Par Belkacem Lalaoui
«Pénétrez dans le stade et devenez
des hommes sachant vaincre.»
(Philostrate)
La professionnalisation du sport football, lancée dans les années 2010, n'a pas transformé le football algérien en une véritable industrie du spectacle sportif, édifiée à partir de compétions nationales de clubs de haut niveau solidement structurés. Considérée, au départ, comme une pure logique de prédation par des groupes d'intérêts puissants, et non pas comme un précieux instrument de culture pour façonner l'unité nationale, la professionnalisation du football algérien n'a pas redressé le moral sportif de la nation. Elle n'a pas fortifié une image nouvelle et puissante de l'Algérie. Elle a, accessoirement, modifié le destin d'une poignée de dirigeants. Loin de socialiser l'ensemble des acteurs du monde du football dans de nouveaux modes de comportements régis par une logique économique, elle n'a fait que traduire les divergences, la colère excessive et l'intolérance généralisée. La professionnalisation du sport football est devenue le théâtre des dysfonctionnements de la vie sociale. C'est une «invasion civilisatrice» zurichoise, d'origine anglaise, qui n'a pas été pensée et discutée dans son immensité et sa complexité. De ce fait, son interprétation reste source de grands malentendus. Certains observateurs ne manquent d'ailleurs pas de souligner que la majorité des clubs n'ont rien compris à cette professionnalisation du football, et il n'est pas impossible que la Fédération algérienne de football, au lancement de ce projet, y ait compris quelque chose. Cela est dû, sans aucun doute, à la complexité de la tâche (àune mutation totale et violente, où l'on a voulu passer d'un extrême à l'autre : d'une culture de l'amateurisme à une culture du professionnalisme, sans aucune transition) ; mais aussi à un réel problème touchant à une mauvaise gouvernance au niveau des structures fédérales, à un manque de «créativité» humaine, à l'absence d'une pédagogie de l'action, à des conditions historiques et sociales fort différentes, voire à la peur qu'inspire cet «espace de jeu» aux autorités. Sport de haut niveau éminemment complexe par la diversité de son expression, et peut-être même beaucoup plus compliqué qu'on ne le croit, le football professionnel fait l'objet aujourd'hui d'un vaste champ d'étude tant dans le monde universitaire que dans le monde politique. Commun à de nombreuses sociétés, c'est un simple jeu de balle capable de désorganiser tout un pays. D'un point de vue méthodologique, le football professionnel est compris par les spécialistes de l'entraînement comme un vaste processus d'apprentissage pour le développement de certaines compétences athlétiques, techniques et tactiques. C'est une technologie sportive de pointe, qui mobilise d'énormes ressources humaines, matérielles et financières. Considéré comme le sport le plus achevé de la modernité par de nombreux chercheurs venant d'horizons différents (c'est-à-dire, comme un sport ordonné, réglé et hiérarchisé, qui modernise la société et les esprits), il fait l'objet dans chaque société d'une patiente et laborieuse politique de formation de jeunes talents au sein de centres de formation des clubs, à l'aide de méthodes pédagogiques méticuleusement élaborées. Pour se développer et s'adapter aux évolutions du contexte socioéconomique des pays en voie de développement, le football professionnel a besoin d'une «stratégie de développement» pointue pour éviter les débordements et les dérives de toutes sortes, dont il est parfois à l'origine.
1. Le football professionnel algérien ne remplit pas ses fonctions plurielles : éducative, culturelle, sociale et économique
Ce n'est pas se laisser aller à des formules brutales que de dire, que le football professionnel algérien ne remplit pas toutes ses fonctions plurielles et n'apporte aucune exemplarité auprès de la population. Au-delà des constats mille fois répétés, c'est un sport qui a perdu ses rassemblements communiels et son caractère rituel de fête publique : il s'est avili en un sensationnalisme primaire. La culture de la «fête des mots», de la «raillerie» et de la «joie sociale », qui donnait à l'homme l'occasion de redevenir enfant un instant, a disparu. Le football professionnel algérien, comme «phénomène social total», comme disent les grands sociologues, est géré aujourd'hui par une «confrérie» de «bricoleurs » travaillant dans le flou, à l'esprit fermé, allergique au talent, à la morale, à l'esthétique et au progrès, qui passe son temps à chercher à tâtons ce qu'est le professionnalisme à travers un brouillard de superstitions, d'intrigues, de tromperies et de manipulations langagières. Des «bricoleurs» qui ont tout fait pour chasser de véritables militants, des passeurs du beau spectacle footballistique, des hommes remarquables, prestigieux, célèbres et populaires ; des éclaireurs de la culture footballistique portant en eux une vitalité absolument remarquable. Des «bricoleurs» ayant la certitude d'avoir toujours raison contre les autres, et qui ont réussi à mettre fin à la majesté du sport le plus populaire et le plus convivial, en tarissant définitivement la source d'où il jaillit. Bref, des «bricoleurs» obstinés dans leurs erreurs qui gouvernent aujourd'hui le football professionnel algérien comme leur propre boutique, leur domaine réservé, leur principauté, leur «califat» ; et que les décideurs politiques, pour mieux asseoir leur pouvoir, gèrent mi avec des menaces et mi avec des subventions. La question structurelle, qui dérive de tout ce qui précède, est celle de savoir plus exactement : qu'est-ce qui pose problème, aujourd'hui, dans le football professionnel algérien ' Pourquoi nos clubs ont du mal à s'adapter au changement et à de nouvelles règles imposées en vue d'améliorer leur compétitivité ' Pourquoi charrient-ils avec eux autant de corruption et de violence ' Quelles sont les causes qui expliquent une telle régression ' Et comment est-il possible de sortir de cet état de médiocrité, devenu une seconde nature ' Car toutes les réflexions, qui ont été menées jusqu'à ce jour, semblent toutes aboutir à des réponses brèves et affligeantes, voire à des non-réponses. Certains acteurs de terrain sont unanimes à dire que tel qu'il a été lancé et encadré, le football professionnel algérien ne pouvait donner naissance qu'à un jeu de simulacre, c'est-à-dire à des situations non réelles, à des apparences, à une illusion, à du faux. Ils partent de la constatation selon laquelle toutes les conditions particulières n'étaient pas réunies dans la société algérienne en général, et dans le mouvement sportif national en particulier, pour procéder au lancement de 32 clubs de football professionnel d'une traite, et ce, sans tenir compte des conditions de «faisabilité » d'un tel mégaprojet. Ils considèrent que sur les 32 clubs, qui ont été érigés au statut de professionnels, la majorité d'entre eux n'auraient jamais dû connaître un tel statut, en raison notamment de leur modèle de financement insuffisamment efficace. Ce constat est d'autant plus troublant, qu'il a tendance à se répéter dans le secteur des autres disciplines sportives. Il y a, donc, réellement matière à s'interroger sur les tenants et les aboutissants dans la façon dont ce projet fut lancé. Car, une telle version maximaliste, voire irréaliste du football professionnel s'avère être un véritable fiasco sportif, moral et économique. Il s'agit, là , d'une méthode d'approche qui est apparemment en opposition avec la réalité socioéconomique de la société algérienne.
2. Dans le développement de l'économie du sport-spectacle-football, l'Etat n'a pas su prendre des décisions pour désigner sa place
Les interrogations légitimes de fond, qui ont surgi à l'issue de l'utilisation d'une telle méthode d'approche pour instaurer la professionnalisation du sport football, révèlent amplement le savoir empirique et imparfait des responsables de la Fédération algérienne de football de l'époque, d'une part, et de l'absence totale de la puissance publique dans la conduite et la maîtrise de ce projet, d'autre part. Ces responsables semblaient ignorer, dans leur aveuglement enthousiaste, jusqu'aux exigences fondamentales du football professionnel en matière : d'infrastructures sportives ; de sources de financement ; de formation d'entraîneurs ; de centres de formation pour les jeunes joueurs talentueux ; d'instruments de mesure, de contrôle et de régulation devant protéger et rectifier un ensemble d'inégalités engendrées par le fonctionnement spontané de l'activité football professionnel ; etc. De toutes ces observations vient la question de savoir quelle a été alors le rôle de l'Etat, qui détient l'exclusivité et la responsabilité des décisions dans tous les domaines, dans le choix d'une telle méthode d'approche pour développer le football professionnel en Algérie. Car, à bien des égards, on constate que la méthode qui a été mise en œuvre par la Fédération algérienne de football pour instaurer le professionnalisme a abouti à installer, de manière indécente, l'opulence financière factice au sein de certains clubs et l'indigence dans d'autres. Il se trouve que cette situation a donné naissance à deux catégories de clubs de football professionnel : les «pauvres» et les «riches», les «ordinaires» et les «extraordinaires», les «inférieurs» et les «supérieurs», les «faibles» et les «forts», les «prolétaires» et les «bourgeois», etc. Par cette méthode, les décideurs de la politique sportive ont participé, par laxisme, à installer des inégalités injustes entre les différents clubs ; c'est-à-dire qu'ils ont procédé à l'injustifiable, à l'indécent et à l'extrême. Tout indique que l'Etat-arbitre n'a pas su prendre des décisions pour désigner sa place dans le développement du sport-spectacle- football, afin de l'adapter à la réalité nationale et pour veiller à conserver le principe de solidarité entre le football amateur et le football professionnel. On est tenté de croire, ici, que l'Etat n'a pas pu exercer son rôle dans le fonctionnement du football professionnel, dont il a la charge. Il n'a pas, en quelque sorte, assumé sa tâche de gouvernance, d'éducation et de tutelle. Par un manque de réactivité, il a laissé prospérer un piètre football professionnel, qui a fini par humilier la société tout entière. De ce fait, il s'est rendu comme coupable (c'est-à-dire complice) de l'échec de la professionnalisation du sport football. Evoquer, ainsi, le rôle de l'Etat pour tenter de rectifier les effets d'injustice produits par les inégalités, qui règnent aujourd'hui au sein des clubs de football professionnel, c'est là au fond tenter de réexaminer le modèle de développement du football professionnel actuel, qui s'avère n'être ni pertinent, ni fécond, ni intégrateur. Pour mieux cerner cette question, il faut se pencher peut-être sur la manière dont fonctionne, aujourd'hui, le club de football professionnel algérien.
Car, près d'une dizaine d'années après son instauration, on s'aperçoit que le club de football professionnel n'est pas encore perçu comme une forme de culture de l'excellence, qui est en train de se généraliser. Il n'est pas encore pensé à l'image d'un clubentreprise, soumis à obligation de résultats, qui doit s'orienter impérativement vers la perfection, la compétition et la performance.
3. Pour acquérir noblesse et respectabilité, le football professionnel nécessite une «culture de club» assez étendue
Le club de football professionnel, en tant qu'outil d'innovation sociale, culturelle et économique, ne peut se développer qu'au sein d'une société de compétition généralisée, raffinée et prestigieuse, arrivée à maturité et qui fonctionne avec des «mœurs patriotiques ». Aussi, c'est une erreur que de croire que l'on peut édifier un club de football professionnel à partir uniquement d'une toute-puissance financière, aussi conséquente soit-elle. Même dans une société où «plus on a de l'argent, plus on est intelligent», on constate que le «f'lous» ne peut à lui seul construire une «culture de club» de football professionnel ingénieuse, innovante et performante. Le club de football professionnel dépasse largement «l'étroitesse» de l'exploit sportif. Un club de football professionnel est avant tout, comme toute entreprise, révélateur d'un «modèle d'organisation et de fonctionnement » qu'un groupe de personnes essaient de se donner pour réaliser en commun un projet collectif, exhiber son effort vers l'excellence et s'illustrer ainsi par une prestation exceptionnelle, voire par un certain degré de noblesse. Emblème même de la société de performance, le club de football professionnel est le fruit des efforts et du travail des hommes pour améliorer leur société, fournir des valeurs éducatives à la jeunesse, développer des tendances de coopération et d'entraide, créer de la cohésion sociale avec des valeurs centrales communes, faire naître un respect mutuel par l'observation des règles et des lois communes, instaurer une moralité et une confiance mutuelle, promouvoir l'esprit de compétition, acquérir la capacité de décision et d'action collective afin de donner une forme concrète à la solidarité et à la sociabilité sportive, etc. Pour réaliser tous ces objectifs, la citoyenneté et le patriotisme des dirigeants doivent être ancrés quotidiennement au sein des clubs. Car, il s'agit de mettre en relief le rôle pédagogique des clubs de football professionnel envers la société civile, et la qualité de l'engagement des dirigeants dans les domaines éducatif, culturel et économique. Malheureusement, les clubs de football professionnel algériens apparaissent à la population comme étant des clubs qui ne produisent que des affrontements (l'anarchie, le désordre, la triche, la magouille, le dopage, la violence, etc.), de l'anomie (la dissolution du lien social) et point de consensus. Ils donnent lieu à l'aplatissement de toutes les valeurs, et donc à des déviations condamnables. Les dirigeants du football professionnel algérien n'ont pas su transformer le club de football professionnel en une «fierté collective », en une «culture de club» authentique ; autrement dit, en un champ d'expérimentation concrète pour favoriser la compétition, la performance et l'excellence : pour asseoir «l'esprit d'entreprise» dans le club. Ce grand ratage pédagogique fait que la pratique du football professionnel algérien ressemble, aujourd'hui, dans son mode d'expression et d'accomplissement, à un simulacre généralisé, à une pratique de cirque romain de nature perverse et violente, voire à une grande parade footballistique mensongère qui dit la vérité. C'est ainsi que les athlètes, supports d'une charge symbolique collective très forte, apparaissent par les salaires qu'ils perçoivent, et dans la réalité de leurs comportements, comme de véritables mercenaires. En effet, en attirant d'importants flux d'argent, le club de football professionnel algérien s'est transformé en un haut lieu de vice, de tricherie et de corruption, où tout le monde est censé recevoir son «petit cadeau». Cette forme de corruption se présente sous deux formes principales, le trucage des matchs (la corruption d'en bas) et les actes de corruption au sein des hautes instances fédérales (la corruption d'en haut). On découvre, ainsi, que le football professionnel algérien, déréglé et perverti, porte bien les stigmates de la société où il apparaît.
4. Le club de football professionnel sollicite une «gouvernance patriotique»
Un club de football professionnel est un lieu où l'on doit agir de façon patriotique et citoyenne, pour le bien commun. En effet, plus que tout autre institution, le club de football professionnel a toujours focalisé un fort sentiment de patriotisme ; c'est-à-dire une identification et un attachement au club, avec une forte volonté de faire des sacrifices. Enraciné dans un espace dont les contours sont souvent un quartier, une ville ou une région, le club de football professionnel est souvent présenté comme le symbole d'un engagement local à la fois à une communauté particulière et distincte, à un territoire et à un style d'existence. Lieu d'identification à des athlètes-héros, autrement dit à des hommes d'un courage et d'un mérite supérieurs, le club de football professionnel véhicule un modèle d'action à la portée de tous et que tous peuvent s'approprier. Malheureusement, on observe que l'engagement patriotique pour maintenir ce modèle d'action s'est effrité. Avec l'avènement du professionnalisme, les clubs de football professionnel algériens sont confrontés aujourd'hui à un nouveau mode de gouvernance de type paternaliste où le «sentiment patriotique» a disparu. En effet, dès leur intronisation et pour des raisons diverses les clubs de football professionnel algériens ont vu leurs valeurs sportives péricliter, et les «mœurs patriotiques» qui devaient les animer réduites à néant. Ce sont des clubs qui se sont désinvestis de leur mission patriotique. Aujourd'hui, dans les clubs de football professionnel algériens, on ne parle que d'argent et de transfert de joueurs. Pour saisir l'enjeu de ce débat sur la notion de patriotisme déjà ancien et qui fait aujourd'hui encore l'objet de débats, il est nécessaire de faire le distinguo entre deux formes de gouvernance, qui impliquent des relations de différentes formes à la communauté : la gouvernance «paternaliste» et la gouvernance «patriotique ». Il s'agit là de deux formes de gouvernance fondées sur deux principes distincts de pouvoir ou d'autorité, sur deux sortes d'action chez l'homme : «action contrainte» et «action libre». Tandis que la gouvernance «paternaliste » incite le citoyen à l'action contrainte et donc à se comporter de manière passive, la gouvernance «patriotique» cherche, elle, avant tout à réaliser son émancipation par l'action libre pour qu'il puisse apporter sa contribution indispensable à la bonne marche de la communauté. La gouvernance «paternaliste» laisse peu de place à l'initiative, à l'innovation et au changement. Elle prédispose à des types de communication, d'action et d'échange bien particuliers, généralement contraints et limités, pauvres et autoritaires. Ce mode de gouvernance est pratiqué dans la plupart des clubs de football professionnel algériens, avec beaucoup de «bouffonneries». C'est un mode de gouvernance, qui limite l'expression des propriétés physiques, techniques et tactiques des athlètes ; de même qu'il amoindrit leur pouvoir créatif en termes d'images, de représentations et d'émotions. A l'inverse de la gouvernance «paternaliste », la gouvernance «patriotique» permet de mettre en place des attitudes collectives de responsabilité et d'éthique au sein du club. Elle pousse les dirigeants et l'encadrement technique à se sentir moralement responsables de leurs actes. Les raisons pour lesquelles la majorité des clubs de football professionnel pratiquent la gouvernance paternaliste sont d'ordre de ce que nous qualifions couramment de «politique». Ce sont des clubs, qui fonctionnent avec des subventions publiques, et se trouvent ainsi dans un état de dépendance et de tutelle. La Fédération algérienne de football, elle-même, ne s'est pas totalement émancipée de l'Etat patriarcal. Elle n'est pas sortie de sa minorité pour pouvoir instaurer les conditions nécessaires à l'éclosion d'une gouvernance «patriotique» dans les clubs de football professionnel. De son côté, l'Etat n'arrive toujours pas, tout en comblant les déficits financiers des clubs de football professionnel en faillite, à réunir les conditions de possibilité de ce patriotisme au sein des clubs, c'est-à-dire non pas tant comme «un amour du pays» que comme «un amour de ses lois».
5. Le football professionnel exige un système de formation performant
Pratique sportive de haut niveau au carrefour d'une série de sciences, le football professionnel ne peut se développer qu'en mettant en place un système de formation performant avec plusieurs filières en faveur des jeunes talents. En effet, la formation et l'éducation des jeunes pousses talentueuses doit se dérouler dans des centres de formation de clubs capables de leur offrir simultanément le volet entraînement et le volet scolarité. Ces centres de formation et d'éducation doivent mettre en place un modèle d'apprentissage sportif pour perfectionner le don naturel, autrement dit une technique d'entraînement spécialisée pour développer les potentialités psychomotrices et motrices fondamentales des jeunes talents destinés à pratiquer un sport de haut niveau particulier (exemple de la coordination motrice ou encore des qualités attentionnelles, etc.). En Algérie, la formation au métier de footballeur professionnel est à ses débuts. Jusqu'à ce jour prédomine surtout un mode de formation sur le tas. Il faut donc s'atteler à créer un modèle de développement du football professionnel, avec une architecture de pré-filières et de filières qui puisse respecter les lois du développement moteur et psychique de l'enfant algérien. Il n'existe pas, encore, en Algérie une charte du football professionnel qui oblige les clubs à mettre en place des centres de formation soumis à un cahier des charges, qui détermine leur classement en plusieurs catégories. Le projet de formation des joueurs de football professionnel reste mal organisé sur le territoire national. Copié sur un modèle de style occidental (français, espagnol, allemand, etc.), il ne constitue pas pour l'instant un modèle de formation national bien structuré. Or, c'est la formalisation, l'articulation et la construction, des savoirs et des apprentissages techniques, tactiques et psychologiques, qui posent actuellement problème dans les centres de formation des clubs de football professionnel algériens. Pour ne prendre qu'un exemple, on constate que depuis des décennies le facteur psychologique est totalement ignoré dans la formation du jeune footballeur algérien inscrit dans l'accès au haut niveau, c'est-à-dire dès le début de sa carrière. Or, on sait aujourd'hui que la préparation psychologique est devenue un élément indispensable à l'optimisation de la performance. Elle aide l'athlète à mieux gérer sa performance avec le minimum de coût énergétique ou attentionnelle. Elle renforce son sentiment élevé d'efficacité. La préparation psychologique (c'est-à-dire l'installation d'une «attitude mentale gagnante») est un ensemble coordonné de procédés, orientés vers un certain objectif pratique, qu'on met à la disposition des athlètes de toutes les disciplines sportives pour mieux gérer leur performance. Elle reste méconnue par la majorité des athlètes, des entraîneurs et des dirigeants. L'intervention des préparateurs psychologiques, dans les différents clubs de football, est inexistante. Les entraîneurs ne reçoivent pas une formation conséquente dans le domaine de la préparation psychologique, qui puisse les aider à mieux maîtriser un ensemble de processus psychiques tels que l'anxiété, l'attention, la perception, le stress, la mémoire, la motivation, etc. On n'a jamais pensé à renforcer les staffs des équipes nationales par des spécialistes de l'entraînement psychologique, pour aider les athlètes à mieux se préparer à la compétition. Bref, les apports de la psychologie du sport aux méthodes d'entraînement sont ignorés dans le sport de haut niveau en Algérie.
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Posté Le : 15/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : B L
Source : www.lesoirdalgerie.com