L'intrigant raid d'une PME calabraise sur le MCA

Une anonyme PME calabraise au chiffre d'affaires rachitique serait sur le point de s'offrir le MC Alger en mettant sur la table 10 millions d'euros… libérable sur 5 ans. Edil Pelicano, c'est le nom de la SARL italienne, va créer une joint venture (JV) en Algérie dans son métier, le BTP, avec un partenaire algérien que personne n'a encore identifié. C'est cette JV qui a obtenu 67% du capital de la SSPA, sur vote du conseil d'administration. Le virement des premiers 3 millions d'euros rendra la transaction effective. Mais le doute s'insinue…

Le Mouloudia Club d'Alger, le plus gros potentiel commercial du professionnalisme dans le football, va parler italien. Pour les membres du conseil d'administration de la SSPA MCA, l'affaire a été tranchée par un vote il y a dix jours. Ouverture et augmentation du capital dans la même opération. Le nouvel entrant prend 67% des actions en apportant 10 millions d'euros, environ un milliard de dinars. Pour comparaison la capitalisation de l'USM d'Alger n'est «que» de 900 millions de dinars après la nouvelle augmentation du capital décidée par l'actionnaire principal, l'ETRHB de Ali Haddad. Mais qui est cet acquéreur providentiel d'un MCA croulant sous 125 millions de dinars de dette et sous la menace d'une faillite commerciale ? Un acteur du BTP, tout comme le groupe Haddad. Mais là où le récit de ce raid devient décoiffant, c'est lorsque est révélée la taille réelle du raider. La société à responsabilité limitée, Edil Pellicano, est une PME de la région calabraise – botte de l'Italie au sud- sans références à l'international. Son chiffre d'affaires de 2010 ne dépasse pas les 10 millions d'euros qu'elle prétend injecter pour recapitaliser le MCA et son résultat financier de 2010 est de 180 000 euros, selon l'enquête d'un journal électronique spécialisé. L'expérience du patron d'Edil Pellicano, Franco Pellicano dans le football en Italie, ne contrebalance pas l'étroitesse de sa surface financière. Présenté dans un premier temps comme actionnaire de référence à la Regina, un club abonné de la série A italienne, son implication concerne finalement le management de l'ASD Hinterregio, un club calabrais de série D, la 5e division italienne. Les références du repreneur du MCA sont ébouriffantes de légèreté. Même par le mode de conquête de la SSPA MCA qui ne sonne pas encore l'alerte. La libération du capital promise par Edil Pellicano se ferait sur… cinq années. La première tranche, à laquelle sont suspendus les actionnaires actuels du MCA, doit porter sur 3 millions d'euros. Une bouffée d'oxygène dans un contexte dramatique. Le commissaire aux comptes a donné la date butoir de fin octobre au conseil d'administration pour renforcer les fonds propres – d'un million de dinars actuellement – afin de désendetter le club. Faute de quoi la SSPA devra être dissoute.

Un mystérieux partenaire algérien de Oued Souf

Le virement des 3 millions d'euros n'est toutefois pas près d'arriver. Une étape intermédiaire qui n'est pas encore finalisée : la naissance officielle de la joint-venture de Edil Pellicano en Algérie. La LFC de 2009 interdit les investissements étrangers majoritaires dans les sociétés algériennes. Le MCA sera détenu par une Edil Pellicano Algérie, elle-même à 51% minimum de capitaux algériens comme l'exige la loi. Mais qui est donc le partenaire algérien qui a amené au pays Franco Pellicano ? Le nouvel homme fort du MCA, Sid Ali Aouf, un cadre du CPA, devenu président du conseil d'administration et relais en son sein de cet investissement venu d'ailleurs, est le premier à ne pas être clair sur l'identité de la partie algérienne de l'opération. Dans l'entourage du club, la piste d'une grande - et nouvelle ?- fortune de la région d'Oued Souf est citée. Ce mystérieux homme d'affaires d'El Oued aurait convaincu Edil Pellicano de venir prospecter des marchés en Algérie… et d'investir 10 millions d'euros au MCA, pour se faire connaître. La visite à Alger de Franco Pellicano a été annoncée et reportée plusieurs fois. La presse sportive, les supporters du MCA et les propriétaires de la SSPA attendent. Aux dernières nouvelles, un virement est parti d'Italie. Mais il est destiné à Edil Pellicano Algérie. Et pas encore au MCA. Les candidats nationaux à la reprise du doyen des clubs ont été surpris par le raid italien. Ils pronostiquent une arnaque au pire, une erreur d'évaluation au mieux.