L'insoutenable quotidien des confinés de la JSK

Habitués à la liberté et surtout aux entraînements réguliers, les joueurs de la JSK ont visiblement bien du mal à vivre et à supporter ce confinement de dix jours qui leur a été imposé depuis leur retour d'Afrique australe.Parqués au deuxième étage de l'hôtel Les Sables d'or de Zéralda, les joueurs et les dirigeants du club kabyle tentent de meubler tant bien que mal des journées quasi-interminables car ils ne font que tourner comme des lions en cage pour tuer le temps et lutter contre cette terrible monotonie que rien ne vient rompre. Certes, le personnel de l'hôtel Les Sables d'or est aux petits soins avec les Canaris, surtout que certains agents de service, fidèles supporters de la JSK, profitent de cette circonstance pour faire la connaissance de leurs joueurs préférés et multiplier les photos et les selfies dans une ambiance bon enfant. Mieux encore, les quelques appréhensions, somme toutes légitimes, constatées chez les travailleurs de l'hôtel, lundi soir, à l'arrivée de la délégation de la JSK en provenance de l'Afrique australe, se sont estompées au fil des jours car il faut bien dire que les joueurs kabyles tout comme leurs accompagnateurs ne présentent aucun signe clinique inquiétant.
Une bonne ambiance à l'hôtel mais la patience a des limites...
Pour preuve, les éclats de rire et les boutades qui fusent des "chambres du 2e" prouvent bien que le moral est au beau fixe et ce, en dépit de cet "internat de mauvais goût". "C'est vrai que ce n'est pas facile de vivre enfermé et surtout coupé du reste du monde durant toute la journée mais que voulez-vous faire sinon positiver et passer son temps entre l'internet, le téléphone avec les amis et la famille tout en longeant régulièrement les couloirs pour se dégourdir les jambes", nous confie le jeune défenseur Ahmed Kerroum qui semble avoir déjà oublié sa dernière expulsion en championnat contre le RC Arba comme le prouve aisément sa bonne prestation, dimanche dernier, contre la formation des Royal Leopards d'Eswatini où il a été crédité d'un bon match sur le plan défensif tout en se permettant, comme à ses habitudes, de belles montées offensives qui lui ont permis d'inquiéter le gardien de but international Ayenda Dlamini à deux reprises. Même son de cloche chez Fouad Ghanem, considéré comme le meilleur joueur de la JSK contre les Royal Leopards, lui qui reste zen et prend la vie du bon côté. "Sincèrement, je ne me plains pas trop de cette situation car nous arrivons tout de même à gérer au mieux nos journées surtout que la connexion internet est appréciable à l'hôtel ce qui nous permet de nous évader quelque peu grâce à la Toile et aux réseaux sociaux alors que, depuis hier, nous sommes quelque peu gâtés sur le plan footballistique avec le début de la Coupe arabe des nations même s'il faut admettre que nous avons des fourmillements dans les jambes du fait que le manque d'entraînement pèse au quotidien", nous dira l'enfant de Timezrit qui excelle balle au pied sur les terrains mais se débrouille pas mal aussi au jeu de dominos, ce loisir qui est largement partagé par ses coéquipiers.
Les Canaris ont vibré pour l'Algérie en balade au Qatar
Cela dit, hier, il y avait l'ambiance des grands jours à l'intérieur des chambres où les joueurs s'étaient retrouvés par petits groupes pour suivre en direct à la TV le match Algérie-Soudan où les protégés de Madjid Bougherra ont frappé très fort pour leur entrée en lice au fameux rendez-vous qatari. Il faut dire que, dès le début du confinement, les joueurs et accompagnateurs étaient confinés dans des chambres individuelles mais, au fil des jours, l'isolement n'est plus de rigueur chez les joueurs qui se regroupent régulièrement par affinités pour papoter ou partager des jeux à longueur de journée. Signalons tout de même que la TV et l'internet constituent leurs attractions principales. Et si les camarades de Rida Bensayah profitent de ces jours de repos forcé, il n'en demeure pas moins que le staff technique et médical est dans l'expectative car cette inactivité est redoutée comme la peste. "Cette situation d'inertie et d'isolement ne peut pas durer éternellement car les joueurs doivent reprendre le chemin de l'entraînement pour garder un certain acquis sur le plan physique car, dans le cas contraire, bonjour les dégâts et il faudra reprendre la préparation générale à zéro", estime l'entraîneur en chef Ammar Souayah qui, durant ces deux derniers jours, a conçu des exercices individuels de remise en forme dans les chambres.
La bonne nouvelle : les derniers PCR sont encore négatifs !
Il est vrai que les joueurs ne sont même pas autorisés à franchir la réception de l'hôtel pour se dégourdir les jambes sur des terrains de fortune jouxtant les nombreux bungalows de ce complexe touristique qui est pratiquement vide en cette période hivernale. "Un tel calvaire ne peut pas durer et nous sommes en contact permanent avec les autorités de la wilaya de Tizi Ouzou pour tenter de nous sortir de ce marasme et chaque jour a son lot d'espoirs surtout que nous avons demandé à être transférés au CTN de Sidi-Moussa ou tout au moins utiliser le stade de Zéralda pour nous entraîner surtout que, pour le moment nous manquons de rien du point de vue logistique", dira le chef de délégation Rachid Azouaou qui a souvent l'oreille collée au téléphone avec le président du club Yacine Iarichen, le SG Nadir Bouzenad ou encore le DG Tahar Chalal, en quête de nouvelles. Finalement, une très bonne nouvelle est tombée hier en fin d'après-midi car les PCR effectués la veille à l'hôtel de Zéralda et transmis à l'Institut Pasteur sont tous négatifs. "Nous attendons les résultats des derniers PCR avec impatience et Dieu merci les 47 tests PCF des joueurs, des dirigeants, des journalistes et des membres de l'équipage d'Air Algérie sont tous négatifs et nous espérons que cette nouvelle donne plaidera pour un allègement de notre confinement et permettra ainsi à nos joueurs de reprendre rapidement le chemin de l'entrainement", nous confie le médecin du club, Mohamed Athmani qui, durant toute la journée d'hier, ne cessait de scruter l'horizon pour guetter le moindre signe du personnel médical chargé des opérations de dépistage anti-Covid.
Et si l'équipe de la JSK s'est farcie, hier encore, une troisième nuit de confinement à Zéralda, il est à craindre que l'isolement et l'oisiveté prennent progressivement le pas sur l'optimisme ambiant qui règne au sein des troupes kabyles car il faut bien admettre que la patience a des limites et que la JSK aspire désormais à une ... "liberté provisoire" pour retrouver la joie des stades.

Mohamed HAOUCHINE