L’interprétation du Coran par la Sunnah
Quand on ne trouve pas l’interprétation du Coran dans ses propres versets, on se tourne vers les hadîths et les récits authentiques et sûrs de la Sunnah car ils explicitent le Coran et l’éclairent. En effet, Dieu dit : «Et à toi, Nous avons révélé le Coran, afin que tu explicites aux gens ce qui a été révélé pour eux et afin qu’ils réfléchissent.»Â Dieu dit également : «C’est Lui Qui a envoyé aux illettrés un Messager parmi eux qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la Sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident.»Â D’après Al-Miqdâm Ibn Ma‘d Yakrub, le Messager de Dieu - que la paix de Dieu et Ses salutations soient sur lui - a dit : «J’ai reçu le Livre et son équivalent avec lui. Bientôt un homme repu accoudé sur son divan vous dira : «Prenez le Coran, ce que vous y trouvez de licite, rendez-le licite et ce que vous y trouvez d’illicite rendez-le illicite.» Sachez que vous sont interdits l’âne domestique ainsi que les carnassiers parmi les animaux, et tout objet perdu par l’un de vos alliés sauf si son propriétaire s’en passe ; et celui qui séjourne chez des gens, ils ont pour obligation de le prendre en charge, et s’ils ne le font pas, il peut leur réclamer une compensation équivalente à ses frais.»Â L’Imâm Al-Khattâbî - que Dieu lui fasse miséricorde - donne deux interprétations de «J’ai reçu le Livre et son équivalent avec lui». La première est que cette phrase signifie qu’il a reçu dans la révélation une partie cachée (bâtin) non récitée comme il a reçu une partie explicite (dhâhir) récitée. La seconde interprétation est qu’il a reçu le Livre sous forme de révélation récitée, et a reçu avec lui une explication équivalente, c’est-à-dire qu’il lui a été permis d’expliciter le contenu du Livre en le généralisant ou en le restreignant, en ajoutant des commentaires et en expliquant le contenu du Livre. Un tel enseignement a un statut obligatoire et son acceptation est impérative au même titre que la partie récitée du Coran.
Quant à «Bientôt un homme repu...», ceci est un avertissement contre le non-respect des impératifs de la Sunnah institués par le Prophète et qui ne figurent pas dans le Coran. Tel a été le comportement des Khârijites et des Râfidites car ils se sont conformés à ce qu’ils ont retenu du Coran et ont abandonné les traditions qui renferment l’explicitation du Livre. Ce faisant, ils se sont embrouillés et égarés.Â
De même, dans le hadîth de Mu‘âdh, quand le Messager de Dieu - que la paix de Dieu et Ses salutations soient sur lui - le délégua au Yémen, il lui demanda : «Selon quoi vas-tu juger ?» Il répondit : «Selon le Livre de Dieu.» Il lui demanda : «Et si tu n’y trouves pas la réponse ?» Il répondit : «Selon la tradition du Messager de Dieu.» Le Messager lui demanda encore : «Et si tu n’y trouves pas la réponse ?» Mu‘âdh dit : «Je donne mon opinion après mûre réflexion et je ne me ménage point.» Alors, le Prophète - que la paix de Dieu et Ses salutations soient sur lui - lui donna une tape sur la poitrine et dit : «Louange à Celui Qui a guidé le messager du Messager de Dieu vers ce qui plaît au Messager de Dieu.» L’Imâm Ibn Kathîr dit dans son Tafsîr : «Ce hadîth figure dans le Musnad et dans les Sunan avec une bonne chaîne de transmission.»Â
Ibn Al-Mubârak relate que le noble Compagnon ‘Imrân Ibn Husayn dit à un homme qui lui avait posé quelques questions et qui lui demandait de ne répondre qu’en s’appuyant sur le seul Coran : «Tu es un homme idiot. Trouves-tu dans le Coran que la prière de midi comprend quatre génuflexions et qu’elle est dite à voix basse ?» Puis il passa en revue les prières, l’aumône légale et ainsi de suite. Puis il lui demanda : «Les trouves-tu détaillées dans le Livre de Dieu ?! Le Livre de Dieu ne les a pas explicités et la tradition du Prophète en a précisé le sens.» Makhûl dit : «Le Coran a davantage besoin de la Sunnah que la Sunnah n’a besoin du Coran.» Et l’Imâm Ahmad Ibn Hambal dit : «La Sunnah explique le Coran et l’explicite.»Â
Cette catégorie d’exégèse transmise depuis le Prophète - que la paix de Dieu et Ses salutations soient sur lui - est ce que l’on enseigne typiquement. Dans ce domaine, on doit se baser sur les hadîths authentiques ou bons, et éviter les hadîths faibles ou controuvés car des récits apocryphes ont été attribués au Prophète dans le domaine de l’exégèse comme dans les autres domaines.
Az-Zarkashî dit dans Al-Burhân : «De nombreuses narrations relatives à l’exégèse ont été authentifiées.» As-Suyûtî lui répliqua dans Al-Itqân que «de telles narrations sont peu nombreuses voire très peu nombreuses pour celles dont l’origine remonte jusqu’au Prophète. Je les citerai à la fin de ce livre, par la Volonté de Dieu le Très Haut».Â
En vérité, je ne suis pas d’accord avec As-Suyûtî quand il dit que les narrations authentifiées remontant au Prophète au sujet de l’exégèse sont très peu nombreuses, à moins peut-être qu’il ne l’entende en termes de proportion, c’est-à-dire en comparaison avec les narrations attribuées aux Compagnons et aux Successeurs. Sinon, dans son Sahîh, l’Imâm Al-Bukhârî a consacré à ces narrations d’ordre exégétique un grand livre intitulé «Kitâb At-Tafsîr», c’est-à-dire «Le Livre de l’Exégèse», qui occupe un volume entier sur les treize de l’ouvrage encyclopédique de l’Imâm Ibn Hajar, Fath Al-Bârî, qui est un commentaire du Sahîh d’Al-Bukhârî.
Il n’y a pas de meilleure preuve de mon propos que ce que dit Al-Hâfidh Ibn Hajar à la fin de son commentaire de Kitâb At-Tafsîr. Il dit : «Conclusion : Kitâb At-Tafsîr comprend cinq-cent quarante-huit hadîths remontant au Prophète ou assimilés. Parmi eux, quatre-cent soixante-cinq ont des chaînes de transmission continues et le reste est suspenduou assimilés. Les hadîths répétés sont au nombre de quatre-cent quarante-huit.
Sans répétition, on compte cent-un hadîths dont l’Imâm Muslim s’est accordé à narrer une partie et il s’est abstenu d’en narrer la plupart car leur attribution au Prophète n’est pas explicite.
Un grand nombre de ces narrations constitue précisément l’exégèse d’Ibn `Abbâs - que Dieu l’agrée - et elles comptent pour soixante-six hadîths.
On trouve également des narrations que l’on doit aux Compagnons et à leurs Successeurs au nombre de cinq-cents quatre-vingts narrations...»Â Ceci prouve que les hadîths authentiques remontant au Prophète sont nombreux.
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Dr Abdallah Chehata
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Posté Le : 05/08/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com