Algérie

L'inutile «machin»



L'inutile «machin»
C'est un Français, et quel Français, Charles de Gaulle, qui, en lançant «le machin qu'on appelle l'ONU», a affublé cette institution internationale d'un qualifiant qui finalement lui va comme un gant. Et ce qui était valable dans les années 1950/1960, l'est encore plus aujourd'hui. Jamais l'Organisation des Nations unies (ONU) n'a foulé aux pieds aussi gaillardement les engagements pris dans sa Charte lors de sa fondation. Les puissances qui avaient signé ce document fondateur s'étaient engagées «à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes, ainsi que des nations, grandes et petites, à créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international». A ces fins, les grandes puissances, qui avaient déjà commencé à se partager le monde en zones d'influences, s'étaient engagées «à pratiquer la tolérance, à vivre en paix l'un avec l'autre dans un esprit de bon voisinage, à unir nos forces pour maintenir la paix et la sécurité internationales, à accepter des principes et instituer des méthodes garantissant qu'il ne sera pas fait usage de la force des armes, sauf dans l'intérêt commun». Que reste-t-il de ces quelques principes et qu'a fait l'ONU pour les appliquer ' Rien. La preuve, la m' et le b' qu'est devenu le monde, pour «les petites nations» que la Charte prétendait traiter sur le même pied d'égalité que celles qui font et défont le monde, selon leurs intérêts économiques et/ou géostratégiques. Pour faire bonne mesure, des résolutions sont pondues à chaque fois qu'une violation un peu trop grosse à faire passer le nécessite, pour désamorcer une situation explosive. Les forces au sein du Conseil de sécurité sont relativement bien équilibrées. Chaque membre a son pré-carré couvert pas son véto. Et c'est bien comme ça. La demande d'élargissement de cette «commission du véto» à d'autres représentants des «petites nations» est toujours pendante. Il ne s'agit pas d'ouvrir la porte à des voies qui pourraient perturber les équilibres, déjà pas toujours faciles à maintenir. On peut imaginer les conséquences d'une telle action avec le vote pour la création de l'Etat palestinien, la non-application des plus de 65 résolutions contre Israël, la guerre contre l'Irak et l'Afghanistan, les opérations de déstabilisation et/ou de partition de pays, arabes particulièrement, dérangeants'
Le blanc-seing accordé, à l'unanimité, par le Conseil de sécurité au déclenchement par la France d'une guerre au Mali, s'inscrit dans cette logique qui «légalise» toute action engagée par une puissance, pour peu qu'elle trouve une place dans ce fourre-tout où se retrouvent l'humanitaire, la lutte contre le terrorisme transfrontalier, la famine, la défense de la démocratie, des libertés des peuples' et toutes ces belles choses énumérées justement dans la Charte de l'ONU qui a, aujourd'hui, autant de poids que ses résolutions, conventions et traités.
La France déclare avoir répondu à une demande d'aide du président malien. Ni une ni deux, son homologue Français, François Hollande, ordonne l'envoi de troupes armées et affirme qu'il en allait «de l'existence même d'un Etat ami, le Mali, de la sécurité de la population'». C'est beau, c'est chevaleresque, mais pourquoi cette magnanimité présidentielle ne va pas aussi du côté d'autres populations qui n'ont cessé de demander l'aide de la France pour que cet «Etat ami» qu'est le Maroc applique les résolutions de ce machin qu'on appelle l'ONU qui prônent l'autodétermination et exigent la décolonisation du Sahara occidental ' La France s'est bien impliquée, mais aux côtés de l'ami qui a offert tant de riadhs à des personnalités françaises, de Droite comme de Gauche. Même l'Union européenne, qui soutient la guerre française au Mali, a oublié la légalité quand elle a signé des contrats avec le Maroc pour l'exploitation de ressources sahraouies. Ansar Eddine, le Mujao et Aqmi sont, certes, des organisations terroristes qu'il faut combattre. Mais le combat ne se mène pas uniquement sur le terrain militaire. Il faut couper ces groupes de leurs sources de financement, mais aussi réduire leurs capacités de recrutement qui leur permettent de se reconstituer après chaque revers.
Or, la pauvreté et la misère dans lesquelles sont plongées ces populations du Sud sont un terreau aussi fertile que l'oisiveté et la perte de repères identitaires, culturels, cultuels et civilisationnels, qui alimentent les rangs des terroristes dans les grandes villes du Nord. Dans le Sud, il y a un autre combat qu'il aurait fallut mener bien avant sur le terrain économique, social et politique, si vraiment on s'inquiétait de la sécurité de toutes ces populations qui vivent en sursis et sont donc prêtent à «se vendre» à une organisation distribuant argent et denrées alimentaires que ni l'Etat ni tous ces «amis» des libertés et de la démocratie n'ont assuré. La guerre au Mali va bien finir un jour et laissera certainement des traces et des fractures qui mettront du temps pour disparaître et se réduire. Mais aurait-on pour autant extirpé le mal qui a généré toutes ces déviances et violences ' Rien n'est moins sûr.
H. G.


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