Algérie

L'inquiétude gagne les opérateurs économiques



L'inquiétude gagne les opérateurs économiques
On a «peur du clash Bouteflika-Benflis» au lendemain du scrutin, s'alarme un opérateur économique.Un clash qui pourrait dégénérer en crise dont les conséquences seraient «un blocage de l'administration, une perte d'argent et de contrats et l'Algérie sera à nouveau fuie par les étrangers». Le scénario est catastrophique, certes, mais ils sont visiblement nombreux à imaginer le pire. Preuve de cette inquiétude : «Il y a énormément d'argent qui sort du pays.» «Des hommes d'affaires sont en train de vider leurs entreprises et d'acheter en Chine et en Turquie», révèle Malek Serrai, patron d'un cabinet conseil en investissement.Récemment encore, la flambée du cours de l'euro sur le marché parallèle a été imputée par certains cambistes à une forte demande pour cette devise, conjuguée à une faible offre, conséquente à une sortie massive des capitaux. Se refusant à «dramatiser», Habib Yousfi, président la Confédération générale des entrepreneurs algériens, affirme pourtant qu'il y a «une certaine inquiétude sur les perspectives économiques du pays» après le 17 avril. Elle porte sur des interrogations autour «de l'environnement économique dans lequel les opérateurs vont évoluer». «Nous nous demandons ce qu'il adviendra de la politique économique, de la croissance, de la création d'entreprises.» Le climat social est également un sujet de préoccupation, mais «l'entreprise peut participer à sa stabilité à travers l'emploi, à condition qu'il y ait une vision économique à long terme». La situation financière du pays laisse également certains acteurs économiques perplexes.AlarmismeAvec plus de 200 milliards de dollars de réserves de change, l'Algérie a laissé miroiter, ces dernières années, l'image d'un pays riche mais, semble-t-il, en apparence seulement. «L'Algérie va vivre des temps difficiles en raison de l'absence prolongée des réformes et dans un contexte de détérioration des termes d'échange (balance commerciale et balance des paiements), surtout s'il n'y a pas de changement» de système, avertit un banquier d'affaires algérien. Le creusement du déficit budgétaire, le gonflement de la facture d'importation, la fonte des ressources du Fonds de régulation des recettes sont autant de facteurs alarmants, mais cette inquiétude n'est pas forcément consécutive à l'élection. «Elle trouve ses origines dans les crises (économique, politique et sociale) que traverse l'Algérie depuis plusieurs années et que l'aisance financière a essayé de masquer», explique ce conseiller en finance.«Les difficultés vont s'aggraver avec la détérioration des comptes de l'Etat, ce qui aura pour conséquences la baisse des réserves de change et la perte de valeur du dinar officiel et officieux.» Du côté des investisseurs étrangers, on est plus dans l'expectative. Selon Malek Serrai, «il y a une inquiétude sur une détérioration de la situation politique», mais pas seulement. «Des investisseurs que j'ai récemment reçus s'interrogent sur la future politique du gaz et du pétrole et l'avenir de la loi 51/49», précise-t-il. Entre l'alarmisme des uns et les attentes des autres, certains acteurs économiques espèrent que «l'instance qui dirige réellement le pays, ayant pris conscience de l'urgence du changement, l'imposera d'une manière ou d'une autre». Car, précise-t-on, «quel que soit le vainqueur de cette élection, il aura la lourde responsabilité d'engager les réformes nécessaires pour nous éviter de vivre la situation qui a amené le pays aux événements d'Octobre 1988».




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