L'intérêt personnel de Sarkozy a-t-il pesé dans l'intervention de la France en Libye' La question redevient d'actualitéL'enquête judiciaire visant l'ex-président Nicolas Sarkozy fait remonter des mémoires l'intervention militaire française en Libye en 2011, année durant laquelle le régime libyen a été destitué et le colonel Maâmar El Gueddafi assassiné.
La mise en examen de Nicolas Sarkozy, mercredi dernier à l'issue de deux jours de garde à vue par le pôle judiciaire anticorruption, a ouvert le champ à des analystes pour revisiter le dossier libyen, un pays en proie de la guerre civile déclenchée au lendemain de la destitution du régime instauré en Libye par le guide de la révolution libyenne, le colonel El Gueddafi, en 1969. C'est ainsi qu'on est revenu cette semaine, dans certains médias, sur l'intervention militaire française qui avait outrepassé, rappelle-t-on, la résolution 1973 de l'ONU. Ce qui n'a pas empêché des personnalités, qui étaient à l'époque contre l'intervention française, d'occuper la scène médiatique afin de revenir sur le dossier de l'intervention militaire en Libye. Cela a même donné lieu à une résurgence de ce qu'on appelle «la théorie de l'intervention militaire de la France en Libye pour effacer les preuves» en lien avec l'affaire du financement occulte de l'ancien président français. Rony Brauman, directeur de recherche à la Fondation Médecins sans frontières et professeur à l'IEP de Paris, pense que la mise en examen de Sarkozy est «une occasion de revisiter les circonstances dans lesquelles cette guerre a été conduite», soulignant que «non seulement la France a envoyé ses Rafale sur Benghazi, mais elle a largement débordé la résolution 1973 de l'ONU, arrachée dans l'urgence par Alain Juppé», ministre des Affaires étrangères de l'époque. «Du bouclier offert à la population de Benghazi, on est passé à l'attaque au sol, jusqu'à aller traquer El Gueddafi à Syrte, et à l'abattre au moment où il fuyait dans un convoi non armé. Il a été délibérément éliminé et cette histoire pourrait être éclairée d'un jour nouveau lors de ce procès», a indiqué samedi dans une interview au Monde, l'auteur de «Guerres humanitaires' Mensonges et intox», affirmant qu'une enquête parlementaire sur le déclenchement de cette guerre en Libye est «absolument nécessaire». La résolution du Conseil de sécurité du 17 mars 2011, rappelle-t-on, faisait état sur la protection des populations civiles et pas sur la chute d'El Gueddafi. Dans son article 4, elle autorise «les Etats membres (...) à prendre toutes mesures nécessaires pour protéger les populations et les zones civiles menacées d'attaque (...), tout en excluant le déploiement d'une force d'occupation étrangère sous quelque forme que ce soit». Pour sa part, le journaliste et humanitaire français René Backmann a indiqué que «malgré les informations troublantes sur les conditions dans lesquelles la France a réussi à entraîner le Royaume-Uni, puis les Etats-Unis, la Ligue arabe et l'Otan dans cette douteuse aventure, ni l'ONU, dont l'une des résolutions a été, une fois encore, bafouée ni le Parlement français, qui n'avaient fait obstacle à la volonté présidentielle du moment ni n'ont jugé utile d'entreprendre la moindre investigation sur cette affaire». Pour sa part, le chercheur doctorant Jalel Harchaoui, de l'université Paris 8, pense que «la guerre aurait eu lieu de toute manière», relevant que «c'est l'attitude sans compromission de la France qui pose question». Dans une interview au Nouvel Obs, le chercheur a estimé que la manière dont on a mené la guerre «peut être suspecte».Le journal Médiapart, à l'origine de l'ouverture de l'enquête sur le financement occulte libyen de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy, a soutenu de son côté que dans l'enquête menée actuellement par la justice «s'inscrit une intervention militaire spectaculaire qui, entre mars et octobre 2011, a abouti à semer le chaos au sein du pays». Le journal relance ainsi le débat sur la création d'une commission parlementaire qui devra enquêter sur l'intervention française, déplorant cependant une réaction «nulle» des parlementaires français depuis la fin de l'intervention en Libye. «Aujourd'hui, face à l'accélération de la procédure judiciaire contre Nicolas Sarkozy, la question ne peut qu'à nouveau émerger dans le débat public et au sein de l'Assemblée, dont les élus ont notamment pour mission le contrôle de l'exécutif», a-t-il écrit, tout en déplorant, encore une fois, une «réticence généralisée», de la majorité présidentielle à l'Assemblée nationale française qui ne souhaite pas «regarder dans le rétroviseur».
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Posté Le : 27/03/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : L'Expression
Source : www.lexpressiondz.com