Algérie

L'insertion professionnelle à l'épreuve des contraintes sociales et professionnelles


Photo : S. Zoheir
De notre correspondant à Oran
Mohamed Ouanezar

Le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle DAIP est au centre de toutes les convoitises et de toutes les anomalies dans la wilaya d'Oran. Les agents de la direction de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM)ne savent plus où donner de la tête, tant il est vrai que la situation n'est pas très claire. Aujourd'hui, le dispositif d'insertion professionnelle semble être au bord de l'asphyxie et du débordement, tant du côté de la gestion informatisée, que de celui de la maîtrise sur le terrain.Pourtant, le DAIP et l'agence qui le chapeaute ANEM sont aux devants de la scène depuis plus d'une année à Oran. A ce titre, il est important de rappeler que l'ANEM, appuyée par la direction de l'emploi a réussi un coup de maitre en employant une armée de jeunes chômeurs. Durant l'année 2011, le dispositif du DAIP qui reste le programme le plus en vogue, a vu le recrutement de plus de 21.000 jeunes chômeurs issus de tous les horizons et aptitudes. Soit une hausse de 80% par rapport à l'exercice 2010 où le seuil des 6.000 recrutements n'avait pas été franchi. Dans ses formules adaptées, le DAIP comprend trois sortes de dispositifs : le contrat d'insertion professionnelle CIP, le contrat formation insertion CFI qui s'adresse aux jeunes diplômés et le CTA contrat de travail aidé, nouveau-né de cette batterie de dispositifs d'emploi et d'insertion professionnelle, qui s'adresse aux jeunes de 16-20 ans sans compétences et sans ressources. Le CTA est destiné aux entreprises économiques qui sont tenues de s'acquitter du tiers du SNMG, en plus des 12.000 DA mensuels octroyés par l'ANEM. Ce qui porte le salaire mensuel à 18.000 DA. Une aubaine pour une majorité de jeunes en quête d'emploi et de stabilité. Mais le placement de ces jeunes fait face à des anomalies.

Anarchie dans les communes et besoin d'assainissement
A la demande du wali d'Oran, soucieux de répondre à une demande juvénile sans cesse croissante, une première opération d'assainissement des fichiers a été entamée, mettant à jour des dysfonctionnements graves, des insuffisances et des dépassements intolérables dans la gestion de ces fichiers par les communes et les secteurs urbains. Campagne électorale oblige, certains présidents d'assemblées locales APC ont pris à leurs comptes le recrutement d'un nombre impressionnant de jeunes, qu'ils ont incorporés dans leurs administrations respectives. Le nombre de jeunes recrutés dans ce cadre est impressionnant. Les présidents des APC ayant recouru au recrutement des leurs, en prévision des prochaines locales et pourquoi pas même les législatives. Une pléthore injustifiable aux yeux des responsables du secteur de l'emploi, qui voient dans cette manière de procéder une arme à double tranchant. Les premières constations font relever des anomalies inimaginables, notamment des recrutements fictifs qui ne répondent à aucune norme. Dans certaines communes, des associations affiliées à des partis politiques sont arrivées à recruter plus d'une centaine de jeunes dans le cadre de ce dispositif. A la suite d'une enquête approfondie des services de l'ANEM, le pot-aux-roses a été dévoilé et l'association privée de ce gisement de jeunes volontaires. Dans certaines communes, les services de l'ANEM ont peiné pour trouver les postes signalés par les P/APC et les jeunes recrutés dans ce dispositif. «Il y a des jeunes qui viennent et qui nous demandent de les insérer dans ce dispositif qui consiste à les payer, tout en restant chez soi», nous explique un fonctionnaire de la direction de l'ANEM. Sur un autre registre, les agents de l'ANEM qui utilisent un logiciel de gestion des fichiers des chômeurs très adapté à la situation, éprouvent certaines difficultés avec certains demandeurs. «Il y a des diplômés qui viennent s'inscrire dans ce dispositif, sans mentionner leurs aptitudes, leurs compétences et leurs diplômes. Cela pour profiter des avantages de ce dispositif et rester dans leurs communes. Ils font dans la dissimulation. Mais après, quand ils viennent s'inscrire dans les dispositifs qui leur sont destinés, nos logiciels les détectent comme étant déjà bénéficiaires de nos dispositifs », nous confie notre interlocuteur.

Les instructions du wali face aux complications du dispositif
L'effort soutenu des agents de l'ANEM a fait échouer plus d'un plan des rentiers du système. Du côté des privés, les engagements pris par les patrons de petites affaires, ateliers et autres activités font l'objet de suivi et de contrôle de la part des agents. «Certains privés ont tendance à vouloir profiter de ces dispositifs. Alors, ils prennent un jeune pendant toute la période payée par le dispositif et une fois celle-ci achevée, il le licencie pour venir en demander un autre. Ce que nous refusons catégoriquement, en expliquant au privé qu'il doit veiller à recruter ce jeune qu'il a formé et préparé», note notre interlocuteur. A ce sujet, le wali d'Oran a déjà instruit les différentes directions sectorielles et autres organismes relevant de son autorité directe d'établir un plan de recrutement des jeunes, en mettant en relief un état des besoins exhaustifs des offres dans leurs secteurs respectifs. Ainsi, les directions de l'OPGI, Oran-vert, Naftal, les forêts, l'hydraulique, l'agriculture, etc. sont tenus de formuler des demandes de recrutement de 300 jeunes chacune. Actuellement, les directives et les informations distillées en direction des jeunes dans les différentes agences de l'ANEM orientent vers les secteurs des forêts, travaux publics, agriculture, etc. Selon les responsables du secteur de l'emploi, la majorité des recrutements dans le cadre du DAIP sont arrivés à échéance légale. Ce qui pose un véritable problème pour les responsables de la wilaya. «Nous, nous avons reçu des coups de téléphone de la part de nos responsables de la direction générale. Mais nous, ce que nous voulons, ce sont des dispositions réelles, efficientes et adaptées pour gérer ce flux extraordinaire de jeunes. Nos logiciels ne peuvent plus supporter une telle charge. Cela sans compter les fonds nécessaires qu'il va falloir allouer pour accompagner ces jeunes pendant les années à venir », nous expliquera un jeune fonctionnaire de la direction de l'ANEM.
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