Les élections pour le renouvellement des instances régionales du Conseil
français du culte musulman (CFCM), boycottées par de grandes organisations
musulmanes comme la
Fédération de la
Mosquée de Paris et l'UOIF, ont été
remportées, sans surprise, par le Rassemblement des musulmans de France (RMF), pro-marocain. Une «victoire» à la Pyrrhus puisque seules 700
mosquées sur 2.000 se sont inscrites pour participer à un scrutin au mètre
carré.
Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a
beau faire valoir que sur 3.631 délégués inscrits, représentant 700 mosquées et
lieux de culte, 3.176 ont participé au vote, soit 87,35%, le CFCM ne représente
au mieux qu'un tiers des musulmans.
En réalité, à moins d'une réforme sérieuse pour lui redonner sa
crédibilité, le scrutin de dimanche a été celui de l'enterrement du CFCM et son
remplacement par le CFCMM, soit le «Conseil français du culte musulman
marocain». Les autorités françaises, qui ont une «préférence marocaine»
prononcée, pourront désormais l'étendre à celle du culte et décider que le RMF
représente l‘ensemble des musulmans de France.
Mais cela n'empêche que l'institution créée par Nicolas Sarkozy est en
crise et que ces élections ne font que l'aggraver. Le CFCM est désormais
synonyme de RMF. Les Algériens, qui, en dépit de divergences secondaires, ont
en général suivi le mouvement de boycott initié par la Fédération de la Mosquée de Paris, ne se
reconnaîtrons pas dans ce CFCM.
«L'Islam de France» n'est pas pour demain
Le dépassement des origines nationales censé donner un «Islam de France»
n'est pas pour demain. L'incapacité du CFCM à réformer les modalités
d'élections n'a fait qu'encourager la tendance à se compter et à se replier sur
soi. Le 19 juin prochain, les conseils régionaux issus des élections de
dimanche, et réunis en assemblée générale, éliront à leur tour le bureau
exécutif et le conseil d'administration du CFCM, lequel choisira le nouveau
président du CFCM. Ce sera une formalité pour la reconduction du Marocain Moussaoui par une institution qui, pratiquement, n'est
représentative que des Marocains.
Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de
Paris, a souligné que le scrutin de dimanche «n'est en rien représentatif de la
totalité des musulmans de France des mosquées, puisque deux grandes
organisations importantes du CFCM, ainsi que la Grande Mosquée de
Lyon, n'y ont pas participé, en dénonçant les critères injustes du règlement
électoral et les actions hégémoniques de certaines fédérations».
M. Boubakeur a souligné par ailleurs que «les
listes présentées au nom de la Grande Mosquée de Paris ont été déposées en
violation des décisions de la
Fédération nationale de la Grande Mosquée de
Paris (FNGMP), dont les membres avaient à l'unanimité réclamé un report de ces
élections, estimant à juste titre que les conditions d'un scrutin impartial
n'étaient pas réunies».
Sans la réforme, la mort «fulgurante»
Le «CFCM n'est pas un organe de représentation du culte musulman en
France, l'Islam ne reconnaissant aucune hiérarchie. Et contrairement aux propos
contenus dans le communiqué du CFCM du 5 juin 2011, le «travail collégial» n'a
jamais été la forme de gestion de cette institution», ajoute le recteur, qui
«prend acte de ces élections tout en contestant la légitimité que souhaitent
s'arroger les initiateurs de ce scrutin».
«En effet, une seule équipe a eu le «terrain électoral» à elle seule. Et
comme dit le Cid de Corneille : «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire»,
conclut-il. En réalité, la représentativité du CFCM est contestable. Mais son
avenir est suspendu à une réelle réforme des statuts. Kamel
Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de
Lyon, souligne que si cette réforme «n'est pas menée dans les plus brefs délais,
elle risquerait de mener le CFCM à une mort fulgurante».
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Posté Le : 07/06/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com