Algérie

L'instabilité au Sahel favorise l'invasion de criquets pèlerins dans les pays du Maghreb



L'instabilité au Sahel favorise l'invasion de criquets pèlerins dans les pays du Maghreb
L'instabilité en Libye et au Mali constitue, cette année, le principal facteur favorisant l'invasion de criquets au Maghreb et au Sahel. Selon M. Khaled Moumen, directeur général de l'Institut national de protection des végétaux (INPV), la menace persiste, notamment en raison de l'impossibilité d'engager les mesures préventives traditionnelles contre les invasions de criquets.
La lutte contre l'invasion de criquets pèlerins bute, cet année, sur un obstacle inattendu: l'instabilité politique au Mali et en Libye, qui empêchent l'organisation d'une action coordonnée au niveau régional. Car la lutte anti-acridienne est une opération complexe, qui requiert une coopération internationale et des moyens technologiques insoupçonnés. Il suffit qu'un maillon de la chaîne soit défaillant pour que tout le dispositif mis en place échoue.
Cette évidence a été vérifiée cette année, avec l'impossibilité de mener une lutte contre les criquets au niveau régional, impliquant les pays du Maghreb et du Sahel. Les criquets se déplacent du sud au nord selon les saisons. En Algérie, ils peuvent arriver jusque dans la région de Ghardaïa, aux limites du Sahara, où ils sont stoppés par la barrière climatique naturelle du froid. Mais si les conditions météorologiques sont favorables, ils peuvent franchir cette barrière naturelle pour envahir le Nord.
La lutte contre les criquets doit donc se faire dès l'apparition des insectes dans les pays du Sahel. L'instabilité au Mali, où le groupe Ansar Eddine, le Mouvement pour l'Unité du Jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) occupent le nord du pays, et en Libye, où l'Etat central est préoccupé par les déchirements internes, a empêché le déploiement des équipes de lutte anti-acridienne dans ces pays. « Il n'était même pas possible de déployer la moindre équipe au Mali », a déclaré M. Khaled Moumen,Khaled Moumen, directeur général de l'Institut national de protection des végétaux (INPV), au cours d'une émission de radio.
Le résultat était inévitable: malgré les 50.000 hectares traités en Algérie et 20.000 au Niger, les criquets ont foisonné dans des zones hors contrôle, au Mali, en Libye, peut être aussi au Tchad et dans d'autres régions mal contrôlées au Sahel.
Une menace persistante
En Algérie même, le dispositif anti-acridien a été activé en juin. Un fonds de 3 milliards de dinars a été mobilisé à cet effet. Les moyens de l'armée et des services de la météo sont mis à la disposition des équipes de lutte anti-acridienne. L'Agence spatiale algérienne fournit aussi des images satellites, et la FAO contribue à cet effort.
Un vaste dispositif a été ainsi en place au fil des ans, mais l'instabilité politique l'a ébranlé. Pour l'heure, la situation demeure calme, mais une vraie menace pèse encore, car personne ne sait comment a évolué la situation au Mali.
De plus, une période de répit ne signifie pas que le danger est écarté. Ni qu'un quelconque pays est épargné. Le Maroc et la Tunisie ne sont pas à l'abri. Il suffit d'un nouveau contexte météorologique, avec des vents favorables et une température clémente, pour que les nuages de criquets envahissent des régions entières dans ces pays.
Pour l'heure, le dispositif de veille est maintenu. Toutes les sources d'information sont utilisées : images satellites, photos aériennes, informations récoltées auprès des nomades et des voyageurs, enquêtes auprès de réfugiés maliens ayant fui le pays, etc. Mais à l'heure où le Mali est coupé en deux et où des bruits de bottes se font entendre, il est difficile de convaincre différents partenaires que la lutte contre les criquets revêt une quelconque priorité.
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