus positive!) Huilerie gigantesque qui, non seulement couvre l’ensemble des besoins nationaux, mais exporte une partie des surplus, margarine, sucre. D’autres, dans une moindre mesure, ont suivi à peu de choses près le même cheminement, le groupe Batouche à Akbou, patron de Danone Djurdjura (240T/J), de CK Fleisch (transformation de viande, Général emballage (45 millions de m2) de plaques en cartons ondulés, Sarl Ifri roi du soft drink et de l’eau minérale du même nom, de Tchin lait patron de Candia (47 millions de litres de lait et 1 million de l’ben) du groupe Toudja champion des jus. A cela s’ajoute une foultitude de minoteries, une dizaine, ce qui fait de Béjaïa le numéro un de l’agroalimentaire. Premier en yaourts et autres produits laitiers, en jus et limonades, en eau minérale, en semoule et farine... Cette aisance, les privés la doivent à certaines vertus cardinales, qu’ils ont, d’abord, bien assimilées, avant de les inculquer aux autres. Ce ne fut pas sans difficultés tant nos ouvriers étaient en délicatesse avec le travail. Aujourd’hui, le chômage aidant, tout le monde redécouvre les vertus du travail et bien peu rechignent à la tâche. Pendant ce temps, les unités publiques, sous perfusion, ferment les unes après les autres. Dernière sur la liste, la SMA Kherrata qui fait dans le cuir, la GMS spécialiste en menuiserie l’ENCG fleuron de l’agroalimentaire national fonctionnent au ralenti et, faute de matières premières et de crédits bancaires, en sont réduites à sous-traiter pour les autres, les privés. L’ENMTP fonctionne avec une poignée d’ouvriers. D’abord des grues, puis des passerelles, puis rien... Le jute n’a plus sorti un sac depuis Mathusalem. Liquidé, lessivé, le secteur public! Le secteur privé dont il ne faut surtout pas penser qu’il a prospéré sur le dos des unités publiques, a emprunté des chemins différents. Le bœuf avant la charrue et non l’inverse! L’étude de marché, de faisabilité avant l’usine et les machines en somme. Sans imiter surtout les pays aux piètres performances. Des groupes comme Danone, Soummam, Ifri, Candia, sont présents sur tout le territoire national. L’avenir est à eux s’ils font de l’adaptation à toute nouvelle donne une priorité et s’ils bénéficient surtout de toutes les facilités nécessaires au niveau des centres de décision. Un privé fort, c’est l’assurance d’une croissance forte, de la pérennité de l’emploi et de la prospérité de la région et partant du pays.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)