Algérie

L'insémination artificielle pour sauver la filière du lait



L'insémination artificielle pour sauver la filière du lait
Pour les éleveurs, cette option constituerait un gain non négligeable puisqu'elle leur permet d'économiser un taureau, substitué par un matériel génétique. La journée nationale de vulgarisation agricole qui s'est tenue, lundi dernier, au niveau de l'institut technologique moyen agricole (ITMA) de Guelma est sortie de son carcan habituel d'exposition de productions agricoles spécifiques à la région de Guelma. Des communications destinées aux agriculteurs et éleveurs de la wilaya y ont été données. En effet, c'est en marge de l'exposition de certains producteurs locaux opérant dans l'agro-industrie, céréaliculteurs, oléiculteurs, apiculteurs, éleveurs, etc. que des communications de vulgarisation ayant pour axe thématique l'importance de l'analyse du sol en tant qu'outil indispensable pour l'utilisation des intrants (engrais), les techniques agricoles utilisées dans la production de la pomme de terre et enfin l'insémination artificielle chez la vache ont été présentées.Au c'ur des débats, cette dernière communication, donnée par le Dr Kamel Miroud, vétérinaire de formation, spécialiste en reproduction animale, coordinateur régional Est du centre national de l'insémination artificielle et de l'amélioration génétique (C.N.I.A.A.G.) suscitera un intérêt particulier chez les éleveurs de la région de Guelma. S'adressant à l'assistance dans un langage basique, le communicant mettra en exergue l'histoire de l'insémination artificielle dans le monde qui, faudrait-il le souligner, selon le Dr Kamel Miroud, est une pratique qui est apparue, pour la première fois, au XIVe siècle chez les bédouins arabes dans l'élevage équin. L'avancée de cette technique a fait, depuis, beaucoup de chemin dans le monde. En Algérie, il a fallu attendre le 5 janvier 1988, date portant création du C.N.I.A.A.G. par décret présidentiel. Son siège se trouve à Baba Ali (wilaya de Blida). « L'insémination artificielle a, sans nul doute, de grands avantages et très peu d'inconvénients », souligne l'orateur. Et d'ajouter : « Elle évite les maladies sexuellement transmissibles en observant un contrôle rigoureux au niveau des centres producteurs de semences, d'où la réduction de propagation des MST par les mâles ». Pour l'éleveur, l'option de l'insémination artificielle constituerait un gain non négligeable, puisqu'elle lui permet l'économie d'un taureau substitué par un matériel génétique sur catalogue, améliorant ainsi les critères de productivité, tel le lait et, par conséquent, le revenu de l'éleveur. Elle permettrait, nous dit-on, l'identification systématique des animaux, ainsi que leur traçabilité. Chose inexistante en Algérie, encore moins à Guelma, le langage des statistiques fait malheureusement défaut.La brucellose menaceLe taux de réussite d'une insémination artificielle pourrait atteindre 60 % chez un animal sain dans la région de Guelma. Il va en diminuant en fonction des conditions d'élevage dans lesquelles l'animal se trouve. Sur ce point, plusieurs intervenants s'accorderont à dire que les éleveurs de la région ne maitrisent pas encore les rudiments de la conduite d'élevage tant zootechnique que sanitaire. Des états cachectiques doublés de lésions podales (plantaires), tels panaris interdigité, ne sont pas rares dans les étables. L'évaluation de l'embonpoint constitue pour le praticien inséminateur un argument solide pour tenter une insémination ou l'exclure définitivement jusqu'à rétablissement de la vache. Le Dr Radouane Zenki, unique vétérinaire pratiquant l'insémination artificielle à travers la wilaya de Guelma sous-couvert du C.N.I.A.A.G., déclare : « Depuis 2004 et jusqu'à ce jour, j'ai inséminé 150 vaches de race locale, dont 21 à Medjez Safaâ (subdivision agricole de Bouchegouf). C'est un défit que je relève chaque jour, car j'ai travaillé à perte. La brucellose me fait peur. A chaque insémination, je risque la contamination ». Côté primes d'encouragement dans le cadre de l'insémination artificielle, nous saurons que l'Etat verse 5 000 DA à l'éleveur pour chaque velle viable issue d'une vache inséminé. Si cette même velle, devenue génisse, est à son tour inséminée et gestante à 18 mois, 25 000 DA sont alors versés à l'éleveur par l'Etat, soit au total 30 000 DA. D'autre part, le vétérinaire reçoit une prime de 1 500 DA pour son acte, sans oublier que la 1ère paillette (réservoir contenant des spermatozoïdes plongés dans de l'azote liquide) est gratuite. Concernant les autres tentatives, la paillette locale vaut 300 DA, celle d'importation affiche 470 DA. Quant au coût de l'acte médical hors soutient, nous n'en saurons pas plus. Nous noterons enfin, selon le directeur des services agricoles (DSA) de la wilaya de Guelma, présent lors des communications, que le programme national de soutien à l'insémination artificielle est suspendu depuis le 15 août passé. Néanmoins, il est attendu dans les jours avenir un soutient plus avantageux de l'Etat et des primes revues à la hausse. Pour ce qui est du cheptel bovin de la wilaya, toujours selon le DSA, il avoisine les 80 000 têtes à prédominance de race locale.


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