Algérie

L'inquiétude de la population


L'inquiétude de la population
Des membres d'un comité de quartier de la ville de Tigzirt nous ont saisis pour nous faire part d'un cauchemar qu'ils endurent au quotidien. Et pour cause, un glissement de terrain, au départ naturel, s'est soudainement aggravé ces dernières années, sous l'effet de l'urbanisation effrénée. Allant de fissures béantes, sans cesse colmatées, aux inclinaisons des habitations, la zone-est de la ville de Tigzirt continue son inexorable affaissement vers la mer. La bâtisse de l'ancien parc communal et autre hangar donnent une triste image des lieux. « A quelle porte devrait-on taper encore pour nous faire entendre ' », lâcheront, les protagonistes, à bout de nerfs. Exhibant une panoplie de requêtes, depuis 1999, de PV de constat, le tout accompagné d'un album photos, compilé dans un CD, nos interlocuteurs désabusés, disent sans mâcher les mots qu'ils ont été plutôt « bernés » par l'Etat. Ils se disent arnaqués car il y a eu en quelque sorte « tromperie sur la marchandise » en achetant ces biens immobiliers. De plus, des permis de construire en R+4 sont délivrés, sachant pertinemment que le sol est instable. Des années plus tard, ils payent de la pire des manières ces acquisitions. Pour rappel, ce glissement qui s'étend sur 160 hectares, commence par ce qu'on appelle communément l'Arrêt d'Iflissen, et va jusqu'au oued Feraoun. Au temps des Français, cette zone a été classée « non constructible » d'où la plantation d'eucalyptus pour ses vertus d'assainissement des marécages. Faisant fi des études françaises, des îlots de bungalows (12 et 18) ont été érigés durant les années 1970.Le phénomène circonscrit à quelques endroits, « envoyait » dès lors ses premiers signes. Le séisme de 2003 l'a davantage compliqué. Le réseau d'assainissement complètement détérioré a favorisé les infiltrations et la création de mares. L'affaissement de la route par endroits a formé une sorte de siphon. M. Belamiri, président du comité, nous éclairera sur l'ampleur de cet affaissement par cet exemple édifiant : le toit des véhicules disparaît carrément de la vue à partir des Aguentil. Les eaux usées ne circulent plus normalement. Des odeurs nauséabondes montent le long du caniveau qui va jusqu'à l'arrêt. Le raccordement du quartier au gaz de ville en serait d'ailleurs compromis. Les contestataires ont l'impression qu'ils sont considérés comme des laissés-pour-compte. Pour eux, leur exclusion du programme des aménagements et améliorations urbains (mis à part le bétonnage de la piste des 12 bungalows) en est la meilleure preuve. « N'oubliez pas que c'est le seul accès vers la Grande Plage, côté est », préciseront-ils. Ces citoyens disent que des eaux usées y sont déversées depuis des années, encourant aux baigneurs des dangers latents.Du côté des autorités, toute autorité confondue, ces plaignants assurent qu'une sorte de leitmotiv leur est brandi à chaque rencontre : « Il y a un BET (bureau d'études) franco-algérien qui est retenu pour tous les glissements de la wilaya. » Dont celui d'Iknache, à Iflissen. « A moins de nous prendre à l'usure, nous sommes une force de propositions. Et elles sont multiples. Les études hydrogéologiques sont les bienvenues », préconisent-ils. Et d'enchaîner « mais il faut faire vite ! » Aux dernières nouvelles, « la convention n'est même pas encore signée à la DUC », précisera un membre. Il fallait comprendre que sans les résultats de ce BET, aucune solution n'est envisagée. Ce que les plaignants ne partagent pas. Au contraire, ils estiment être lésés depuis 1995. Et pourtant, des travaux de bétonnage de pistes et autres aménagements sont entrepris au sein même du périmètre du glissement !Devant cet état d'impuissance, cette phrase-aveu du président de quartier en dit long « le risque de tout perdre, du jour au lendemain, comme à Aïn El Hamam est dans l'esprit des 300 à 350 résidents de cette zone. L'Etat est riche. Visionnez le CD, et vous verrez' », éloquent.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)