Algérie

L'internet Society of Algeria sous la neige depuis 1999


Créée en 1999, l'Internet Society of Algeria, qui devait être le «chapitre officiel» de l'organisation mondiale «Internet Society» (ISOC), a depuis sombré dans l'oubli. Bouleversements du Net dans le monde, émergence des réseaux sociaux en Algérie, risques persistants de censure, innovations techniques, passage à l'IPV6 : les motifs qui rendent urgente la sortie de la glace d'une telle structure sont légion.

En janvier 1992, les pionniers de l'Internet lancent l'Internet Society (ISOC), une association de droit américain à vocation internationale, pour promouvoir et coordonner le développement des réseaux informatiques dans le monde. En 2005, elle devient l'autorité morale et technique la plus influente en la matière. Outre ses 28.000 membres, l'ISOC fédère près de 85 sections nationales ou régionales, appelées également «chapitres».

Alors que l'Internet grand public était encore à ses premiers balbutiements, l'Algérie s'était inscrite dans cette dynamique, en lançant l'Internet Society of Algeria (ISA) en 1999. Le CERIST et d'autres acteurs avaient pris part à la création de cette association scientifique dont la mission principale était «d'Å“uvrer pour le développement d'Internet en Algérie et de contribuer à sa diffusion la plus large auprès des citoyens». Deux assemblées générales ont eu lieu en juillet puis en août 1999, pour lancer l'ISA. Un plan d'action a été élaboré pour la période 2002-2003, dont celui d'ouvrir les adhésions sur le plan national, de généraliser l'Internet, et de «promouvoir la société de l'information». Mais depuis cette date, c'est le silence total. L'ISA a même un site Web (www.isa.dz) qui n'est plus mis à jour.

Si l'Internet tend à se «généraliser», commercialement parlant, il reste que la société de l'information est loin d'être atteinte en Algérie. La création du contenu et, en général, le développement de l'usage des TIC (e-learning, e-banking, e-commerce, e-administration…) sont au stade embryonnaire.

La suprématie de l'administration freine les TIC

Selon Younes Grar, consultant IT et membre à titre personnel de l'ISOC, depuis 1999 «il y a eu plusieurs démarches pour créer l'ISA», mais aucune n'a donné de résultat. Considérée comme une «association», l'ISA devait donc faire face aux démarches administratives qu'impose la loi à toute forme de réunion de plusieurs personnes ayant un intérêt commun.

«Les associations ISOC regroupent les différents acteurs de l'Internet pour réfléchir aux actions à entreprendre pour développer cet outil, mais également aux défis que pose Internet sur les questions des droits d'auteurs, de la vie privée, des risques sur l'enfance, des normes techniques à respecter, de la qualité de la connexion et autres. Chez nous, cela pourrait au moins aider à disposer des véritables chiffres et lancer des études sur l'Internet en Algérie», ajoute M. Grar.

Notre interlocuteur nous précise, d'ailleurs, que «pendant longtemps» l'association des providers Internet (AFSI) «a exercé sans agrément».

Pour Mebarek Boukaaba, ancien président de l'AFSI, cette situation rentre dans le contexte de «l'absence d'initiative de la société civile», en raison particulièrement du «fonctionnement très bureaucratique de l'administration, inspiré dès l'indépendance du jacobinisme français».

A cela, M. Boukaaba ajoute le problème «des lois (du secteur des TIC), comme la n°03-2000, qui sont largement dépassées». Il cite l'exemple de l'homologation des équipements qui, selon lui, se fait de manière purement bureaucratique, c'est-à-dire qui se base «beaucoup plus sur les documents fournis par les importateurs que sur les caractéristiques des équipements eux-mêmes».

Autre exemple, la législation à laquelle sont soumis les équipements GPS, pour leur homologation, «alors que le moindre smartphone et tablette disposent de cette technologie» et qu'ailleurs «il s'agit d'un produit banal», affirme encore notre interlocuteur qui considère aussi que le GPS «pourrait être un formidable moyen pour générer des milliers de postes d'emploi».

«Ça ne sert à rien d'aller vers l'IPV6 sans contenu, sans e-commerce, e-banking et autres services», ajoute encore Boukaaba pour qui «l'unique solution pour pouvoir avancer dans les TIC, c'est d'aller vers une déréglementation vigilante et facilitatrice pour laisser les compétences s'exprimer».


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