Algérie

L'inquiétude monte



L'inquiétude du corps médical, perceptible depuis quelques jours déjà, a fini par gagner le gouvernement. La situation épidémiologique connaît une rapide évolution avec une tendance à la hausse des cas de Covid-19 confirmés. Le retour à la normale voulu par les pouvoirs publics ne s'accompagne nullement du respect des gestes barrières, au contraire, c'est une totale banalisation qui s'installe.Nawal Imés - Alger (Le Soir) - La courbe des contaminations au Covid-19 remonte depuis une dizaine de jours déjà. Le bilan quotidien établi par le ministère de la Santé fait ressortir une constante augmentation du nombre de personnes testées positives au Covid-19. Un décompte qui, aux dires de l'ensemble des spécialistes, ne donne qu'une infime idée de la circulation du virus puisque seules les personnes testées au PCR sont comptabilisées. Toutes les autres qui ont recours au scanner ou qui sont asymptomatiques ne figurent pas dans le décompte.
Ce qui inquiète le corps médical depuis quelques jours déjà, c'est l'augmentation du nombre de personnes qui sollicitent les services dédiés à la prise en charge des personnes atteintes du Covid-19 et qui nécessitent une admission en raison de leur état de santé qui se dégrade.
Les services de réanimation sont à nouveau sous pression à tel point que dans les grands CHU, des chefs de services sont contraints de refuser des demandes d'admission de leurs propres confrères, faute de place. Une situation qui a forcé les pouvoirs publics à sortir de leur mutisme mais surtout à modifier leur discours. Le ton rassurant des dernières semaines laisse en effet place à de l'inquiétude exprimée jusqu'au plus haut sommet de l'exécutif. Le ministre de la Santé avait, il y a une semaine, rappelé la nécessité de respecter les mesures barrières, avant que son homologue de l'Intérieur ne fasse de même, laissant planer le risque d'un retour à des mesures contraignantes déjà prises au début de la pandémie. Le directeur de l'Institut Pasteur avait joint sa voix à celles des deux ministres avant que le Premier ministre ne réagisse également, tirant la sonnette d'alarme et sonnant la mobilisation générale.
Abdelaziz Djerad notait dimanche que «la situation dans notre pays, et après une maîtrise de la situation sanitaire et l'enregistrement de résultats forts encourageants, montre aujourd'hui des signes perceptibles de relâchement, lesquels suscitent la crainte d'une résurgence de cas de clusters et doivent inciter, non seulement à la prudence, mais surtout à une plus forte mobilisation et un engagement de tous pour freiner la propagation du coronavirus», ajoutant qu'«en cette période particulière, marquée par une reprise contrôlée et progressive de l'activité économique et une rentrée scolaire et universitaire et la reprise de la prière du vendredi dans nos mosquées, tous les efforts doivent être déployés pour maintenir un degré de vigilance maximum et préserver tous les réflexes de prévention et de protection qui ont permis, jusque-là, de nous prémunir d'une situation qui complique toute prise en charge sanitaire». Et c'est justement au niveau du respect des mesures barrières que le problème se pose.
En faisant le pari d'une sortie progressive du confinement et d'une reprise graduelle de l'activité économique, le gouvernement comptait sur une plus grande discipline des citoyens. Force est de constater que ni au niveau des commerces ni dans l'espace public, les consignes ne sont respectées. Presque tous les secteurs ont élaboré des protocoles sanitaires qui ne trouvent pas de chemin vers l'application. L'indiscipline est partout. Les fêtes de mariage pourtant officiellement interdites sont célébrées au vu et au su de tous, les rassemblements familiaux sont hors contrôle sans compter les meetings pour la campagne en faveur du référendum qui se tiennent dans des salles fermées où presque personne ne porte le masque.
Aux dires des spécialistes, le mois de novembre constituera un véritable tournant en raison de la jonction entre le coronavirus et la grippe saisonnière...
N. I.


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