Algérie

«L'intifadha diplomatique» Le printemps arabe et la question palestinienne



«L'intifadha diplomatique»                                    Le printemps arabe et la question palestinienne
En faisant leur intifadha diplomatique, les Palestiniens ont réussi à faire bouger les lignes.
S'il n'y a pas eu de révolte en Palestine, dans le contexte du printemps arabe, c'est bien parce que la Palestine est depuis toujours dans un cycle d'intifadhas. «Une révolte contre l'Autorité palestinienne est donc retardée, même si elle paraît justifiée», souligne le professeur Jean-Paul Chagnollaud, qui tient à préciser que les jeunes Palestiniens sont plutôt dans une dynamique de revendication de l'unité nationale. Selon l'orateur, c'est le président Mahmoud Abbas qui monte au front pour mener une «intifadha diplomatique» en décidant d'aller aux Nations unies déposer une demande de reconnaissance de l'Etat palestinien, et ce, quels que soient les obstacles. «C'est une révolte contre l'indifférence des uns, l'hypocrisie des autres et la lâcheté de certains», dira J.-P. Chagnollaud.
Le sens de cette démarche réside dans la volonté palestinienne de pousser à la négociation, même si cela fait près de 20 ans qu'ils négocient. Les négociations sont bloquées depuis des années, mais ce n'est pas le cas de la colonisation avec une véritable invasion qui a vu le chiffre des colons passer en quelques années de 10 000 à 500 000. Jean-Paul Chagnolaud souligne que la logique palestinienne semble être : «Proclamons notre Etat, puis négocions, construisons nos institutions puis faisons-les reconnaître.» En fait, en décidant d'exprimer leur demande de reconnaissance, les Palestiniens disposent de deux plans. Le plan A est une reconnaissance directe de l'Etat palestinien, même si cette possibilité est complètement irréaliste avec la volonté affichée des Américains d'imposer leur veto.
Le plan B, soutenu notamment par le président Sarkozy, est d'obtenir le statut d'Etat observateur tout en engrangeant le maximum de reconnaissances bilatérales. Disposer du statut d'observateur au niveau des Nations unies serait une grande avancée pour les Palestiniens, estime M. Chagnollaud, en ce sens qu'il permet une consolidation de la position palestinienne sur le plan des relations internationales, tout en mettant la communauté internationale devant ses responsabilités, puis Israël et les Etats-Unis d'Amérique au pied du mur. En fait, en faisant leur «intifidha» diplomatique, les Palestiniens ont réussi à faire bouger les lignes, conclut Jean-Paul Chagnolaud.


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