Algérie

L'insoutenable légèreté de la fatuité



Superflue, inutile, oiseuse, les synonymes ne manquent pas pour qualifier l'objet de l'intervention d'une parlementaire, interpellant le ministre de la Culture sur un éventuel déplacement de la statue de Aïn El-Fouara dans un musée. La réponse de Mihoubi a été inspirée, suggérant plutôt de trouver une place au musée à ceux-là mêmes qui revendiquent ce genre de chose. Son intervention aurait été plus saillante si la culture, en Algérie, n'était pas confinée à ce statut d'assistanat public, bonne à réanimer aux rendez-vous symboliques de l'Etat. Si question culture, on n'est ni l'Afghanistan encore moins l'Arabie Saoudite, on est pourtant loin des standards internationaux. Un peu plus loin que veulent nous le faire croire, ceux qui de droit, coincés entre une volonté farouche de domestiquer toute action culturelle contestataire et des festivals « grand public » aussi fades que le speech d'un député de ce qu'ils appellent eux la majorité présidentielle. Comme si El Mouradia avait besoin de ces partis fantoches satellitaires pour exister. La culture subventionnée est devenue ce canal de propagande où des navets sur la Révolution et certaines figures choisies font office d'?uvres cinématographiques. Alors que le pays traverse une crise économique d'une extrême gravité, et ce n'est pas divulguer un secret d'Etat, les députés, grassement payés de nos poches à ne rien faire, excellent dans cette posture de rentiers pour qui la vie est suffisamment magnanime pour demander des comptes à leurs bienfaiteurs. C'est travestir la réalité et prendre les Algériens pour plus bêtes qu'ils ne le sont déjà que d'évoquer un tel sujet alors que l'électrocardiogramme national flirte avec le plat. Quelles que soient son obédience politique ou ses convictions religieuses, interpeller le gouvernement sur la nudité d'une statue, vieille de 120 ans, a ce quelque chose de pathétique et d'irréaliste dans un pays où la nudité de la misère ne choque personne. Dans un pays où la justice sociale est aussi rare qu'une goutte d'eau dans le désert, où la démocratie est une simple vue de l'esprit et la corruption un sport national. Serait-ce trop demander à ces nouveaux riches de ne plus parler au nom de nos cadavres en sursis, vu que personne n'a voté pour eux, et que s'ils continuent à déblatérer pour s'entendre débiter des énormités du genre, ils feraient mieux de se taire à jamais.L'essentiel étant ailleurs, surtout pas dans cet hémicycle, il serait plus salutaire de suivre l'exemple du président sénégalais Macky Sall qui a décidé de supprimer le Sénat et d'économiser 12 millions d'euros par an pour réaliser, entre autres, la plus grande centrale solaire d'Afrique de l'Ouest. Et si l'Algérie supprimait ses deux chambres de représentants qui ne représentent que leurs intérêts. Chiche que s'il y a référendum sur cette question, 99,99% d'Algériens voteront oui et, cette fois, sans effets spéciaux.


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