Algérie

L'intérêt national par-dessus tout



Après les manifestations de Kherrata et de Khenchela contre le 5ème mandat, c'est à Alger, plus précisément près de la Grande Poste, qu'ont commencé les manifestations du vendredi. D'abord, celles du vendredi 22 février, lancées à la fin des deux prières (dohr puis el asr), c'est à dire à la sortie des mosquées. A 14h, il y avait une grande partie d'adolescents qui ont exprimé leur mal-vie à travers les chansons politiques des supporters de clubs algérois.La non-intervention de la police contre cette première manifestation (quelques centaines d'adolescents) a encouragé les manifestants de 16h à venir à la Grande Poste rejoindre les premiers groupes. Il y avait plus de monde à la manifestation après 16h. Mais le vendredi 22 février à Alger centre, il est exagéré de parler de "marée humaine". Par contre, ce jour-là déjà, la composante des manifestants a montré une grande diversité et l'opposition au 5ème mandat n'avait pas la même signification pour les diverses composantes. Les manifestations du 22 février présentées comme spontanées et en réponse à un appel anonyme ont surpris par leur organisation et notamment l'encadrement parfait de la marche, les limites à ne pas dépasser (le siège de la Présidence), les slogans, le caractère pacifique d'autant plus que la police n'a pas empêché les rassemblements. Dès ce premier vendredi, les manifestants ont montré que s'ils veulent le changement, ils ne tiennent pas à risquer la stabilité du pays dont tous les Algériens profitent. Quelques jours après, le mardi, les étudiants sont venus manifester par dizaines, puis les mardis suivants, ils seront des centaines puis des milliers à converger vers la Grande Poste et à défiler dans le circuit qui mène jusqu'à la Place Audin, puis retour à la Grande Poste. Les mardis, la même scène se répétera sous le regard des badauds et de passants qui vaquent à leurs occupations ; la circulation automobile est gênée de temps en temps avant d'être totalement fluide à la dispersion des manifestants qui intervient en général avant 16h. D'une façon générale, si l'on se réfère aux slogans qui se succèdent et se chevauchent parfois, il y a comme une sorte de bataille de mots d'ordre, parfois très perceptible, qui traduisent bien la mosaïque d'idées qui s'expriment en toute liberté: les uns privilégiant «oulach smah oulach» (pas de pardon !) et «pouvoir assassin !», les autres «Palestine Les Martyrs» (Falestine Echouhada) et «Algérie libre et démocratique» (Djazair Horra dimocratya), en plus des slogans qui attaquent la corruption et le système qui l'a engendré depuis presque quarante ans. En outre, dans ces manifestations, chacun peut écrire à la main le slogan qui lui plaît, sur une simple feuille de papier qu'il brandit à la vue des autres pendant les marches ou les rassemblements. En commun, l'hymne national Kassamen et le chant des moudjahidine Min Djibalina entonnés par tous, et l'emblème national omniprésent, porté par tous aussi, ponctué de «Tahya El Djazair !» (Vive l'Algérie !), comme autant de «marqueurs» des sentiments patriotiques et du rejet de l'ingérence étrangère, qu'elle soit flagrante, dans des déclarations plus ou moins officielles, ou subtile, sous forme de manipulations des plus naïves, à travers les réseaux sociaux avec les fausses informations et les images truquées. Les réseaux sociaux et les sites électroniques d'information qui font dans l'instantané et diffusent des informations sans vérification ni citation de sources identifiées, laissent planer une indétermination sur les faits. Les communiqués de l'institution militaire qui exposent et expliquent la position de l'Armée aux côtés du peuple, ont eu une crédibilité incontestable auprès d'une grande partie des Algériens qui participent aux manifestations mais aussi auprès de la population qui s'est abstenue d'y prendre part. Une certitude: en dehors d'une minorité de manifestants qui est, de toute évidence, inconsciente des enjeux, et pour certains, frisant l'irresponsabilité, il y a un consensus sur la préservation de l'intérêt national au-dessus de toute autre considération.


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