Algérie

L'inquiétude des monarchies du Golfe



C’est ce qu’ont relevé à ce sujet  des analystes cités hier par l’AFP. «Le retrait américain d’Irak crée sans doute un vide», a observé Abdel Aziz Saqr, qui dirige le centre de recherches du Golfe. «Les Américains avaient une présence rassurante pour leurs alliés du Golfe avec lesquels ils sont liés par des accords de sécurité», explique cet analyste saoudien. Cette présence «assurait une stabilité au vu des capacités de l’armée américaine», a-t-il dit, en affirmant craindre, avec le départ des Américains, «un renforcement des activités militaires et d’espionnage de l’Iran en Irak». Selon le même observateur, l’Iran ne sera pas «une menace directe pour l’Irak» mais pourrait utiliser ce pays comme une base pour menacer les pays du Golfe, d’autant plus que Téhéran est en train de «perdre son allié syrien», le régime de Damas étant menacé par une contestation sans précédent. La proximité idéologique entre le gouvernement irakien, dominé par les chiites, et l’Iran favorise les liens entre les deux parties qui se retrouvent, par exemple, sur la même ligne lorsqu’il s’agit de défendre le régime syrien.
Le Premier ministre irakien, Nouri Al Maliki, a d’ailleurs manifesté, lundi, son désaccord avec le président américain, Barack Obama, vis-à-vis de la situation en Syrie, affirmant qu’il ne se sent pas le droit de réclamer le départ du président Bachar Al Assad comme le fait Washington. «Politiquement, le départ des Américains poussera l’Irak à se rapprocher de l’Iran surtout que l’Arabie saoudite et la Turquie n’ont aucune influence sur ce pays», a-t-il prévu. La tension entre l’Iran et les pays arabes du Golfe est palpable depuis l’entrée à Bahreïn d’une force régionale pour soutenir la monarchie sunnite de ce pays, afin de contenir la contestation menée par des chiites, majoritaires dans le petit archipel. L’armée américaine doit achever, avant fin 2011, son retrait d’Irak ne laissant sur place que 157 militaires et 763 contractuels civils qui formeront les forces irakiennes, sous l’égide de l’ambassade américaine à Baghdad. Incertitudes De l’avis  du général Robert Caslen, commandant du bureau en charge de la coopération pour la sécurité en Irak (OSCI), les forces irakiennes ne semblent pas totalement prêtes à prendre la relève. «Les forces de sécurité irakiennes ont acquis, ces huit dernières années, la capacité à gérer les menaces intérieures», cependant, «elles n’ont pas encore acquis l’aptitude de contrer les menaces externes», a-t-il expliqué. Le chef d’état-major irakien, Babaker Zebari, a estimé à son tour que le pays restera «incapable d’exécuter la totalité de ses missions de défense externe avant une date estimée entre 2020 et 2024», selon un rapport américain. Sami Al Faraj, spécialiste de l’Iran et directeur du centre d’études stratégiques du Koweït, a minimisé les capacités militaires de l’Iran devant la sophistication de l’armement occidental des pays arabes du Golfe sans exclure, en cas de tension, des actes de nuisance : «L’Iran peut par exemple déployer des vedettes dans les passages maritimes ce qui ferait flamber les assurances sur les cargaisons de pétrole», a-t-il dit. Ce pays peut aussi se livrer, selon lui, à des actes de sabotage mais pas à de véritables opérations militaires. Pour un autre analyste koweïtien, Sami Al Nisf, «le retrait américain intervient dans des circonstances difficiles (...) alors qu’un conflit confessionnel et ethnique risque d’éclater en Syrie, ce qui aurait des répercussions en Irak». Et de poursuivre : «Les Américains auraient pu rester, comme ils l’avaient fait en Allemagne et au Japon, pour empêcher que l’Irak ne tombe dans le giron iranien et devienne un satellite de Téhéran (...). Et c’est, à notre regret, ce qui est en train de se
produire.» 


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