Algérie

L'inutile activisme islamiste



L'inutile activisme islamiste
Les élections législatives sont déjà de l'histoire ancienne pour la grande majorité des Algériens. Ces derniers sont préoccupés par le coût de la vie et les moyens d'y faire face. Pourtant, les islamistes, version Frères musulmans ou salafistes, essayent d'attirer l'attention en mettant en avant un argumentaire politique qui ressemble à une opposition radicale.Cette nouvelle posture est surtout dictée par la «gifle» que leur a infligée le corps électoral et qu'ils ne veulent pas admettre.Des appels à dissoudre l'Assemblée, à la démission du gouvernement en passant par les dénonciations d'une supposée fraude, les islamistes n'ont pu susciter un quelconque élan de sympathie. Au-delà de l'intérêt des observateurs et de leurs concurrents politiques, personne dans la rue ne semble se soucier du sort de Soltani, Ghoul ou Akkouchi.Les islamistes, les Algériens les connaissent dans les marchés, bazars et autres boutiques. Ils savent que la majorité d'entre eux sont des corrupteurs de douaniers et d'agents de la police des frontières. Ils savent aussi que derrière leurs barbes qui rappellent celle de Sidna Aïssa (Jésus ; Ndlr), il n'y a ni compassion ni commisération.Pour les Algériens, les islamistes ne sont plus des révolutionnaires mais les représentants de la bourgeoisie compradore et marchande. Ils n'ont plus l'attrait des islamistes tunisiens, libyens, égyptiens ou syriens.Leur discours sur la justice divine est contredit par les actions de leurs proches. Le train de vie des leaders et de leurs proches a enlevé toute «sainteté» à un comportement qui a fait leur force durant les années 1980 et début 90. Qu'ils soient de l'ex-FIS, du MSP ou de tout autre nouveau sigle, les islamistes sont vus comme des opportunistes qui mangent à tous les râteliers. Il est bon de faire affaires avec eux mais ils ne bénéficient d'aucun crédit pour gérer les affaires du pays.Leur activisme et agitation à la veille des échéances électorales locales n'intéressent pas grand monde. Un concert de Baâziz, Amazigh Kateb, Tinariwen ou Zahouania a plus d'impact chez les jeunes que des discours hors du temps tenus dans des mosquées ou des cercles partisans.L'Algérien vit sa foi comme il l'entend. Les partis politiques, «ces assoiffés de pouvoir», ne l'intéressent pas et encore moins les «hypocrites». Les plus âgés ont fait la révolution de Novembre et se souviennent que les Oulémas n'ont rejoint le FLN qu'en 1956. Les quinquas ont fait la révolution du printemps berbère et d'octobre 88 et ils se souviennent que les meneurs étaient des démocrates, des syndicalistes et des militants communistes. Les islamistes ont détourné le fleuve de la démocratie pour en faire un fleuve de sang et de terreur.Pour les plus jeunes, les islamistes sont responsables de la décennie noire qui dure depuis 22 ans.L'activisme islamiste de 2012 est bien inutile. Il est très difficile de se refaire une virginité après avoir mis le pays à feu et à sang pendant des décennies et partagé le pouvoir pendant 17 ans.
A. E.


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